La participation des femmes étrangères durant la guerre civile (1936-1939) - et notamment celles qui s'engagèrent dans les Brigades internationales pour défendre la République et combattre le fascisme - n'avait fait l'objet jusqu'à présent que de très peu de travaux historiques. Il s'agit pourtant d'une dimension majeure de l'histoire de l'antifascisme et des engagements internationalistes féminins. À l'initiative de l'ACER (Amis des combattants volontaires en Espagne républicaine) et de partenaires institutionnels et universitaires, l'ouvrage ¡Solidarias! met en valeur cette mobilisation solidaire, humanitaire, militaire et sanitaire de centaines d'étrangères.
Terre de mélanges culturels et de politiques coloniales, la Tunisie a attiré de l'Europe des courants d'immigrations aussi bien que des visées impérialistes. La trajectoire des Juifs italiens, dits Livournais, s'inscrit au carrefour de ces axes. Une communauté enracinée en Tunisie depuis le XVIIe, mais toujours assimilée au monde européen. Une population cosmopolite, mais jalousement attachée à Livourne et à l'Italie. Une double minorité, à l'égard tant de la nombreuse population juive locale que des cent mille émigrés italiens vivant en Tunisie au début du XXe siècle : mais toujours caractérisée par une forte identité collective.
Pendant l'entre-deux-guerres, la place sociale de cette communauté fut remise en cause par une série de phénomènes convergents : l'essor du nationalisme tunisien, les tensions diplomatiques italo-françaises, et surtout par la montée au pouvoir du régime fasciste, résolu à encadrer les communautés d'émigration dans sa politique impériale.
Sur la base de fonds d'archive et de témoignages inédits, ce travail reconstruit le parcours des Juifs italiens de Tunisie face aux stratégies de fascisation de Rome, en interrogeant les croisements identitaires dans les contextes d'émigration, la question de l'adhésion de masse au totalitarisme, et le poids des médiateurs au sein des sociétés coloniales.
Dans l'entre-deux-guerres, Hong Kong est déjà une ville-monde, un emporium où transitent les marchandises venues de tous les continents, un port franc où commencent et s'achèvent les grandes lignes maritimes, une colonie britannique où s'entrechoquent les existences et, parmi celles-ci, des Françaises et des Français À Hong Kong, la France est d'abord officiellement représentée par un consulat. Autour de cette sphère gravitent des acteurs aux statuts formels qui participent à l'essor des intérêts français. Maisons de négoce, compagnies maritimes, établissements bancaires ou encore congrégations religieuses ont des besoins similaires : se développer à partir d'un environnement stable, puis rayonner en Asie orientale.
Ces groupes ne reflètent toutefois qu'une partie de la communauté française. Des présences marginales s'ajoutent, éphémères, interlopes, rebelles ou simplement jugées insignifiantes. Tous ces éléments sont liés. Leurs interactions tissent la trame d'une société hybride dont les perceptions diffèrent de celles de leurs compatriotes restés en métropole. Ce tableau de la France à Hong Kong interroge les nombreuses réalités de la notion de présences - celles-ci pouvant également être désincarnées, voire immatérielles - et questionne ce qui conduit des Français hors de leur empire. La colonie britannique est un observatoire privilégié pour étudier ces réseaux et les acteurs qui les animent.
Bien que la stérilisation masculine soit encore une méthode contraceptive marginale en France, son histoire est longue de plus d'un siècle. Dans l'entre-deux-guerres, la vasectomie est employée dans un cadre thérapeutique pour rajeunir et fortifier. En parallèle, l'eugénisme promeut sa simplicité et son efficacité pour encourager la sélection des naissances. Au même moment, des opérations s'organisent clandestinement pour permettre aux hommes de limiter le nombre de leurs enfants. Selon les intentions et les statuts des opérateurs et des opérés, la stérilisation masculine volontaire est diversement connotée et on lui attribue tour à tour le pouvoir de faire et de défaire la virilité.
À partir d'archives concernant neuf pays d'Europe, Faire et défaire la virilité offre un récit inédit d'un épisode méconnu de l'histoire des masculinités. Au croisement de l'histoire de la médecine, de l'eugénisme et de l'anarchisme, il interroge la matérialité de la virilité et montre de quelle manière le corps masculin est au coeur d'enjeux politiques et sociaux qui continuent de résonner.
« Soulager la détresse alimentaire ! » : ce refrain que l'on croyait l'apanage des grandes organisations humanitaires internationales est devenue un appel à secourir ici et maintenant, dans notre société. C'est à l'ensemble du champ constitué par les acteurs collectifs (associations historiques, initiatives) que cet ouvrage est consacré avec pour objectif d'en suivre les jeux d'accointance et de concurrence, les formes et les logiques d'approvisionnement et de recrutement, les usages et les registres de justification de l'action.
Avec le soutien du laboratoire Droit et changement social (CNRS, université de Nantes) et du Centre nantais de sociologie (CNRS, université de Nantes).
Cet ouvrage se propose d'analyser l'impact du Front populaire sur le Finistère, département rural fortement marqué par la question religieuse. Évitant une approche surplombante, le cadre choisi permet d'appréhender au plus près les fractures de la société finistérienne, entre villes et campagnes, entre blancs et bleus, entre dominants et dominés.
La pénétration des idées sociales est faible dans les campagnes. Un puissant syndicalisme agricole s'y développe en s'arrogeant le rôle d'un contre-État. En face, la société urbaine vit ses propres antagonismes. L'Église catholique, présente dans les deux mondes, tente de conforter son emprise sur l'ensemble de la société et se retrouve de fait en concurrence avec les élites agrariennes.
L'arrivée des gauches au pouvoir radicalise les positions. L'irruption d'une séquence gréviste inédite oblige les uns et les autres à s'adapter. Les forces adverses mettent en place des stratégies mimétiques qui cherchent à accompagner plutôt qu'à affronter le réveil ouvrier. Les changements d'échelle permettent d'étudier tous les moyens utilisés, du consentement jusqu'à la coercition.
Loin d'une histoire fractale, nous avons privilégié une histoire mosaïque. Pour autant, le Finistère du Front populaire, avec ses particularités, s'inscrit dans le cadre national. Cet ouvrage est une contribution à l'histoire de cet événement majeur dans un département catholique et rural.
Le double désastre, militaire et politique, du printemps 1940 a jeté l'opprobre sur les chefs militaires français de la IIIe République finissante. Taxés d'incurie, ils auraient été incapables de comprendre les ambitions, la stratégie et la tactique allemandes. Pourtant, comme le démontre cette étude, les chefs militaires et les états-majors généraux qui les entouraient étudièrent avec attention l'évolution de la situation internationale au cours des années 1930. Nouant des liens nombreux et étroits avec le ministère des Affaires étrangères, ils poussèrent la coopération interministérielle diplomatico-militaire à un degré jusqu'alors jamais atteint.
À partir de 1935, conscients du défi radical que constituait l'Allemagne nazie pour l'ordre européen, ils intervinrent à de nombreuses reprises pour orienter la décision de politique étrangère dans un sens favorable à la sécurité française. L'absence d'une véritable doctrine des relations internationales au sein du haut commandement, les désaccords stratégiques entre l'Armée, la Marine et l'Armée de l'Air et la prégnance des représentations culturelles et issues de l'expérience de 1914-1918 nuisirent cependant à la justesse de leurs évaluations et à l'efficacité de leurs interventions auprès des diplomates et des décideurs politiques.
"Je fis, d'abord, alliance avec André Pironneau... II... publia quarante articles" (Charles de Gaulle).
Ce livre n'aurait pas été conçu sans la découverte que les articles de L'Echo de Paris cités par le mémorialiste étaient principalement de sa plume - à lui, de Gaulle ; et que leur objet, politique et géopolitique, dépassait de loin la seule chose militaire. Un chapitre justifie, après la précision du contexte qui éclaire les preuves, l'attribution de ce qu'on appelle en conséquence "la source Pironneau-de Gaulle".
Ces articles n'ont jamais été lus par les historiens de Charles de Gaulle. Ils constituent donc une source inédite au sens où elle n'a jamais été attribuée à son auteur principal. Ils courent de 1933 à 1937 ; mais leur croisement avec archives, documents diplomatiques français et britanniques, presse et témoignages permet de suivre l'histoire de huit ans, de 1932 à 1940. C'est dire qu'on a la source la plus considérable sur de Gaulle dans les années trente ; et sur d'autres personnages, qui peuvent être considérés comme de premiers gaullistes. Elle confirme combien le regard de Charles de Gaulle annonçait en lui l'homme d'État, embrassant l'horizon international le plus large.
Pour l'armée française, le régime communiste devient dès 1917 un sujet de grande interrogation : s'agit-il d'un partenaire possible ? En dépit des réponses divergentes et des controverses, les analyses des militaires français restent dominées par la conviction que l'URSS est une nouvelle mouture de l'ancienne Russie, avec toutes ses faiblesses et ses incertitudes. C'est dire si le mythe du colosse aux pieds d'argile demeure en filigrane dans la prise en compte de l'URSS comme facteur international.
En 1937, entre 30 000 et 50 000 enfants participèrent au premier exil du peuple espagnol dans les pays qui les accueillirent pour les mettre à l'abri de la guerre d'Espagne. Presque quatre-vingts ans plus tard, ce livre reconstruit l'histoire de ces enfants, de ceux qui sont restés en Espagne et de ceux qui durent tout abandonner pour survivre et qui ne sont jamais revenus. L'ouvrage s'appuie sur des lettres, des journaux intimes, des cahiers, des rédactions et des dessins que ces enfants ont alors écrits ou composés.
Le Paris d'entre-deux-guerres est connu pour son exubérance et ses comportements transgressifs, et devient notamment un véritable lieu de rencontre entre hommes à ciel ouvert. Les forces de police, sillonnant les rues, constituent un témoin original de ces rencontres et jouent un rôle de régulateur. Cet ouvrage s'intéresse ainsi au contrôle policier des sexualités masculines à Paris entre 1919 et 1940.
Restaurer une société chrétienne en Allemagne, tel fut l'horizon de la diplomatie du Saint-Siège dans la république de Weimar. Grâce à une plume allègre et une connaissance incomparable des archives vaticanes, qu'elle fut l'une des premières à consulter, Marie Levant retrace ici les moyens, le développement, mais aussi l'échec de cette entreprise. Le concordat du Reich signé l'été 1933 avec Hitler devait signifier le couronnement de cette politique : il en démontra au contraire le caractère profondément illusoire. Au centre de cette histoire demeure Eugenio Pacelli, nonce à Munich et à Berlin, secrétaire d'État à partir de 1930, et futur pape Pie XII.
Conçue au lendemain de la Première Guerre mondiale pour répondre aux besoins de logements étudiants à Paris, et pour satisfaire aux critères de construction hygiénistes du tournant du siècle, la Cité internationale universitaire de Paris accueille entre-deux-guerres jusqu'à 2 400 étudiants par an, d'une trentaine de nationalités. Investie dès l'origine par les pouvoirs publics français d'une double mission, elle a vocation à attirer en France les flux d'étudiants en mobilité que se disputent alors les capitales européennes, et à faire germer, en amont de la récente Société des Nations, les graines du pacifisme genevois et de la coopération au sein de l'élite d'une jeunesse mondiale en formation. Mais l'ensemble de ses acteurs français et étrangers (universitaires et étudiants, parlementaires et diplomates, mécènes et philanthropes, architectes) n'y projette pas les mêmes ambitions ni les mêmes desseins. À travers l'étude croisée des discours et pratiques de ces acteurs multiples, rapportés à leurs itinéraires et à leurs positions sociales, et par la restitution de moments-clés de consensus affichés ou de dissonances, le présent ouvrage, issu d'un colloque international, dresse le bilan des travaux existants et, à partir de nouvelles sources, entend ouvrir des perspectives de recherche. Consacré aux premières décennies d'existence d'une institution aujourd'hui presque centenaire, il invite à considérer cet objet complexe comme un espace social transnational, marqué par les tensions qui courent de sa fondation au début des années 1950, entre logiques impériales et nationales, et logiques internationalistes.
Les opérations Torch et Dragoon ont été conduites en Méditerranée contre un littoral et des bases navales défendues par une organisation conçue dans les années 1920 par la Marine française. Cet ouvrage étudie la conception, le financement et la réalisation de la défense des côtes françaises méditerranéennes par l'artillerie, en forme d'hommage à une réalisation négligée de la Marine de l'entre-deux-guerres.
Avec une préface du contre-amiral Loïc Finaz.
Avec le soutien de la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la Défense.