France-empire
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Est-il un destin plus extraordinaire que celui de Guillaume le Conquérant ? Bâtard de naissance, il devient le duc de Normandie à huit ans et roi d'Angleterre à trente-neuf ! Né à Falaise en 1027, descendant des redoutables Vikings, il reçoit la couronne ducale de Normandie en 1035, après la mort en Terre Sainte de son père, Robert le Magnifique.
Mais les barons se rebellent contre leur jeune duc qui parvient à leur échapper après une chevauchée fantastique, avant de les écraser à la bataille de Val-ès-Dunes en 1047. Quatre ans plus tard, Guillaume de Normandie épouse Mathilde de Flandre : ensemble, ils décident la construction de l'Abbaye-aux-Hommes et de l'Abbaye-aux-Dames de Caen, ville où est installé le nouveau pouvoir. Tout en édifiant un état féodal fort en Normandie, Guillaume revendique le trône d'Angleterre.
La fantastique expédition navale qui se termine par la victoire d'Hastings, en octobre 1066, n'est à ses yeux qu'une légitime régularisation. Elle fait d'un bâtard un roi d'Angleterre couronné à Londres. Appliquant de rigoureux principes d'administration, Guillaume impose la hiérarchisation normande en Angleterre, réalise un inventaire révolutionnaire des domaines fonciers - le Domesday Book -, et normalise ses relations avec le Saint-Siège : la monarchie anglo-normande est alors l'Etat le mieux organisé de l'Europe de l'Ouest.
Mais pendant que ses fils réclament l'accès au pouvoir, Guillaume répond aux attaques du roi de France et dévaste le Véxin : il est mortellement blessé lors du sac de Mantes et meurt à Rouen, avant d'être inhumé en l'Abbaye-aux-Hommes de Caen, en 1087. Guillaume fut un homme dur, voire brutal - mais il a beaucoup souffert du surnom de Bâtard -, également réfléchi, obstiné, capable d'une solide affection envers ses rares amis et envers son épouse : au total, un homme d'exception, justifiant pleinement son nom - créé assez tard - de Guillaume le Conquérant.
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Maurice Ulrich ; témoin et acteur de l'histoire de 19454 à 2007
Simone Ulrich
- France-empire
- Diffusion
- 20 Août 2015
- 9782704813254
Après avoir partagé pendant près de soixante-dix ans la vie de Maurice Ulrich, son épouse évoque avec émotion son cheminement et sa victoire exemplaire sur un destin incertain. Elle retrace les riches étapes de sa carrière, l'éclairant et l'étayant par des témoignages amicaux et des notes de travail longtemps conservées.
Dès sa sortie de l'Ecole Nationale de la France d'Outre-Mer, Maurice Ulrich commence sa carrière comme conseiller économique auprès du gouvernement du roi Sihanouk du Cambodge, et est distingué par Pierre Mendès France lors des conférences de Pau et de Genève. Intégré au corps des Affaires étrangères, il rejoint l'équipe des bâtisseurs de l'Europe, à Paris et à Bruxelles, auprès de Maurice Couve de Murville et devient un des experts en la matière. Il sera directeur de cabinet dans les ministères de l'Education nationale puis de l'Equipement d'Olivier Guichard, et, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, auprès des ministres successifs des Affaires étrangères, Jean Sauvagnargues et Louis de Guiringaud.
Devenu Président d'Antenne 2 pour conforter l'organisation de cette chaîne lancée avec talent par Marcel Jullian, il est aussi, pendant plusieurs années, président du Siècle, ce prestigieux club de l'élite française. Après le Quai d'Orsay, il entre au Conseil d'Etat. De conviction gaulliste, c'est le maire de Paris, Jacques Chirac, qui a préfacé ce livre, qui lui demande de le rejoindre à l'Hôtel de ville comme directeur de l'information et de la communication, fonction qu'il cumulera avec celle de sénateur RPR lorsqu'il est élu en 1993. Cette époque marquera le début d'une longue collaboration et d'une profonde amitié liée avec Jacques Chirac, dans un parcours aventureux, passant par une cohabitation avec François Miterrand dans l'épisode « Matignon », et se terminant par douze années à l'Elysée, à la présidence de la République comme conseiller auprès du Président.
Chaque chapitre décrivant le déroulement de cette grande carrière est accompagné d'une série de notes écrites, avec les annotations portées par leurs destinataires, notamment celles de Jacques Chirac. Ces notes apportent un témoignage exceptionnel inédit et historique à ces cinquante dernières années qui ont fait la France.
Simone, qui l'a accompagné depuis leur rencontre à l'université de Bordeaux, illustre ce long parcours par des photographies témoins, mêlant la construction paisible de leur cellule familiale à celle d'un nouvel ordre européen et mondial.
Contient 2 cahiers-photos.
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La victoire ; dans les mémoires d'Henry Bordeaux
Dominique Decherf
- France-empire
- 15 Novembre 2018
- 9782704814190
" Qui n'a pas vu le défilé de la Victoire sur les Champs-Elysées le 14 juillet 1919 n'a rien vu. Il restera dans toutes les têtes pendant au moins un demi-siècle, à peine entamé par « l'étrange défaite » (Marc Bloch) de 1940. Sa mémoire s'était transmise de père en fils et petit-fils.
Après les commémorations de 1914, le centenaire de la Victoire du 11 novembre 1918 ne doit pas laisser indifférent. L'armistice dans son libellé même ferait oublier que la France a été victorieuse. Elle a gagné la guerre ! Cela ne peut lui être enlevé, ni par la faillite de l'entre-deux-guerres, ni par Vichy, ni par le déclinisme des dernières années. Or, dans le monde d'aujourd'hui, retrouver un esprit de vainqueur n'est pas chose évidente.
Placé à un poste privilégié, chargé, au plus près du front, de l'histoire de la guerre au jour le jour, le romancier à succès qu'était déjà Henry Bordeaux a connu la Victoire, ses enchantements et ses déceptions. Les textes extraits de ses mémoires, entre 1914 et 1940, choisis et commentés par Dominique Decherf, nous permettent avec le recul nécessaire de rentrer dans la mentalité des vainqueurs de 1918.
La Victoire, sous la plume de cet écrivain des petits faits de la vie, homme de foi, catholique impénitent, amoureux de ses créatures, optimiste par nature, souvent humoriste, fut belle et longtemps magnifique. Tout cela n'aurait jamais dû mal se terminer. "
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Jean Lacouture ; le tour du monde en 80 ans
Stéphanie Le Bail
- France-empire
- 20 Septembre 2012
- 9782704811496
Au travers ces entretiens avec Stéphanie Le Bail, Jean Lacouture revient sur son parcours, exposant ses modèles, révélant les secrets du métier de journaliste, posant la question de l'engagement politique : l'intégrité, la responsabilité, la fidélité... Nourri de la formidable intelligence des choses que procure le recul du temps, ce livre est finalement un éclairage nous permettant de mieux comprendre l'époque que nous vivons, et de répondre aussi, ce que fait fort bien Jean Lacouture, aux questions qui nous hantent. Venant en marge d'une biographie qui lui est consacré, ce livre vient à un moment important pour la France.
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A Sainte-Hélène, Napoléon a dicté des souvenirs à ses compagnons d'infortune. Leurs récits, précieux, sont frappés d'une double tare : le besoin de construire une légende et celui, inlassable de faire de la propagande. Après avoir établi la version officielle de sa vie, le souverain déchu, pour lui, a éprouvé le besoin d'écrire la vérité : les Mémoires de Napoléon sont une espèce d'Anti-mémorial de Sainte-Hélène.
L'exilé s'y livre sans détour. Le fil de sa vie lui sert de prétexte à des mises en perspectives originales, à des confidences émouvantes et à une admirable collection de commentaires, notamment sur les hommes, le gouvernement, le rôle du prince, sur son temps ou sur la France. Napoléon, en faisant parvenir son manuscrit à un homme de confiance, lui avait prescrit d'attendre "six ou sept générations pour le livrer à la pâture du public".
C'est donc nous, gens de la fin du XXe siècle, qui avons le privilège, et la joie, d'en être les premiers lecteurs. Il y a dans ce récit, prévient l'auteur, "davantage de vérité que d'exactitudes". Il y a surtout une lucidité et une modernité tellement troublantes, une fraîcheur tellement intacte qu'on pourrait croire le livre écrit aujourd'hui. Il y a surtout une élévation qui, au delà de leur dimension romanesque, pourrait bien faire de ces Mémoires, comme avant eux La Guerre des Gaules, un classique du millénaire qui va commencer.
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Lorsque le 16 juin 1944, Henriette-Marie de Bourbon, femme du roi d'Angleterre Charles Ier, donna le jour à son dernier enfant, une fille, ce ne fut point à Londres dans le palais de souverains, parmi les acclamations et les cris de joie, mais à Exeter, dans une un gîte de hasard, au milieu des alarmes, sous la menace des attaques ennemies. Très vite, la mère revient avec sa fille en France car c'est la révolte et Charles Ier sera guillotiné par Cromwell.
C'est ensuite la Fronde et Henriette d'Angleterre ère avec sa mère, menacée par la populace, partageant le sort de sa belle-soeur, Anne d'Autriche et de son neveu Louis XIV. Tout revient dans l'ordre lorsque son frère, Charles II, remonte sur le trône. Elle tourne la tête de toutes gloires de la cour de France finissant par épouser Philippe, le frère de Louis XIV mais celui-ci à d'autres penchants et préfère la compagnie des ses mignons.
Lancée dans une cour voluptueuse et brutale où tous s'entredéchirent pour satisfaire leurs intérêts, leurs plaisirs et leurs vices, Henriette continue à séduire, peut être même le roi. Elle enchaîne les coeurs et vit d'étourdissants romans. Mais la jalousie et la haine tissent autour d'elle leurs pièges. Elle meurt, probablement empoisonnée, et autour du lit où elle agonise, la fête continue. Bossuet prononce alors la célèbre oraison funèbre : "Madame se meurt, Madame est morte".
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Après une vaine tentative de reconquérir le pouvoir par les armes, Charles s'est vu "offrir" le trône par le général Monck, après la mort de Cromwell en 1658 et il rentre à Londres en souverain le jour de son 30e anniversaire. Mais la situation est difficile pour un Stuart d'Ecosse, famille traditionnellement catholique, et pour un cousin du roi de France, pays ennemi de longue date, d'autant que Louis XIV veut être le maître de l'Europe.
Charles II va se comporter en digne petit-fils du Béarnais, tant par son goût des femmes que du secret. S'il semble se laisser mener par ses maîtresses et ses passions frivoles, ce qui lui vaudra le surnom de Merry Monarch, il n'en perd pas moins de vue l'intérêt de son royaume, ou de ce qu'il croit tel. Tour à tour respectueux du Parlement, tour à tour cassant et brutal, il parvient à maintenir coûte que coûte le statut de la monarchie, face à ses adversaires intérieurs et extérieurs.
En apparence "vendu" aux Français, dont Louise de Keroual, sa maîtresse bretonne aurait été l'agent, il cède en apparence aux volontés de Louis XIV, mais, pendant que ce dernier s'acharne à combattre l'Europe entière sur terre, Charles II développe la marine et les colonies, ce qui permettra à l'Angleterre d'asseoir son empire au-delà des mers, ce qui fera sa richesse dans les siècles suivants. Ainsi, ce souverain, souvent moqué et brocardé, mérite qu'on dépasse cette simple image, largement confortée par la Révolution orangiste de 1688 qui a chassé les Stuart du trône.
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Fidèle à sa technique personnelle et très vivante du « reportage vécu » dans le passé, Hervé Le Boterf, l'auteur de ces grands succès que furent La Bretagne dans la Guerre et La Vie parisienne sous l'Occupation, fait ressurgir dans Anne de Bretagne, parmi le flamboiement des passions politiques et militaires, la fresque d'une aventure exceptionnelle dont Anne fut l'héroïne.
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Potemkine a dépassé tous les hommes de son époque. Non seulement par sa taille impressionnante mais par la dimension d'un courage et d'une puissance sentimentale sans rien de comparable. Homme d'État, ministre, diplomate, soldat, bâtisseur, metteur en scène, colonisateur, cet amant de Catherine fut aussi son époux secret. Elle lui octroya en effet l'honneur unique d'une union consolidée par une authentique cérémonie religieuse.
Guidé par la voix des anges qui, tout enfant, l'appelait dans ce Tchitchovo, il ne se départit jamais de son ardeur pour l'orthodoxie russe. Extravagant dans ses moeurs, ses goûts de luxe mais aussi d'ascétisme, il est un symbole vivant de son époque avec ses vices et ses vertus.
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Les Mémoires de d'Artagnan sont dus à un écrivain d'une verdeur souvent truculente, Gatien Courtilz de Sandras (1644-1712).
Ils parurent en 1700. On peint dire que Courtilz a exprimé assez véridiquement l'histoire de son héros et, lorsqu'il invente, ce n'est jamais très loin de la vérité. D'Artagnan naquit en 1623, en Gascogne. Il avait donc cinq ans lorsqu'Alexandre Dumas lui fait accomplir beaucoup de ses prouesses, ce qui est évidemment faux, en compagnie d'Athos, Porthos et Aramis. Mais ces trois mousquetaires ont existé, tous à peu près du même âge que d'Artagnan.
D'Artagnan, contrairement à ce qu'a écrit Alexandre Dumas, n'a jamais servi Louis XIII et n'a jamais participé à l'épisode des ferrets de la reine ; il est plutôt le contemporain de Louis XIV et de Mazarin. En revanche, cet épisode est bel et bien vérifié même si d'Artagnan n'y fut pas associé. Il a été attesté par les mémoires de La Rochefoucauld, le célèbre mémorialiste. C'est donc à un mélange qu'a procédé Alexandre Dumas en empruntant dans son célèbre livre, Les Trois Mousquetaires, des éléments inventés ou d'autres puisés dans les célèbres Mémoires ici réédités.
Ils sont aussi un peu l'histoire de l'auteur, lui-même un grand guerrier à l'époque de Louis XIV. Les trois tomes qu'il a écrits ont été condensés en un seul, ce qui rend leur lecture particulièrement agréable, aussi attrayante que celle d'Alexandre Dumas.
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Henriette-Marie, dont nous réimprimons le livre publié en 1877 par le comte de Baillon est la fille de Henri IV et l'épouse de Charles Ier d'Angleterre. Elle naquit au Louvre le 25 novembre 1609, soit un an avant l'assassinat de son père. Elle était la sixième enfant et la troisième fille d'Henri IV et de Marie de Médicis. Elle épouse sur la volonté de son frère Louis XIII, en 1626, Charles Ier d'Angleterre qui était le petit fils de Marie Stuart.
Ce fut Buckingham qui vint chercher la jeune reine à Paris pour la présenter à son mari le roi d'Angleterre qui n'avait pas pu se déplacer. C'est au cours de cette cérémonie qui eut lieu au Louvre que se tissèrent les liens mystérieux entre le duc de Buckingham et Anne d'Autriche, raconté à sa façon par Alexandre Dumas dans Les trois mousquetaires. La première partie de la vie d'Henriette-Marie, dont le portrait se trouve à l'ambassade d'Angleterre à Paris, fut assez mouvementée, jusqu'au moment où elle fut obligée de fuir l'Angleterre à cause des rivalités entre son mari et Cromwell qui finira par le faire exécuter.
Henriette-Marie, qui a donné son nom à un état des États-Unis, le maryland, sera obligée de quitter l'Angleterre avec ses deux enfants dont l'un Charles, deviendra Charles II, pour échapper aux poursuites de Cromwell. C'est auprès de son frère Louis XIII, qu'elle vivra cette période chaotique de l'Angleterre qui le fut également pour la France, puisque ce fut celle de la Fronde. C'est un miracle pour elle de survivre à l'assassina de son mari, s'assumer la protection de ses enfants, bravant le dénuement le plus complet.
Son fils put gagner l'île de Jersey puis l'Écosse et l'Irlande et réussit après la mort de Cromwell à regagner son trône. Mais ceci ne facilita pas la vie d'Henriette-Marie qui malgré la sollicitude d'Anne d'Autriche, était tiraillée entre les tensions de la cour de France notamment au moment de la Fronde. La mort de Cromwell le 13 septembre 1758, va changer sa destinée et le 29 mai 1660 Charles revient triomphalement à Londres, date coïncidant avec le mariage de Louis XIV avec l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse.
Henriette-Marie se décide alors, accompagnée de sa fille Henriette à rejoindre son fils à Londres. Elle vécut encore pendant dix ans entre Londres et Paris, assez peinée de voir les dilapidations des finances du royaume d'Angleterre par son fils Charles II. Elle devait mourir le 3 août 1669 à l'âge de soixante ans, un deuil général fut ordonné dans toute l'Angleterre et quarante huit heures plus tard, Bossuet montra en chaire pour prononcer l'oraison funèbre d'Henriette-Marie de France, reine d'Angleterre.
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De tous les ouvrages consacrés à Marie-Antoinette, celui des frères Goncourt, édité dans la deuxième partie du XIXe siècle (1858), est sans doute l'un des plus beaux, l'un des plus exaltants et émouvants que l'on ait publié sur cette reine au destin tragique et au charme ensorcelant.
C'est aussi l'un des plus documentés. Puisant, à la manière des historiens doublés de chartistes dans des sources parfois méconnues, les auteurs présentent pour la première fois des détails pittoresques et des scènes insolites, qui font lire cet ouvrage avec la délectation que l'on réserve aux grands chefs-d'oeuvre classiques. Il est écrit dans un style inimitable, car nous sommes à l'apogée de la littérature française de ce moment, moment que l'on ne retrouvera sans doute jamais plus sous cette forme.
Jugez en plutôt : "L'esprit que Marie-Antoinette avait reçu de la nature était aussi un acquis de l'exercice journalier de la bienveillance et de ce don rare et précieux : la caresse. Elle effaçait toutes les femmes qui l'entouraient, et par je-ne-sais-quoi de sa personne, le charme, par toutes les séductions de la femme, par tout ce qui porte l'âme au dehors et par tout ce qui en vient par la voix, par l'esprit, cet esprit qui a fait tant de jaloux, avec cette soudaineté et cette inspiration presque providentielle et qui semblaient chez cette souveraine bien aimée, comme une grâce d'état de son amabilité".
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On connaît surtout Raspoutine à travers les légendes du "moine scélérat", du moujik sadique, le despote occulte qui serait la cause de la tragédie impériale et de la révolution russe.
Dans ce livre, l'auteur apporte au public une étude - qu'il a souhaitée objective - sur ce que fut réellement cet homme doué d'un pouvoir magique. On le découvre dans son enfance, sa jeunesse sibérienne au milieu de sa famille, de sa femme et de ses enfants. Certes, Raspoutine n'était pas un saint mais, animé d'un réel amour de sa patrie - la Russie - et de Nicolas II son souverain, ayant toujours voulu la paix de son pays, il aurait certainement obtenu du tsar sa non-participation à la guerre de 1914-1918 et il l'aurait convaincu de rester neutre si, déjà victime d'une tentative d'assassinat, il ne s'était trouvé, en août 1914, grièvement blessé au fond d'un lit d'hôpital à Tioumen.
Le prince Félix Youssoupoff l'attirera plus tard dans un guet-apens, où il trouvera la mort la plus affreuse qui se puisse imaginer. L'auteur n'a pas de motif pour accuser ou plaindre. Il a vécu toute son enfance dans l'atmosphère de l'émigration russe à Paris. Son grand-père fut chambellan d'Alexandre III, son père appartint à l'Ecole des Cadets de Saint-Pétersbourg et fut l'un des derniers diplomates de la Russie tsariste à Paris.
Son oncle, le prince Alexandre Mourousy, accompagnait Nicolas II dans toutes les visites officielles en qualité d'aide de camp et fut un pionnier de l'aviation russe. Il se conduisit en héros pour la France et mourut à Paris de longues années après la guerre, enveloppé dans le drapeau français et Grand-croix de la Légion d'Honneur. L'auteur a connu morgue des intrigants, des aristocrates - les vrais et les faux - l'outrecuidance des imbéciles - toujours mieux renseignés que les autres - la retenue des âmes étouffées par la peur ou les scrupules, l'hypocrisie de certains témoins, la quête passionnée des historiens, les mendiants de la renommée, la sottise des petits nobles martyrisés par leur exil, mais il n'a voulu retenir de tout cela que les faits précis, dont la plupart lui furent confiés par un ancien fonctionnaire de l'Okrana (police secrète impériale), Jean Jacoby, connu à Paris pour ses ouvrages historiques sur la Russie et qui mourut à Bruxelles de manière ambiguë, il y a bien des années.
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Retraite dans la neige et le froid à travers les immensités des plaines russes, c'est par cette surprenante proclamation que commença, le 23 octobre 1812, le plus extravagant des coups d'Etat. Ce complot avait été entièrement conçu par un officier d'origine franc-comtoise, farouche opposant de Bonaparte, le général Claude-François Malet.
Alors qu'il était déjà emprisonné pour ses sympathies républicaines, Malet avait imaginé un plan audacieux. Partant de l'idée que le régime reposait sur l'existence d'un seul individu, Napoléon, dont la mort inopinée eût ébranlé les fondements du pouvoir, il en avait déduit qu'il était inutile d'attendre ou de provoquer cet événement. Il suffisait de le "supposer" ! Après s'être évadé, Malet partit, en compagnie de deux seuls complices, à la conquête de Paris.
Tout lui réussit d'abord à merveille. En entendant la lecture de la fausse proclamation, les fidèles de l'Empereur, démoralisés, n'opposèrent aucune résistance. Le conspirateur parvint à rallier trois régiments à sa cause, à libérer des prisonniers d'Etat, à faire arrêter le préfet de Paris, le chef de la Sûreté, le ministre de la Police... En s'inspirant d'une documentation personnelle souvent inédite ou peu connue, André Besson nous fait suivre, dans ce récit dont le suspense va crescendo, la progression de cette étonnante aventure.
Il fait aussi revivre, parallèlement à la conjuration, Napoléon Ier, le tsar Alexandre, Fouché, Talleyrand, l'impératrice Marie-Louise, Sophie Hugo, la mère du poète, et son amant Lahorie...