Au XIXe siècle, il y eut une nouvelle génération de bâtisseurs de cathédrales. Ils travaillaient l'acier, le fer et le cuivre aussi bien que la pierre, partaient à l'assaut du ciel comme on ne l'avait jamais rêvé avant eux. Leur magie s'appelait « ingénierie », et leurs réalisations prenaient la forme de ponts et viaducs impossibles, d'usines, de gares, de charpentes aux dimensions prodigieuses, de statues et de tours métalliques géantes. Ces hommes vénéraient tous le même Dieu, et le nommaient Progrès. C'est à eux qu'Éric Marchal rend aujourd'hui hommage dans cette époustouflante histoire de famille, d'amitié et de génie humain.
Juin 1863. Dans l'immensité désertique de la plaine d'Andalousie, deux hommes aux tempéraments opposés mais unis par la passion du progrès vont se rencontrer. L'un, Clément Delhorme, pionnier des vols d'altitude en ballon, est à l'origine des premiers modèles de prévision météorologique. L'autre, Gustave Eiffel, jeune ingénieur ambitieux, qui vient de se marier, rêve de s'établir à son compte comme constructeur. À partir de ce jour, les deux génies vont lier leurs destins et leurs rêves de records.
Delhorme intègre le monde dans une immense équation dont il tente de résoudre toutes les inconnues pendant qu'Alicia, sa femme, s'occupe de la rénovation des palais à l'abandon de l'Alhambra. La naissance de leurs trois enfants aux caractères si différents façonnera la destinée de cette famille singulière, pendant qu'Eiffel forgera la sienne comme un mythe, du pont Maria Pia à la tour qui portera son nom, ainsi qu'à la statue de la Liberté.
Entre Paris et Grenade se déploient les destins croisés de ces deux familles qui vont connaître l'enchantement du progrès, dans un tourbillon de découvertes et d'inventions qui ont fait de cette période le socle de notre modernité, où les seules limites étaient celles de l'imagination.
Entre les mois d'octobre et de décembre 1888, deux des plus grands peintres de l'histoire ont partagé une petite maison jaune aux angles irréguliers dans la ville d'Arles.
Pendant neuf semaines, Vincent Van Gogh et Paul Gauguin y ont peint, bu, visité les bordels et hanté les cafés, se sont étudiés, jalousés, disputés, et s'y sont affrontés dans un huis-clos créatif à nul autre pareil.
Le célèbre critique d'art anglais, Martin Gayford, relate ici cette incroyable aventure ; la subtile, prodigieuse et toxique amitié entre deux géants qui ne pouvaient que se heurter dans un si petit espace, produisant des étincelles de génie et les ferments d'un drame connu. Le talent de Gayford est de dessiner pour nous, autour du motif tragique de cette oreille tranchée, une exploration intime ne se réduisant pas à une glissade vers la folie.
Dans sa maison jaune, Gayford, mieux que personne avant lui, nous fait pénétrer dans le secret de la création, toucher du doigt, ressentir le mystère et la matière nécessaires au surgissement du sublime.