Noir Sur Blanc
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« Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m'as dit ça, un jour, mon père. Tu vas rater ta vie. Tu m'as dit ça, aussi. De toutes mes forces, j'ai voulu faire mentir ta malédiction. ».
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l'oubli. Après de longues années d'absence, elle appréhende ce retour. C'est l'ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer. Entre eux trois, pendant quelques jours, l'histoire familiale va se nouer et se dénouer.
Sur eux, comme le vol des aigles au-dessus des sommets que ce père aimait par-dessus tout, plane l'ombre de la grande Histoire, du poison qu'elle infuse dans le sang par-delà les générations murées dans le silence. -
« De la chute au pas de danse... J'ai voulu écrire un livre qui soit comme une main posée sur l'épaule. » Gaëlle Josse.
Qui ne s'est senti, de sa vie, vaciller ? Qui ne s'est jamais senti « au bord de » ? Qui n'a jamais été tenté d'abandonner la course ?
Clara, trente-deux ans, travaille dans une société de crédit.
Compétente, investie, efficace, elle enchaîne les rendez-vous et atteint ses objectifs.
Un matin, tout lâche. Elle ne retourne pas travailler. Des semaines, des mois de solitude et de vide s'ouvrent devant elle.
Amis, amours, famille, collègues, tout se délite dans l'ordre ou le désordre de leur apparition dans sa vie. La vague de fond qui la saisit modifie ses impressions et ses sentiments.
Ce matin-là dévoile la mosaïque d'une vie et la perte de son unité, de son allant et de son élan. Une vie qui se refuse à continuer privée de sens et doit se réinventer. Une histoire minuscule et universelle porteuse d'espoir.
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Silhouette imposante, port de tête altier, elle fait résonner la voix d'une femme noire, fière et volontaire, qui va devoir survivre dans un monde d'une extrême dureté, dominé par les Blancs. Une voix riche et drôle, passionnée et douce qui, malgré les discriminations, porte l'espoir et la joie, l'accomplissement et la reconnaissance, et défend farouchement son droit à la liberté.
Après l'inoubliablement beau Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage, Maya Angelou poursuit ici son cycle autobiographique. Maya Angelou fut poétesse, écrivaine, actrice, militante, enseignante et réalisatrice. Elle a mené de nombreux combats avant de devenir une icône contemporaine qui a inspiré la vie de millions de personnes. Elle a côtoyé Nelson Mandela, Martin Luther King, Malcolm X et James Baldwin. À sa mort, Michelle Obama, Rihanna, Oprah Winfrey, Emma Watson, J. K. Rowling et beaucoup d'autres encore lui ont rendu hommage.
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Je m'appelle Fatima Daas. Je suis la mazoziya, la petite dernière.
Celle à laquelle on ne s'est pas préparé. Je suis née par césarienne. Je suis française. Je suis d'origine algérienne.
Musulmane pratiquante. Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Une touriste. Une banlieusarde qui observe les comportements parisiens. Je suis une menteuse, une pécheresse. Porteuse d'une maladie chronique. Asthmatique allergique. Adolescente, je suis une élève instable. Adulte, je suis hyper inadaptée. J'écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. J'ai la sensation d'avoir une double vie. J'ai fait quatre ans de thérapie. C'est ma plus longue relation. Mon rapport à l'autre est inconstant.
J'ai besoin de me contrôler. J'ai besoin de contrôler toutes mes émotions. J'ai besoin de contrôler l'autre. Je me crois polyamoureuse. L'amour, c'est tabou à la maison, les marques de tendresse et la sexualité aussi. Je n'aime pas les garçons mais j'aime leurs accessoires. À 25 ans, je rencontre Nina Gonzalez.
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Alors qu'elle vient de décéder, à 83 ans, dans le plus grand anonymat, les photos de Vivian Maier, pleines d'humanité et d'attention envers les démunis et les perdants du rêve amé- ricain, sont retrouvées par hasard dans des cartons oubliés au fond d'un garde-meuble de la banlieue de Chicago. Elle n'aura donc pas connu la célébrité, ni l'engouement plané- taire qui accompagne aujourd'hui son travail d'artiste. Elle a mené une vie de solitude et de pauvreté, lestée de lourds secrets familiaux et d'épreuves. Personnalité complexe et parfois déroutante, femme libre et perdante magnifique dont le destin s'écrit entre la France et l'Amérique, elle avait choisi de vivre les yeux grands ouverts.
Vivian Maier, une femme en contre-jour est le portrait de cette invisible, photographe de génie qui n'a pas vu la plupart de ses photos et qui, pour payer son loyer, gardait des enfants.
Une Américaine d'origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago et nostalgique de son enfance heureuse passée dans les Hautes-Alpes.
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« C'est l'histoire d'un fils qui part et d'une mère qui attend. C'est un amour maternel infini, aux portes de la folie. C'est l'attente du retour, d'un partage, et le rêve d'une fête insensée. C'est un couple qui se blesse et qui s'aime. C'est en Bretagne, entre la Seconde Guerre mondiale et les années soixante, et ce pourrait être ailleurs, partout où des femmes attendent ceux qui partent, partout où des mères s'inquiètent. » Une femme perd son mari, pêcheur, en mer, elle se remarie avec le pharmacien du village. Son fils, issu de sa première union, a du mal à s'intégrer dans cette nouvelle famille et finit par lui aussi prendre la mer. Commence alors pour la narratrice une longue attente qu'elle tentera, tant bien que mal, de combler par l'imagination du grand banquet qu'elle préparera pour son fils à son retour.
Encore une fois, par son écriture sensible et sans faille, Gaëlle Josse nous entraîne dans les méandres de l'amour.
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Le dernier gardien d'Ellis Island
Gaëlle Josse
- Noir sur blanc
- Notabilia
- 4 Septembre 2014
- 9782882503497
New York, 3 novembre 1954. Dans cinq jours, le centre d'Ellis Island, passage obligé depuis 1892 pour les immigrants venus d'Europe, va fermer. John Mitchell, son directeur, officier du Bureau fédéral de l'immigration, resté seul dans ce lieu déserté, remonte le cours de sa vie en écrivant dans un journal les souvenirs qui le hantent : Liz, l'épouse aimée, et Nella, l'immigrante sarde porteuse d'un étrange passé.
Un moment de vérité où il fait l'expérience de ses défaillances et se sent coupable à la suite d'événements tragiques. Même s'il sait que l'homme n'est pas maître de son destin, il tente d'en saisir le sens jusqu'au vertige.
A travers ce récit résonne une histoire d'exil, de transgression, de passion amoureuse d'un homme face à ses choix les plus terribles.
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Mimmo et Cristofaro sont amis à la vie à la mort, camarades de classe et complices d'école buissonnière. Cristofaro qui, chaque soir, pleure la bière de son père. Mimmo qui aime Celeste, captive du balcon quand Carmela, sa mère, s'agenouille sur le lit pour prier la Vierge tandis que les hommes du quartier se plient au-dessus d'elle. Tous rêvent d'avoir pour père Totò le pickpocket, coureur insaisissable et héros du Borgo Vecchio, qui, s'il détrousse sans vergogne les dames du centre-ville, garde son pistolet dans sa chaussette pour résister plus aisément à la tentation de s'en servir. Un pistolet que Mimmo voudrait bien utiliser contre le père de Cristofaro, pour sauver son ami d'une mort certaine.L'intrigue est semblable à celle d'un livret d'opéra : violence et beauté, bien et mal se mêlent pour nous tenir en haleine jusqu'au grand final.
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Très tôt confrontée à la pauvreté, Maya Angelou ne laissa jamais le sort prendre le dessus, et chaque désillusion fut propice à se réinventer. Sa grand-mère paternelle, une battante au caractère bien trempé chez laquelle elle fut envoyée avec son frère, dans un Arkansas encore très raciste, marqua durablement sa vie. Sa mémoire rappelle à elle ses amis perdus comme Coretta Scott King, ses pairs comme James Baldwin ou Aimé Césaire. Sans relâche, elle louera l'honnêteté, et décriera la vulgarité. Féministe avant l'heure, Maya Angelou écrit avec le coeur de millions de femmes qu'elle considère comme ses soeurs de combat. La littérature la sauvera et l'amènera à être la première étudiante noire d'une école privée. Puis, elle fréquentera le milieu intellectuel noir américain, et deviendra une grande militante de la condition des femmes noires. C'est grâce à l'écrivain James Baldwin qu'elle va se mettre à écrire après la mort de Martin Luther King et devenir l'auteure que l'on connait aujourd'hui.
Composé de 28 courts chapitres, dont quelques poèmes, ce livre est un condensé de ses meilleurs écrits.
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Alex, Elena et Valencia, trois étudiants en première année de licence d'arts du spectacle, dénomination faussement inclusive signifiant en réalité juste « théâtre », montent un collectif. Mais, dépités par l'accueil lamentable de leur première création, ils décident de changer de programme, et de faire la révolution.
À Gaillon, dans l'Eure, ils croisent la route des Ravitailleurs, un autre collectif de théâtre révolutionnaire... plus virulent.
Or, la France est trop petite pour deux collectifs de théâtre révolutionnaires.
Un premier roman corrosif, tendre. Et révoltant. -
La voilà, suspendue entre nous et l'Afrique, dramatique et suave, inquiétante et très douce, noire de lave et d'obsidienne, verte de raisin de Zibibbo, de câpres et d'olives, bleue de lac, indigo de mer. La voilà, l'île aux multiples noms : Yrnm, Cossyra, Qawsra, Bent el-Rhia, Pantelleria.
Pantelleria, la dernière île.
Pantelleria est beauté. Exubérante de vents, de mer et d'odeurs. De volcan. Sa nature extrême a, à travers les millénaires, exigé de trouver des solutions, de disputer, pierre après pierre, la terre à la lave, à opposer l'intelligence à la férocité du sirocco et du mistral. Île d'accostages sans fin, elle a été phénicienne, romaine, byzantine, arabe, normande, espagnole. Pantelleria n'est pas seulement une frontière géographique, c'est une frontière qui accueille, c'est un lieu qui nous rappelle à quel point est fragile et en même temps exceptionnelle la condition humaine. -
Lamento est une histoire d'engouement sauvage.
Une complainte hypnotique sur le fait de tomber amoureux.
Mais pour ne pas rester qu'un feu de paille, comment transformer le coup de foudre en un amour durable, en un amour quotidien ?
Vingt ans après la fin de son mariage, une femme écrit pour sa fille l'histoire d'amour dont elle est le fruit, et lui adresse son Lamento, la lamentation sublime d'un désir qui refuse la domestication, d'un coup de foudre trop pétri d'absolu pour résister aux déceptions du temps.
Nous lisons ce roman dans un état proche de la transe et oublions pendant quelques heures le monde qui nous entoure. La transformation de l'amour a rarement été décrite de manière aussi impitoyablement brutale et en même temps aussi lyriquement belle que dans Lamento.
Madame Nielsen est une artiste totale, romancière, performeuse, compositrice, chanteuse multigenrée. Née sous le nom de Claus Beck-Nielsen en 1963 à Aarhus, au Danemark, elle est morte sous cette identité en 2001, et a organisé ses obsèques, pour renaître sous les traits de Madame Nielsen en 2013. Elle a été nominée trois fois pour le Prix de littérature du Conseil nordique, son oeuvre littéraire est traduite en neuf langues.
Pionnière du biographisme performatif et de l'autofiction scandinave, elle nous entraine, dans son sublime Lamento, avec l'absolu et l'audace qui la caractérisent, dans un jeu ouvertement mensonger avec la réalité en imaginant ce que c'était que d'être mariée à l'homme qu'elle était. -
De passage dans une ville sans nom, une femme, dont nous ne connaîtrons pas l'identité, entre au musée.
Au cours d'une déambulation distraite, elle est saisie par le Saint Sébastien soigné par Irène, de Georges de la Tour. Devant l'attitude d'Irène, tout en tendresse et en compassion, la femme va revivre les errements d'une histoire d'amour passée.
En parallèle, nous suivons Georges de la Tour à Paris, pendant la création du Saint Sébastien, alors qu'il a pour projet de présenter le tableau au roi de France.
Deux voix se font écho, celle du peintre et celle de Laurent, son apprenti, chargé de copier le tableau.
Au fil des deux histoires qui se chevauchent, avec la toile pour fil conducteur, les deux époques s'entre- lacent, se complètent, jusqu'à donner chair au récit.
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Dans l'Odyssée d'Homère, la nymphe Calypso dispa- raît du récit avec le départ d'Ulysse, qu'elle a échoué à retenir. C'est à cet instant précis que s'ouvre le roman d'Anne Luthaud : Calypso quitte sa maison, son village, sa vie - à quoi bon rester puisqu'Ulysse est parti ? Commence alors l'errance de celle qui refuse désormais les attaches, les lieux qui rassurent et enferment à la fois. Elle marche, se laisse envahir par les images, se souvient aussi de sa vie avec Ulysse.
Les images de Calypso sont le contrepoint de celles de l'autre personnage central, Simon. Le jeune homme, lui, vit entouré d'écrans, à peine sort-il de sa chambre pour s'aventurer dans un Paris bien terne en comparaison des possibles démultipliés que lui offre son univers numérique. Il y rencontre des figures vir- tuelles, d'autres bien réelles, il suit, traque les gens, les mouvements de la vie.
Les trajectoires de Calypso et de Simon finissent par se confondre, les images de l'une, bien réelles, se retrouvant dans les écrans de l'autre. Les deux figures se croisent alors, sans le savoir, au cours de leurs odyssées respectives. Jusqu'à s'effleurer en vrai, qui sait ?
Anne Luthaud nous livre une belle fable sur notre monde enseveli sous les images, celles que l'on récolte, que l'on recherche, et celles que l'on subit aussi à chaque seconde.
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« J'ai écrit ces textes dans des carnets, des cahiers, sur des pages volantes, des agendas, des tickets, des listes, des enveloppes, des marque-pages ou dans mon téléphone ; je les ai écrits dans les gares, les trains, les hôtels, les cafés, chez moi, dans le métro, en ville et en d'autres lieux.
La poésie demeure pour moi comme une apparition, une attention portée à l'infime, comme le surgissement d'un éclat fugace au coeur de nos vies. L'éclosion d'invisibles soleils. Peut-être, à cet instant-là, les mots peuvent-ils saisir quelque chose de ce jaillissement.
Elle est le regard nu, débarrassé de ce qui pèse, de ce qui encombre, elle est le retour à la source, la lumière qui s'attarde sur un mur, le frémissement qui parcourt un visage, la chaleur d'un corps aimé, elle est le mot que l'on attend et qui nous sauvera peut-être.
J'ai eu envie de vous offrir aujourd'hui cette moisson de mots cueillis jour après jour, qu'ils aient été d'orage ou d'allégresse. Mais vivants. Vivants, oui, et vibrants, toujours. » Gaëlle Josse
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« Maman a disparu. C'est pas simple. Il a fallu le redire plusieurs fois, décomposer la phrase, la prendre et la secouer. Maman a disparu. Quelle folie de phrase. Si je la chuchote, les larmes me montent et me brûlent, si je la prononce avec une voix de fer, comme un vieux robot fatigué, ma-man-a-dis-pa-ru ma-man-a-dis-pa-ru, ça me fout la chair de poule et l'impression d'une catastrophe planétaire imminente. Si je la crie, si je la jette loin sur les routes, en plein coeur de ces villes qui scintillent et grincent sous ma peau, si je la crie si fort que ma voix casse, alors je crois que ce n'est plus vraiment triste. Pas aussi triste que ça. Je dirais plutôt affolant. Sidérant. Ou encore stupéfiant. Voilà. C'est affolant sidérant stupéfiant et ça me rend le coeur dingue, et étrangement vivant aussi. »
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Requiem pour la classe moyenne
Aurélien Delsaux
- Noir sur blanc
- Notabilia
- 5 Janvier 2023
- 9782882508058
Etienne rentre de vacances avec sa famille parfaite et son apparent bien-être. Sa vie est confortable, routinière. Il mène une vie normale, c'est l'essentiel.
Quand soudain, on annonce à la radio la mort de Jean-Jacques Goldman.
Avec cet adieu au totem et au ciment des classes moyennes, Aurélien Delsaux tire à vue sur notre époque, et il la touche en plein coeur. -
Jésus vit à Nazareth avec sa mère, qui l'a eu très jeune, et son père, Joseph, un charpentier taciturne. Lorsque celui-ci abandonne sa famille sans laisser de trace, il décide de partir à sa poursuite. Ce jeune fugueur embarque avec une troupe d'acrobates pour un périple plein de surprises. C'est un Jésus humain, qui va découvrir l'amour charnel, les trahisons, la douceur et la violence. Un adolescent troublé, ancien enfant farceur, parfois blasphémateur, qui aujourd'hui veut vivre pleinement ; qui, comme chaque adolescent, est dans l'impatience d'agir. Or, dans ce monde aux lois impitoyables, sous l'égide d'une féroce domination romaine, de l'autorité des prêtres, soumis à l'arrogance des riches, à la famine, dans cette époque bouleversée par de profonds changements, nul mieux qu'un jeune garçon tourmenté par le désir, aux prises avec ses démons personnels, ne peut sentir le battement souterrain d'une révolution à venir.
Porté par le souffle épique de la jeunesse, de l'aventure, et la quête d'un mystère familial, Calaciura nous tient à sa merci, en haleine, joue avec le présage d'une destinée extraordinaire. -
L'affaire des lubies du temps perdu
Rune Christiansen
- Noir sur blanc
- Notabilia
- 2 Février 2023
- 9782882508119
« ça avait commencé par une lubie, une espèce de mission que Norma s'était donnée par désespoir. Elle voulait s'éloigner, de tout, de son appartement à moitié vide, de ce qui lui rappelait ce qui n'était plus. Elle allait se rendre sur l'île. Voilà. ».
Norma se considère solide. Pourtant, ces derniers temps, la réalité a perdu sa densité. Sa mère vient de mourir, son mari avoue ne plus l'aimer, et elle garde de sa dernière performance sur les planches un sentiment d'humiliation tenace. Sur un coup de tête, elle part rendre visite à son père, Torsten, qui s'est installé sur une petite île norvégienne, dans la vieille maison où, enfant, elle passait ses vacances.
Père et fille se voient rarement.
Dès la traversée, des événements inattendus prennent la saveur déroutante de présages. Quelle est cette présence fantomatique, ce cavalier masqué dont la silhouette se détache sur la crête d'une colline ? Y-a-t-il vraiment quelque chose d'étrange sur l'île, ou est-ce Norma qui distille du mystère dans son environnement ?
Sur la piste d'un secret de famille, le seul qui puisse lui apporter des réponses est Torsten... à moins que la vérité ne soit déjà là, enfouie en elle ?
Quels souvenirs choisit-on d'oblitérer, de quoi est faite la nostalgie, faut-il comprendre d'où on vient pour être libre ? Rune Christiansen joue avec les codes du roman policier classique et nous offre un livre au charme incantatoire ; ses mystères nous tiennent en haleine, sa poésie nous envoute. -
La condition pavillonnaire nous plonge dans la vie parfaite de M.-A., avec son marie et ses enfants, dans sa petite maison. Tout va bien et, cependant, il lui manque quelque chose. l'insatisfaction la ronge, la pousse à multiplier les exutoires : l'adultère, l'humanitaire, le yoga, ou quelques autres loisirs proposés par notre société, tous vite abandonnées. Le temps passe, rien ne change dans le ciel bleu du confont. L'héroîne est une velléitaire, une inassouvie, une bovary...Mais pouvons-nous trouver jamais ce qui nous comble ? Un roman profond, moderne, sensible et ironique sur la condition féminine, la condition humaine.
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L'auteure de La condition pavillonnaire et de Quand le diable sortit de la salle de bain signe, avec Trois fois la fin du monde, un roman complètement différent des précédents et nous fait vivre une expérience littéraire d'une grande acuité.
Après une cavale avec son frère qui se termine mal, Joseph Kamal se retrouve en prison, basculant dans un univers inhumain. Les gardes et les détenus rivalisent de cruauté retorse. Après une explosion nucléaire d'un type inconnu, il réussit à s'échapper et à se cacher dans une zone interdite. Esseulé, Joseph Kamal essaye de survivre en errant dans les maisons abandonnées. Il finit par s'installer dans une ferme désertée et se construit une nouvelle vie en phase avec la nature qui n'a jamais été aussi belle pour celui qui a pu fuir. Isolé de l'humanité, il lutte contre la déchéance et tente de garder une dignité.
Trois fois la fin du monde, qui explore un monde en voie de déshumanisation, est servi par une écriture envoû- tante, d'une force poétique remarquable. Une tension permanente rend la lecture de ce roman crépusculaire impressionnant de justesse, aussi passionnante qu'op- pressante. À la lisière de la plume féroce de Thomas Bernhard, de l'expérience psychologique du Mur Invi- sible de Marlen Haushofer et des nature writing amé- ricains, ce nouveau roman de Sophie Divry la place définitivement dans la cour des très grands.
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Jeune artiste irlandaise d'une vingtaine d'années, Frankie est entourée par une famille aimante et des amis aussi fidèles qu'anticonformistes. Mais elle ne réussit pas à percer, doute de son propre talent, et a beaucoup de mal à faire face à la vie urbaine - à la vie en général.
Pour soigner son mal-être, elle fuit alors Dublin et son animation et part se réfugier dans la vieille maison décrépite de sa grand-mère, récemment décédée, au pied d'une éolienne gigantesque, dans la campagne irlandaise, entourée par les souvenirs, les photographies et les bibelots de son enfance. Une longère perdue dans les landes.
Là, entourée par la nature, elle observe le passage des saisons, s'interroge sur sa capacité à la compassion, met sa santé mentale et son talent artistique à l'épreuve, arpente, jour après jour, le chemin accidenté qui mène vers la lumière.
Au croisement de l'autofiction et du nature writing, ce roman provoque l'émerveillement, il explore la fragilité de l'âme humaine, questionne notre perception de la réalité, le lien viscéral qui nous lie avec la nature. Et le désir, humain et impérieux, de laisser une trace. Un rappel de la beauté qui réside en toute chose, et qui peut être trouvée par celui qui accepte de s'extraire de la frénésie et de l'agitation pour poser un regard mélancolique sur le monde. -
Quand le diable sortit de la salle de bain
Sophie Divry
- Noir sur blanc
- Notabilia
- 20 Août 2015
- 9782882503848
Le roman se déroule à Lyon, il raconte en trois chapitres et à la première personne l'histoire d'une trentenaire, Sophie, chômeuse en fin de droits, souvent affamée, soucieuse d'écrire son livre et qui, sans crier gare, ne laisse aucun répit à son lecteur. Tout l'intérêt des péripéties hilarantes de Sophie porte bien davantage sur la façon dont l'auteur les racontent que sur les aventures elles-mêmes.
Nous embarquons avec fracas et drôlerie dans les turpitudes d'une jeune femme qui subit son isolement de par sa condition d'ascète forcée. Forcée par elle ou par le destin, c'est la sempiternelle question philosophique que soulève également ce roman : la place de l'homme au chômage dans notre société.
Tour à tour caustique et désopilante, l'auteure ne laisse rien passer à ses personnages pour faire une critique décapante et cocasse des besoins de l'homme pour se fondre et se valoriser dans la société, la famille et le travail comme constituants indispensables à l'embourgeoisement auquel, tous finalement aspirent.
Une fois encore, Sophie Divry nous réveille et nous charme avec ce roman. On jubile de sa dérision et parce qu'elle n'épargne personne, ni elle-même, ni les autres, ce qui met d'autant mieux en relief les mesquineries de la nature humaine. Facétieuse, elle jongle et nous épate avec la langue, les mots, le style, qu'elle manie avec brio et on la laisse faire, ravis de se laisser emporter.
« Ce roman raconte une histoire : la recherche d'emploi d'une jeune précaire.
Sans prétendre dresser un tableau objectif du chômage, je voulais que ce livre reflète quelque chose de nos misères contemporaines, quelque chose d'à la fois prosaïque et urgent, du ressort de la nécessité économique. »