Voici la première édition critique et documentée d'O.K., Joe !, avec des sources inédites. Elle apporte des éléments pour comprendre la longue hésitation de Louis Guilloux (trente ans) à publier ce récit, ainsi que les nombreux remaniements entrepris.
Ce livre propose un portrait de Serge Gainsbourg - et non un commentaire de textes - à travers l'analyse de l'écriture de Lucien Ginsburg, son « inventeur ». Celui-ci a en effet réussi à créer une oeuvre qui ne fait littéralement qu'un avec son personnage puisqu'elle reprend et développe les trois principaux motifs observés dans la transformation « graphique » et identitaire de Lucien Ginsburg en Serge Gainsbourg : une obsession pour les (pré)noms, des jeux omniprésents sur les lettres et des variations récurrentes sur la question du double. Ainsi, identité et écriture se confondent et mieux encore : l'auteur Serge Gainsbourg n'est « lui-même » que dans ses oeuvres, et en premier lieu dans ses paroles de chansons. Et si l'auteur-personnage se perd peu à peu dans ses jeux de masque et reflets dans le miroir, il n'en reste pas moins l'inventeur d'une langue qui lui ressemble à la lettre.
Michelle Perrot, pionnière de l'Histoire des femmes, est aussi une spécialiste des questions relatives à l'histoire de la prison, des écrits carcéraux d'Alexis de Tocqueville, des bandes de jeunes, du fait divers au XIXe siècle et des femmes emprisonnées. Elle a consacré à ces thématiques autant de temps et d'énergie que pour ses productions et ses engagements en faveur des femmes. Le présent livre d'entretiens revient sur un itinéraire et des chantiers ouverts dès les années 1970. Il restitue aussi les rencontres, les échanges et les travaux menés avec Michel Foucault ou Robert Badinter. Cette histoire pénitentiaire s'ouvre par la révolte des prisons, en France comme aux Etats-Unis, et montre comment la question carcérale est devenue d'actualité. Ensuite Michelle Perrot pousse les portes des maisons d'arrêt et des centrales, s'intéresse aux « modèles » d'enfermement, mais aussi au « gibier pénal », c'est-à-dire aux détenus et aux prisonnières. Le dernier temps de ces entretiens s'arrête sur la séduction du fait divers qui, par la médiatisation du crime, attise le voyeurisme mais constitue aussi une entrée pour saisir l'état d'une société et la part obscure des individus...
La peste, ce fléau majeur de l'histoire des hommes est pour beaucoup une maladie historique, dépassée, dont l'énigme de la propagation semble résolue. Il n'en est rien. Dans la lutte séculaire que l'homme mène contre la peste, la connaissance précise des modes de sa dispersion forment un élément-clé. Ainsi l'identification des puces responsables de l'épidémisation constitue-t-elle un enjeu de première importance.
La première image n'est pas la plus ancienne. C'est celle qui, dès sa révélation, brise le cours du temps, crée un avant et un après, nous obligeant à changer notre regard sur l'histoire autant que sur le devenir de notre humanité. Tel fut l'effet produit par la publication, due à Sanz de Sautuola, en 1880, du premier relevé d'art pariétal paléolithique : celui du plafond orné de la caverne espagnole d'Altamira, en Cantabrie. De cette première image, avons-nous désormais pleinement pris la mesure ? Et que signifie, pour nos constructions historiques (Préhistoire, Antiquité) ou disciplinaires (Art, Philosophie), en prendre la mesure ? Telles sont les questions auxquelles cet ouvrage, qui vise à rendre accessible l'art des cavernes ornées, s'efforce simplement de répondre.
Ce livre retrace le parcours d'un artisan « chaussetier » devenu pasteur et traversant la période des guerres de Religion au milieu des persécutions, dans le souvenir du Brésil visité en 1557. Léry est l'auteur de deux livres, l'Histoire mémorable de la ville de Sancerre, qui rapporte un cas de cannibalisme survenu quelque temps après la Saint-Barthélemy, et surtout l'Histoire d'un voyage faict en la terre du Bresil, si célèbre, si éclatant, si sensible qu'il éclipse tous les autres témoignages de la même époque. En cet itinéraire au pays des Indiens Tupinamba, jamais le moraliste ne l'emporte sur l'observateur, et la colère de l'homme de Dieu passée, c'est le retour à la sérénité de la description complice. Ce parcours anthropologique s'ouvre et se clôt par Claude Lévi-Strauss, admirateur de celui qui écrivait : « Je regrette souvent que je ne suis parmi les sauvages. » Lui-même dira lors de son arrivée à Rio de Janeiro : « J'ai dans ma poche Jean de Léry, bréviaire de l'ethnologue. »
Des tonneaux, des échasses et des essieux. De la terrine de sanglier et des managers de boxe patibulaires. Des cerceaux, des cafés et un violon. Des fantassins, un masseur et des chèvres. Des escaliers, du tabac et des poupées. Des vainqueurs et des vaincus. Le Ventoux aussi. Et la tour Eiffel! Des barbus? Oui! Et des moustachus! Et des femmes? Bien sûr! «Du sport», direz-vous ? Trois fois oui ! Des situations sportives « insolites » -plutôt que des sports insolites - et des lieux, des personnages de l'arrière-plan, rarement étudiés par l'histoire des sports.
Les chroniques, billets d'humeur et fictions écrites ici avec verve sont le fruit d'une investigation scientifique exigeante justifiée et stimulée à la fois par le projet de faire vivre une riche iconographie réveillant ce temps - plus de 300 photographies notamment -, les années 1890 -1930, où les livreurs de journaux se défiaient au sprint en haut de Montmartre, où les autruches rivalisaient de vitesse sur les hippodromes, où les mondaines jumpaient en steeple - chase toutes enrubannées de soie et de dentelles, où les curés bénissaient les ballons de basket et où les vélodromes sentaient un peu le saucisson et le vin. Le sport, dans toute sa richesse, son épaisseur sociale et émotionnelle. C'est là, au fond, le pari à l'origine de ce livre : sans renier du tout l'exigence de sa tâche, l'historien s'y émancipe des codes pour chercher, à tâtons, de nouvelles façons de faire palpiter l'histoire, de faire son métier de passeur de mémoire. Cela donne une histoire buissonnière.
Avec le soutien de le Mans Université , du laboratoire TEMOS (CNRS-UMR 9016) et de la région Bretagne.
L'histoire est souvent indexée sur les révolutions, les guerres, les coups d'État. Le règne de Napoléon III ne faillit pas à la règle : commencé par une Révolution en 1848, poursuivi par un coup d'État en 1851 qui aboutit un an plus tard à la restauration d'un empire, il s'achève en 1870 par la défaite militaire contre la Prusse. L'ouvrage a choisi de porter, sur cette période, un autre regard en étudiant l'évolution des idées politiques et religieuses, les bouleversements économiques et sociaux en Bretagne durant ce règne marqué par la première révolution industrielle. C'est le voyage de Napoléon III en Bretagne en août 1858 qui permet ici d'apporter un éclairage politique sur les actions inaugurées ou évoquées par l'Empereur pour la Bretagne du XIXe siècle.
Premier ouvrage abordant les violences faites aux femmes dans le 9e art, À coups de cases et de bulles est à même de montrer la façon dont la bande dessinée franco-belge, les comics mais aussi les mangas traitent les agressions et les crimes de sang. La bande dessinée qui ne cesse d'ouvrir de nouveaux chantiers et de revisiter des domaines déjà balisés, soit en les renouvelant, soit en les inscrivant dans une tradition, continue d'investir l'imaginaire des sociétés contemporaines.
Louise Bodin, la Bolchévique aux bijoux, de Colette Cosnier, c'est la biographie d'une de ces femmes remarquables qui surent en leur temps, comme l'écrit Michelle Perrot, « surmonter ce qu'était à leur époque la destinée normale d'une femme ».
Louise Bodin : née à Paris en 1877, morte à Rennes en 1929. Une vie brève hantée par le remords d'être une privilégiée, mais une vie de combat contre toutes les injustices, pour toutes les grandes causes de son temps. Suffragiste, féministe, pacifiste, socialiste, communiste, enfin sympathisante trotskiste : autant d'engagements successifs qui marquent son itinéraire.
Louise Bodin : une grande journaliste, auteure de plus de 500 articles, publiés dans Les Nouvelles rennaises, La Pensée bretonne, puis Le Populaire, L'Humanité, L'Ouvrière, mais surtout La Voix des Femmes, dont elle fut un temps la rédactrice en chef. C'est la voix de cette femme, écrivaine et militante, que Colette Cosnier permettait d'entendre, en 1988, après plus d'un demi-siècle d'oubli, une voix caustique ou amusée pour dire la vie à Rennes avant 1914, une voix bouleversante pour crier la détresse des femmes et des mères pendant la grande guerre, une voix indignée pour protester contre la loi de 1920, une voix impitoyable pour décrire un congrès politique : la voix d'une femme témoin de son temps, qui a sa place dans l'Histoire des femmes. C'est cette voix que les Presses universitaires de Rennes donnent à redécouvrir aujourd'hui.
Anne-Marie Stretter fait son entrée officielle dans l'1/2uvre de Duras en franchissant le seuil du casino de T. Beach, où se donne le bal : l'heure du Ravissement de Lol V. Stein a sonné. Elle disparaît secrètement, entre les vagues du Gange, à la fin du Vice-consul mais un autre récit, L'Amour, et trois films (La Femme du Gange, India Song, Son nom de Venise dans Calcutta désert) bâtissent sa légende et convoquent ses fantômes. En réalité l'ombre d'Anne-Marie Stretter se profilait dès les premiers récits de la romancière et on l'aperçoit encore, reconnaissable à sa robe rouge, dans le dernier d'entre eux, L'Amant de la Chine du Nord.
En Anne-Marie Stretter, qui forme le chiffre de l'écriture de Duras, se concentre l'enjeu d'une 1/2uvre déterminée par la nécessité de réinventer la littérature après Auschwitz, en explorant ses confins jusqu'au cinéma, cet art d'appeler les fantômes.
Cet ouvrage est consacré à l'analyse des folies meurtrières dans différents domaines littéraires ou artistiques, selon la clinique psychanalytique. La création éclaire les multiples facettes du thème, offrant une série de points de vue sur l'énigme du réel qui le sous-tend. L'apport de la psychanalyse est décisif pour saisir ce que ces folies meurtrières, au sein desquelles le sujet disparaît souvent, pour en renaître parfois transformé, mettent en jeu.
La prison est un monde à part où le temps et l'espace perdent leurs coordonnées, où le plus intime du sujet se trouve enfermé dans des enjeux collectifs. La prison telle qu'elle est aujourd'hui, s'est institutionnalisée à partir de la Révolution française et de la mise en place de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, la privation de liberté venant à la place des châtiments corporels. Ceux qui mettent en danger la nouvelle société doivent y rester inclus, demeurant exclus à l'intérieur. Telle est la dimension de la prison pour l'État, de la prison comme mythe d'une société républicaine et démocratique.
La prison forge aussi un nouveau discours, la criminologie, une recherche sur l'impossible qui étend la prison pour l'État à la prison pour tous : au centre de la société, la prison apparaît comme lui étant paradoxalement consubstantielle, l'une ne pouvant exister sans l'autre.
Il s'ensuit une interrogation sur les origines de cette étrange institution tant dans ses coordonnées subjectives que collectives. D'une conjoncture historique à une formation mythique, cet ouvrage revisite la naissance de la prison, avec ses débats, espoirs, réflexions et combats, afin de dégager un regard qui permette de dépasser les impasses actuelles et de réhumaniser ce lieu à partir de l'histoire qui l'a fondé et des conditions de son existence.
Spécialiste reconnu de Descartes, J.-M. Beyssade a toujours recherché des passages, des continuités avec distance, entre les deux plus grands philosophes du XVIIe siècle. Qu'il s'agisse du statut des émotions, de l'amour de Dieu ou de la possibilité du salut, il a su comprendre comment Spinoza, par-delà les voies nouvelles qu'il ouvre, s'avance pourtant sur un chemin inauguré par Descartes. Outre ce travail d'historien de la philosophie rigoureux, J.-M. Beyssade fait également un travail d'interprète créateur en imaginant des réponses à des questions posées par le système spinoziste sans avoir pu y trouver de réponse : sur la détermination de la pensée comme amour intellectuel de Dieu, sur l'impossibilité ou non de la haine de Dieu, ou sur la possibilité méconnue d'un salut sans autrui. Quoique souvent commentés, ces articles étaient désormais introuvables. Leur édition qui fait pendant à celle de ses études sur Descartes, comblera un manque.
Ce numéro de Parlement[s] répond à la nouvelle question du CAPES consacrée à la construction de l'État monarchique en France de 1380 à 1715. Classique s'il en est, celle-ci n'en garde pas moins tout son intérêt et sa pertinence. Depuis Tocqueville, les historiens, français et étrangers, ont en effet sans relâche approfondi, élargi, précisé, nuancé leurs analyses en les nourrissant des acquis de l'histoire économique, sociale et culturelle. Dès lors, cette question permet d'apporter aux futurs enseignants du secondaire des outils d'analyse utiles aussi pour comprendre notre monde contemporain. Car au fond, par-delà les siècles, c'est toujours la même et fascinante question de savoir comment s'articule la relation entre les habitants d'un territoire (ou d'un agrégat de territoires), et cette entité nommée par convention « État » qui exerce directement ou non les fonctions de défense, de contrôle et de régulation souvent avec, et souvent aussi contre, ces mêmes habitants. Les dix-sept commentaires de documents textuels et iconographiques ici réunis, interrogent le processus de construction mais aussi de résistance de cet édifice qui ne se définit que peu à peu. Ils ont été rédigés par des spécialistes qui ont voulu aborder le sujet « par le haut », mais aussi « par en bas » en tenant compte de la parole politique des gouvernés. L'ensemble permet ainsi de saisir la construction progressive d'un véritable espace public, de la mort de Charles V à celle de Louis XIV.
Les comités d'éthique médicale existent depuis 1982. L'auteur, philosophe, qui a déjà publié aux PUR un livre sur la relation thérapeutique, s'appuie sur une expérience de 37 années de participation à un comité d'éthique médicale pour expliquer à quoi servent les comités d'éthique, comment ils se constituent et comment ils fonctionnent. En s'appuyant sur un certain nombre de cas, elle analyse comme on discerne un problème éthique, en le distinguant d'un problème médical ou juridique, comment ses membres discutent, délibèrent puis émettant un avis qui tienne compte des différents angles d'analyse. Elle montre aussi comment les comités se sont adaptés à la situation de crise de la pandémie de la COVID l'évolution des questions posées de 1985 à 2022.
L'influence de la pensée de Claude Lévi-Strauss sur l'oeuvre de Jacques Lacan n'est plus à démontrer. Quelques auteurs se sont déjà penchés sur la question, en mettant en rapport tantôt les sources directes qui ont inspiré Lacan dans sa définition formelle de l'inconscient freudien - qui doit tout à la notion de structure -, tantôt des indices plus hypothétiques, présents de manière éparse dans l'oeuvre du psychanalyste. Il y a ainsi une dette que Lacan reconnaît lui-même à plusieurs reprises, mais il y aurait aussi des références plus cachées à dévoiler. Ainsi, on pourrait supposer un art d'écrire chez le psychanalyste où la dette à l'égard de Lévi-Strauss serait à peine avouée, voire intentionnellement dissimulée.
Cet ouvrage suit une autre voie qui ne cultive aucune ambiguïté : Lacan a une dette envers Lévi-Strauss et elle passe par un exercice de formalisation très puissant, qui va parfois bien au-delà des attentes (voire des souhaits) du même Lévi-Strauss. Cela produit le paradoxe suivant : à maintes reprises, le psychanalyste expliquerait et appliquerait mieux que l'ethnologue certaines de ses prémisses formelles.
Ce travail de recherche mené depuis vingt ans est issu de l'examen minutieux des manuscrits du fonds Lévi-Strauss de la Bibliothèque nationale de France et s'appuie sur une correspondance, brève mais précieuse, que l'auteur a entretenue avec l'ethnologue entre 2000 et 2007. Un riche entretien avec Monique Lévi-Strauss à propos de ces deux grands auteurs français du XXe siècle complète l'ensemble.
« L'histoire se fait avec des documents écrits, sans doute. Quand il y en a. Mais elle peut se faire, elle doit se faire, sans documents écrits s'il n'en existe point. Avec tout ce que l'ingéniosité de l'historien peut lui permettre d'utiliser pour fabriquer son miel, à défaut des fleurs usuelles. Donc avec des mots. Des signes. Des paysages et des tuiles. Des formes de champs et de mauvaises herbes ». Le programme tracé par Lucien Febvre en 1949 a été suivi par les historiens, sociologues, économistes et archéologues rassemblés en cet ouvrage afin de mettre en évidence les traces des savoirs ruraux. De grands mouvements s'esquissent dans cette vaste histoire des connaissances campanaires : du sensible au quantifiable, de la productivité à l'écologie, du quotidien au savant. C'est une autre histoire de la ruralité qui émerge, riche de rationalités pratiques.
Jean-Marie Lustiger occupe une place exceptionnelle dans l'histoire contemporaine. Fils d'immigrés polonais, enfant juif converti au catholicisme avant de découvrir sa vocation de prêtre, aumônier des étudiants parisiens devenu évêque d'Orléans puis archevêque de Paris, il fut l'interlocuteur de François Mitterrand et l'ami de Jean-Paul II. Académicien, acteur du renouveau liturgique et bâtisseur d'églises, il s'engagea dans le débat de son temps, en homme de conviction dont la voix était respectée bien au-delà du monde catholique.
De l'occupation aux "années 68" et à l'effondrement du bloc de l'Est, Jean-Marie Lustiger a traversé en chrétien et en prêtre toutes les crises du second vingtième siècle, suscitant aussi des controverses que le temps qui passe n'a pas toutes éteintes. Quinze ans après sa mort, ce livre réunit autour de lui des spécialistes d'histoire et de théologie, de science politique et d'histoire de l'art. Il fait également place aux témoignages d'acteurs et d'actrices qui ont côtoyé le "premier cardinal juif de l'histoire", ainsi qu'il se définissait lui-même.
Grâce à l'Institut Lustiger, qui a généreusement ouvert ses archives et permis que l'entreprise soit menée à terme, les auteurs dressent ainsi le premier portrait, à plusieurs voix, de cette figure hors du commun de notre histoire récente.
Le roi en son duché. En faisant référence, par analogie, à la célèbre formule du XIIIe siècle selon laquelle le roi de France est empereur de son royaume, cette étude veut identifier les éléments de la présence royale en Bretagne durant la seconde partie de ce que l'historiographie appelle l'âge d'or capétien. Alors que le processus de construction de l'Etat royal est patiemment mis en oeuvre par les souverains capétiens, le cas de la Bretagne constitue un formidable laboratoire où il est possible d'apprécier l'intégration du duché et de son aristocratie au sein du royaume de France. Les mécanismes identifiés par l'historiographie récente, tant dans les domaines judiciaire et juridictionnel, fiscal et monétaire, que militaire, y trouvent une traduction territoriale, notamment par le biais de l'approche cartographique, fondée sur l'analyse de sources souvent inédites.
Cette démarche passe par l'analyse du jeu des acteurs : les nobles et les ecclésiastiques, bretons et non-bretons, le duc de Bretagne, le roi de France et ses officiers, dont l'activité dans le duché est remarquable. Sur le plan territorial, la pesée de cette intégration permet d'établir une tripartition du duché, éloignée des regards traditionnels qui opposent haute et basse Bretagne, entre un nord dont la proximité avec le pouvoir royal est importante ; une partie orientale qui profite de sa proximité avec d'autres principautés du royaume pour nouer des liens étroits, en particulier avec d'importants lignages angevins et poitevins ; et enfin, un sud, coeur du domaine ducal et plus éloigné du pouvoir royal.
Comment penser les rapports entre travail et subjectivité ? Pour répondre à cette question, ce livre collectif réunit les contributions de philosophes et psychanalystes qui examinent les apports de la psychanalyse - notamment de la psychodynamique du travail - et leurs usages par les théories critiques, en particulier la théorie critique de l'école de Francfort. Afin de penser les incidences subjectives et politiques du travail, l'ouvrage dresse un bilan de la recherche à l'articulation des champs philosophiques et psychodynamiques. À travers l'analyse d'auteurs de référence, aussi bien classiques (Adorno, Arendt, Freud, Green, Horkheimer, Reich, Winnicott) que contemporains (Dejours, Fraser, Habermas, Honneth), les études ici réunies tentent de contribuer à l'élaboration d'une conception critique du travail et de la subjectivité héritière de Marx et de Freud et orientée vers la saisie des transformations contemporaines du travail. Des questions d'actualité, comme par exemple la souffrance au travail ou la gestation pour autrui, sont précisément abordées.
Une histoire du peuple de Bretagne, de la Préhistoire à nos jours.
Les histoires de Bretagne ne manquent pas... Mais celle-ci adopte un point de vue inédit : celui des paysans, des ouvriers, des marins, celui des hommes et des femmes sans histoire, sans papiers. Elle porte attention aux plus humbles, pas seulement aux puissants; s'intéresse à la vie concrète et aux rêves qui s'y enracinent, pas seulement aux couronnements et aux batailles ; risque d'autres chronologies; ruine quelques évidences...
La crise économique de l'âge du fer, l'arrivée des Bretons en Armorique, la condition paysanne pendant la féodalité, la révolte des Bonnets rouges, la traite négrière, la Révolution et la Chouannerie, le développement du chemin de fer, l'émigration bretonne, la Grande Guerre, la Résistance, la crise du modèle agricole breton, Notre-Dame-des-Landes... Autant de moments de notre histoire examinés d'un oeil neuf.
Émergent ainsi de nouvelles figures, émouvantes ou pittoresques, jusque-là noyées dans l'anonymat des siècles. Et de nouveaux sujets : manger à sa faim, lutter pour sa dignité, découvrir de nouveaux horizons, accéder au savoir, devenir citoyen...
Pas de jargon, un rythme de lecture facile : cette histoire a été rédigée avec le souci de s'adresser au plus grand nombre tout en obéissant à la rigueur du métier d'historien.
Ce livre a été rédigé par trois historiens et un journaliste : Alain Croix, Thierry Guidet, Gwenaël Guillaume et Didier Guyvarc'h.
Ils sont les auteurs de nombreux autres ouvrages dont, chez le même éditeur, l'Histoire populaire de Nantes.
Au-delà d'une seule recherche historique et sans se limiter à l'analyse d'une forme photographique, cette étude aborde le flou à l'aune des enjeux phénoménologiques qu'il soulève. À partir d'une enquête minutieuse dans les textes historiques français - du XVIIe au XXe siècle - sur la manière dont le «flou» est mobilisé et discuté, l'étude aborde d'abord ses particularités dans la peinture, avec un détour par le cinéma. Elle tente ainsi de mieux saisir la complexité de la fortune critique de la notion au XIXe siècle et l'histoire de sa légitimation dans le champ photographique qui éclot véritablement dans la seconde moitié du XXe siècle. Tiraillé entre l'erreur technique primaire qu'il désigne et les ambitions artistiques qu'il promet, le flou engage souvent des enjeux contradictoires : il contribue à la fois à renforcer la mimêsis et à la détruire ; il affirme des valeurs bourgeoises tout en étant aussi un agent révolutionnaire ; il est associé à la pratique amateure comme à l'expertise technique la plus aboutie. Artistiques, moraux, sociaux, politiques, philosophiques et psychanalytiques, les débats soulevés par la forme témoignent du puissant levier que représente le flou pour articuler une réflexion critique sur l'histoire de la photographie dans la perspective d'une philosophie du regard.
Le doctorat dont cet ouvrage est issu a reçu le prix de la faculté des lettres de l'université de Lausanne.