Condamné à la prison à perpétuité en 1968 et libéré en 2000, Notarnicola n'est pas seulement un précurseur de la guérilla urbaine d'origine populaire, il est aussi un symbole des risques et de la dignité de la révolte sous-prolétarienne.
Une hutte au bord d'une plaine aride. A l'intérieur de la hutte un chaudron. Une jeune femme à la bouilloire, remuant le lait avec sa harpe. Peu de lumière passe par la fenêtre, où une vieille femme en habit d'officier se tient debout et fume. Dans cette immobilité, les deux femmes dont la vie pourrait difficilement être plus différente. L'aîné a étudié et fait carrière en politique, le plus jeune s'occupe d'une petite ferme et de deux enfants. Malgré leurs différences, les deux femmes partagent un lien fort, elles sont mère et fille.
«Les Alouettes» brisent les silences qui cadenassent les violences faites aux femmes, ces silences qui sont une autre forme de violence déjouée grâce à la force des mots, grâce à la force des femmes. Ce livre est issu de rencontres de Perrine le Querrec auprès de femmes qui ont partagé les violences qui ont fauché leur vie. De leurs mots elle compose les textes des Alouettes. Voici ce qu'écrira Agnès, une des participantes, à l'issue de ce travail : « ... j'avais participé à quelque chose qui me dépassait. Quelque chose qui était mon histoire, mais aussi celle des autres femmes ayant pris part à l'exercice et celle de ces sÅ?urs inconnues qui peuvent se reconnaître dans ces poèmes. La force des mots qui sont les miens, traduits sous une forme qui les rendent universels. C'est moi, oui, mais il n'est plus question de moi. Il est question, de moi, de toi, d'elle, de chacune qui a pu vivre des choses inacceptables. »
Situé à Paris à l'époque contemporaine, le roman décrit la montée en puissance d'un homme politique démagogue et charismatique par les yeux de deux personnages que tout semble opposer, un écrivain désabusé qui connaît et aime la Suisse, et un employé d'une usine agro-alimentaire de la proche banlieue.
Cette civilisation mondiale implose mais, pour la première fois dans l'histoire, en sachant exactement pourquoi et en ayant les moyens pour l'éviter. Ce phénomène est totalement nouveau et mérite que l'on y réfléchisse. Cette chute est d'autant plus passionnante qu'elle ne concerne pas seulement nous, les humains, mais aussi la majorité des êtres vivants. Ce livre se divise en deux chapitres. Le premier, décrit les mécanismes de destruction des sols, de la biodiversité et de l'humain ainsi que ceux de la pollution de l'eau et de l'air. On ne peut, en effet, rien réparer si on ne connaît pas les mécanismes de destruction. Le deuxième, décrit, sans avoir la prétention d'être exhaustif, dix raisons fondamentales de notre inaction. On ne pourra, en effet, réagir que si nous analysons et comprenons les causes profondes de cette inaction. Ce livre propose une pensée radicale, c'est-à-dire une pensée qui analyse les problèmes à la racine.
Marlène Van Niekerk retrace la vie d'une famille blanche pauvre, les Benade, au cours des deux mois qui ont précédé les premières élections libres en Afrique du Sud, en novembre 1994.
En criant sa propre souffrance, Agapé hurle celle des autres aussi. Agapé nous donne le ton : l'écriture s'impose telle la faim, elle est affaire d'existence.
Sa poésie épigrammatique et mélancolique est un hymne au corps et à la différence, d'une simplicité tout apparente. Sans tabous et sans complaisance, elle explore les affects et les sensations. S'y dégage une fièvre et une «étrange joie de vivre» qui parlent puissamment, aujourd'hui encore, au lecteur contemporain. «En réalité, son éros indiscipliné, si gracieux, béat et innocent - d'un genre si alexandrin et donc inoffensif - présente une des symptomatologies les plus dramatiques qu'ait exprimé la poésie. Mais sur un ton, bien sûr, de candeur sensible, de fraîcheur, de jeu, de feinte moralité, fidèle en cela à la conscience morale et esthétique fragmentaire du poète. » Pier Paolo Pasolini (1960). Ce recueil reprend le volume de poèmes choisis par Sandro Penna pour l'édition Garzanti de 1973.
Fusil est un roman imprégné par le secret et l'entrave familiale, soutenu par une écriture poignante. L'arme du titre plane comme une menace sur un couple qui ne trouve pas à s'aimer dans la durée. Certains objets, utilisés en intitulés de chapitres, ont guidé l'écriture du texte.
«Je suis noir de monde...», chantait Alain Bashung.
Les absents continuent à bruisser. Tant de voix et de visages nous hantent, qu'un récit peut faire revivre le temps de la lecture. Salué par la presse et la critique lors de sa parution en 2010, Fantômes est désormais augmenté de huit nouvelles inédites.
« Dans cette plongée en eaux profondes, Fantômes est une belle réussite esthétique et littéraire. » (Virginie Mailles Viard, Le Matricule des anges, Montpellier, 2010)
Dans les célèbres romans policiers de Friedrich Dürrenmatt, Le juge et son bourreau et Suspicion, il y a de nombreuses allusions aux échecs ; dans sa Conférence sur Albert Einstein, Friedrich Dürrenmatt a également fait référence au jeu d'échecs créé par Dieu, dans lequel nous, les humains, agissons plutôt impuissants (un fragment de cette conférence est inclu dans cet album). Cette réimpression du très beau volume d'Officina Ludi, Le joueur d'échecs, avec des illustrations de Hannes Binder, est une bonne occasion d'aborder le passionné d'échecs et philosophe amateur suisse Dürrenmatt. Les échecs, un jeu qui met la vie en danger : c'est ainsi que l'auteur suisse (1921-1990) l'a dépeint de façon très précise dans son projet Le joueur d'échecs, retrouvé dans sa succession. Lors des funérailles de son prédécesseur, un jeune procureur rencontre un juge plus âgé qui était ami avec le procureur décédé et jouait régulièrement aux échecs avec lui. Aujourd'hui, les deux avocats veulent perpétuer cette tradition et s'arrangent pour jouer leur premier match. Mais avant que le premier coup ne soit joué, le juge avoue qu'il a dû jouer aux échecs selon des règles spéciales lors des premières parties mensuelles - et que ces règles devraient désormais s'appliquer également à leurs futures parties: Les pièces d'échecs doivent incarner certaines personnes, que chaque joueur peut décider pour lui-même, mais la reine doit être la personne la plus proche du joueur - par exemple, sa femme. Les évêques et les chevaliers peuvent être incarnés par des pasteurs, des enseignants, des avocats ou des officiers sympathiques, et les pions représentent des citoyens ordinaires tels que la bonne ou le laitier. La chute effrayante est que chaque personnage perdu dans le jeu signifie la mort de la personne réelle représentée: cette personne doit être tuée, et ce n'est qu'alors que le jeu peut continuer. Et celui qui est mis en échec doit se suicider - ce qui signifie qu'une partie peut durer des dizaines d'années, car chaque coup doit être bien réfléchi, après tout, un faux pas peut signifier sa propre sortie.
Du désarroi et de la colère est le dernier ouvrage de Jacques Roman, formant un tableau sublime de deux volets pouvant se rabattre l'un sur l'autre. À partir de plusieurs réflexions philosophiques, poétiques et introspectives, exigeantes de vérité, il tente de contourner l'ennui et d'arracher sans faillir la mauvaise herbe des jours qui passent.
Après Les rêves d'Anna, voici la traduction en français par Véronique Volpato de Cara Clarissa, une histoire féminine. Giulia est venue en quête de paix, ou peut-être pour se retrouver, dans un chalet isolé des Alpes suisses. Ce n'est pas elle qui se retrouvera, mais son passé qui frappera à la porte, qui ouvrira une lueur dans sa mémoire et qui l'obligera à résumer une vie dont elle ne sera peut-être pas satisfaite. L'angoisse d'une feuille blanche et d'une lettre qu'elle ne peut pas continuer, devient le moyen d'atteindre une relation plus intime avec elle-même et de creuser, chercher et mettre en lumière des éléments d'un passé resté irrésolu. Une écriture claire, impitoyablement précise, qui exalte le détail et fouille dans la vie de la protagoniste, nous tient en haleine jusqu'à l'épreuve de force finale. Dans une alternance continue entre le présent et le passé, Giulia recompose une histoire personnelle, en proposant un drame féminin entre devoir et plaisir, facilité et satisfaction, nous conduisant à une solution inhabituelle.
La payîsanna est un petit roman cyclique composé d'un prologue et de cinq parties, de l'automne à l'automne. Le texte est parsemé de mots de dialecte qui font écho au titre et sont expliqués dans un glossaire.
La narratrice, qui ne sait trop que faire de sa vie après une séparation douloureuse, décide de travailler dans une ferme des Grisons. Elle vit dans la villa en ruine de ses grands-parents, hantée par le fantôme de sa grand-mère récemment décédée et avec qui elle converse souvent. Son ex-compagnon a pris le large, mais il revient lui aussi constamment dans les souvenirs de la jeune femme qui s'adresse à lui comme s'il était présent. Plusieurs voix s'entrelacent de sorte à dérouter le lecteur qui ne sait plus s'il est parmi les vivants ou les morts. Le personnage de la paysanne, entre silences qui en disent long et vérités laconiques, se situe, selon l'auteure, « entre le monde des animaux et celui des hommes.
Entre le monde de la parole et celui du silence. Entre le monde des vivants et celui des morts. Elle est une sorte de charnière, c'est pourquoi elle est la figure centrale du livre ». Si la grand-mère de la narratrice ne trouve pas de repos dans la mort et Johnny Cash surgit d'une cassette pour fumer des cigarettes réconfortantes, les animaux, les nuages galopants, les tasses de la cuisine, le clocher du village et même le tracteur ont une âme et semblent parler : tous les éléments terrestres ont une signification particulière pour Noëmi Lerch qui s'inspire du réalisme magique de la littérature sud-américaine du XXe siècle : « Elle écoute les pulsations des choses, des êtres, même des machines et des pierres. » La prose poétique de Noëmi Lerch est empreinte de mélancolie, des frontières floues entre début et fin, entre naissance et mort, comme le montrent les réponses simples et justes de la vieille paysanne aux questionnements de la vie.
Suite à un meurtre, Camille, jeune veuve, se voit contrainte de fuir son village. Traquée par des hommes qui cherchent vengeance, elle se réfugie dans la grande ville. Mais le vrai danger qui la poursuit ne va lui laisser aucun répit : une jalousie perfide veille et s'insinue dans ses veines. Le diable crie dans les veines de Camille. Camille est jalousie. Elle cherche en vain celui qui ne la décevra plus et de village en village, de misère en misère, répand son venin. Mais le passé rattrape Camille. Alors elle fuit, se cache derrière les murs de la grande ville, loin des hommes qui la traquent.
Le « manger-Mains est un projet d'autonomisation de l'alimentation de la personne atteinte de la maladie d'Alzheimer.
En effet, à un certain stade de la maladie, le patient perd complètement la notion d'utilisation des ustensiles de cuisine tels que fourchettes, couteaux ou cuillères.
L'alimentation est un besoin vital et, par conséquent, une condition indispensable à la vie. Il n'en reste pas moins que les repas représentent non seulement une source de plaisir, de convivialité et d'échanges, mais également un moment extrêmement privilégié où l'on s'occupe de son corps et de son esprit.
Dans l'accompagnement de personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer, le respect et la stimulation de l'autonomie font partie des priorités des équipes soignantes. Cette règle est aussi valable en ce qui concerne l'alimentation, étant donné que les trois repas principaux et le goûter prennent beaucoup de place dans la journée du résidant.
Ce « manger avec les doigts » a toujours, dans l'esprit des gens, une certaine connotation de saleté, de mauvaise éducation et de régression mentale. De ce fait, il s'agit, pour le projet du « Manger-Mains » de faire en sorte qu'il soit accepté que la personne puisse se servir de ses doigts pour prendre une nourriture adaptée et ce, sans jugement.
Pour illustrer ce projet, un ouvrage a été publié. Il a été présenté au Congrès International de Gérontologie, à Bruxelles, ainsi qu'au Congrès de Soins Infirmiers à Paris, où il a rencontré un vif succès. A ce jour, il a été vendu à près de 1000 exemplaires auprès des institutions romandes. Des conférences sont données auprès des Ecoles de soins romandes, et auprès de certains établissements. Une formation pour cuisiniers sur la technique du « Manger-Mains » a été mise en place.
Dans son nouveau roman, Dans l'attente d'un autre ciel Damien Murith nous livre avec pudeur son texte le plus intime et le plus maîtrisé à ce jour, en revenant sur les épisodes les plus poignants de sa propre enfance. Le récit d'une jeunesse douloureuse qui se lit le souffle court et les sens en alerte. Son écriture terriblement juste et incisive nous plonge dans l'atmosphère étouffante et poisseuse dans laquelle est contraint de vivre Léo. Victime du manque d'amour, de l'angoisse et de la solitude auxquels la folie de sa mère le confronte. Une mère abandonnée par son mari qui à son tour délaisse son enfant. Une femme démunie face à la réalité de l'échec de son mariage qui s'emmure dans un syndrome de Diogène, naviguant entre la dépression, le déni et des phases maniaques (voyage à l'étranger, nettoyages). Figure maternelle qui s'empare ponctuellement de la narration et nous éclaire sur à sa propre souffrance psychique. Les lueurs, bien que fugaces, laissent entrevoir un réel espoir.
Assises devant les maisons, les femmes raccommodent les mailles déchirées des filets. Leurs doigts sont gercés ; par habitude ils ne saignent plus.
Après l'usine, les hommes vont boire. Les coudes s'alignent le long du zinc, les bouches pâles tètent sans phrases des verres troubles et amers. La première gorgée coûte, les autres suivent sans peine.
«La lucidité de la douleur / L'évidence de l'erreur / La nostalgie de l'amour / Le courage face à l'horreur / Le souvenir de cette douleur». Qui parmi nous n'a pas un parent - quand il n'est pas personnellement touché - pris dans la tragique catastrophe de la pandémie de Covid-19 ? Que deviennent-ils, que deviennent les personnes âgées, souvent abandonnées à un carnage digne d'une peinture expressionniste ? Faisant parfois écho au Livre des morts tibétain, le poème de Fabio Pusterla lance un cri aigu et sincère: il évoque l'horreur et la dégradation de ce qui s'est passé, et se passe malheureusement encore parfois, dans les maisons de retraite.
Les protagonistes de ce roman sont cinq jeunes femmes - certaines d'entre elles très jeunes - vivant à des époques différentes, sur la durée d'un siècle. Mais la flèche du temps file à l'envers, le roman recule de 2012 aux années de la Grande Guerre. Les cinq protagonistes n'ont pas de liens de parenté, et pourtant elles s'inscrivent dans une généalogie ;
Elles sont unies par le fil rouge de la transmission, parce que chacune passe à une autre quelque chose d'important : de la force, du désespoir, ou les deux à la fois. Et dans leur inconscient à toutes revient une même image, créée par une artiste folle : une femme au port de reine, scintillante de bijoux, aux épaules puissantes et aux seins généreux - mais à la place des yeux elle a deux amandes bleues, pour ne pas voir la douleur du monde.
Les cinq histoires se déroulent dans différents pays - Italie, Écosse, Suisse romande, France. Dans chacune des histoires, aux côtés de la protagoniste, apparaît une autre femme, plus âgée, qui sera la protagoniste de l'histoire suivante, c'est-à-dire celle qui vient après dans la lecture, mais qui la précède dans l'ordre du temps.
Fabiano Alborghetti raconte l'histoire de Bruno, «mangeur de maïs » issu d'un milieu paysan pauvre de l'Ombrie, qui, sans le sou, vient chercher du travail au Tessin dans les années 1950 avec sa famille. Bruno et sa femme Fermina sont d'une modeste situation à Mendrisio avec dans leur coeur une Ombrie disparue. De l'après-guerre à nos jours, nous suivons le destin d'un petit homme humble et digne, déchiré entre deux pays. Un destin qui n'est pas sans nous rappeler l'histoire trop souvent oubliée de tant d'autres immigrés. Maiser est un roman qui reconstitue avec grande justesse une réalité socio-historique tout en renouvelant la tradition de la narration en vers. Le succès de l'oeuvre réside avant tout dans la manière dont elle est racontée. Alborghetti choisit la forme épique de l'épopée en vers afin de rendre hommage à ses héros, des gens simples au destin invisible.