Le charnier de Sandarmokh est situé non loin de Medvejegorsk, ville tristement célèbre pour avoir abrité le Quartier général de l'OGPU, puis du NKVD. Il a été mis au jour en 1997 par Irina Flige, Iouri Dmitriev et Veniamine Ioffé. Tous trois ont lutté au sein de l'association Memorial contre une réécriture de l'histoire de la Grande Terreur, qui est aujourd'hui toujours aussi vicace au sein du discours officiel russe. Leurs recherches sont un acte de résistance civile.
Le livre d'Irina Flige retrace fidèlement les circonstances d'une véritable enquête, à la fois dans les archives et sur les lieux des exécutions, pour retrouver un chaînon manquant de l'histoire de son pays. Il rétablit un chantier historique nécessaire, où sont intriqués toutes les strates d'une « mémorialisation » conflictuelle, mettant en jeu les familles des victimes, les associations nationales (polonaises, ukrainiennes, etc.) et le pouvoir en place. Construit comme une aventure intellectuelle, cet ouvrage a été écrit à l'intersection de plusieurs genres : le lecteur y trouvera des éléments de recherche historique, d'analyse culturelle, de témoignages racontés et de journalisme. C'est ce qui en fait un document unique parmi les ouvrages consacrés aux répressions staliniennes.
Le 10 août 1941, les armées allemandes lancent l'offensive finale sur Leningrad. Moins d'un mois plus tard, la ville est encerclée. Pendant 872 jours - le siège le plus long de l'histoire moderne -, seule la "route de la vie", passant par le lac Ladoga gelé, permet l'approvisionnement, du reste très insuffisant, des Léningradois, qui souffrent de la faim et du froid. Alexander Werth, correspondant de guerre britannique, offre de cette tragédie un témoignage exceptionnel qui retrace la défense de la ville par ses habitants et raconte les stratégies de survie quotidiennes cachées derrière les mots "héroïsme" et "patriotisme".
«J'ai consigné sur ces pages toutes mes pensées, toutes mes souffrances... Je n'ai rien embelli, je n'ai pas mis de fard, je n'ai fait que rapporter la vérité. Du coup, c'est peut-être un peu sec, pardonnez-moi:je ne suis pas poète - je suis écrivain.»