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Citadelles & Mazenod
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LE LIVRE Quelques années après sa mort, Rembrandt van Rijn fut accusé par l'avocat et dramaturge néerlandais Andries Pels d'avoir été le premier hérétique de l'art de peinture. Il met notamment en cause la manière insuffisamment idéalisée dont le peintre a représenté les corps féminins, mais aussi le mépris que Rembrandt affichait à l'égard des modèles antiques et des grands maîtres de la peinture européenne.
À rebours de cette approche, cet ouvrage propose de prendre au sérieux les propos de Pels, en les rapportant aux choix de Rembrandt, qui, durant sa vie et sa carrière, n'a jamais cessé d'affirmer sa singularité vis-à-vis de ses maîtres et de ses contemporains.
Cette singularité biographique et artistique est envisagée dans cet ouvrage à travers la notion d'originalité qui, depuis l'Antiquité et, a fortiori, à partir de la Renaissance et des prémisses de ce qui constituera, au XVIIe siècle, la Querelle des Anciens et des Modernes, devient l'un des enjeux centraux de la critique poétique, rhétorique et artistique. En se présentant comme un peintre et un graveur original, qui fait valoir la primauté de ses choix artistiques, l'authenticité de ses oeuvres et le caractère inimitable - et odnc sans cesse imité - de sa manière, Rembrandt jette ainsi les bases d'une nouvelle conception de la peinture, où la critique des règles de l'art et les enjeux associés à la visibilité du génie se heurtent de façon volontairement polémique aux principes de l'imitation. -
Née en novembre 1887 dans le Wisconsin, Georgia O'Keeffe étudie à l'Institut d'art de Cicago et à la Ligue des étudiants en art de New York. Figure incontournale du cercle d'Alfred Stieglitz, éminent photographe et galeriste new-yorkais dont elle sera la muse et la compagne, elle est au centre de l'effervescence de l'art américain au début du XXe siècle.
Tout au long du siècle, elle dessine en pionnière une voie qui lui est propre, entre figuration et abstraction, modernisme et primitivisime, végétal et minéral, nature et architecture. Ses vues urbaines, ses fleurs, ses paysages hypnotiques - rives sylvestres du Lake George, plaines et canyons du Texas, panoramas désertiques du Nouveau-Mexique ... -, ses squelettes et os d'animaux, souvent en gros plans, forment des motifs récurrents qui s'inscrivent dans un courant biomorphique et subjectif en rupture avec l'abstraction géométrique.
À travers cette monographie de référence, Citadelles & Mazenod invite ses lecteurs à célébrer l'originalité et la singularité d'une artiste visionnaire, en présentant un panorama iconographique d'une ampleur sans précédent. -
LE LIVRE À la fin du XIXe siècle au sein du groupe des Nabis, Bonnard participe activement à la construction de la modernité esthétique. Sa peinture propose des formules inédites et radicales de transformation de l'espace et de la narration. Il milite en faveur d'un art décloisonné englobant toutes les techniques et abolissant la hiérarchie traditionnelle des genres. Amoureux de l'art du Japon et des estampes en particulier, l'artiste adopte leur formule d'un espace bidimensionnel et l'utilisation d'aplats de couleur. Le déferlement des avant-gardes au début du xxe siècle relègue Bonnard à l'arrière-plan de la scène artistique parisienne. Discret et modeste, le peintre poursuit avec opiniâtreté ses recherches révolutionnaires sur la couleur, la lumière, la matière et l'espace, puisant son inspiration dans son environnement familier tout en se faisant l'écho des angoisses du monde contemporain.
Abordant toutes les facettes de sa création selon un découpage combinant chronologie et thématiques, ce livre révèle la variété des sujets d'un oeuvre nourri par l'intimité, les lieux où il résidait - Paris, la Normandie, la côte d'Azur - et ses sociabilités. Il éclaire également les enjeux esthétiques qui sous-tendent son engagement dans la voie de la modernité pour donner la pleine mesure de son génie. La justesse de ses sensations visuelles, traduites par des variations infinies et subtiles de couleurs et de formes, fait de Bonnard un artiste universel qui ne cesse de nous émerveiller. -
LE LIVRE Après trois siècles d'oubli, une poignée d'historiens d'art assemble depuis 1915 les pièces du puzzle Georges de La Tour (1593-1652). La vie et l'oeuvre de l'artiste restent aujourd'hui encore nimbés de mystère. Lorrain, vraissemblablement formé à Paris et en Italie, La Tour s'installe à Lunéville en 1616 où il assoit d'abord une réputation de peintre régional avant de séduire une clientèle parisienne pour enfin gagner le rang de fameux peintre de Louis XIII. Ses coloris chatoyants et sa science du dessin ouvrent la voie à la fin des années 1630 aux nocturnes, d'une simplification sans précédent.
Examinant méticuleusement les oeuvres, Jean-Pierre Cuzin parvient à recomposer la création de l'artiste en la situant dans sa biographie, si lacunaire soit-elle. Il apporte un nouvel éclairage sur le corpus du peintre (oeuvres attribuées, copies, d'atelier ou de suiveurs) faisant le point sur les derniers travaux de recherches. Son propos est servi par une iconographie abondante et de grande qualité ainsi que par de nombreux détails d'oeuvres. Par leur sublime obscur, la douceur de leurs silhouettes, cet attendrissant sentiment de candeur qu'ils dégagent, La femme à la puce, Madeleine, Saint Joseph et l'ange, Le Nouveau-né, nous hanteront encore longtemps. -
LE LIVRE Rien ne nous empêche d'aimer Chagall, quand bien même nous ignorons la tradition où le folklore judaïques. À une période où la peinture proclame l'indépendance descriptive de la couleur et de la forme, l'imagination poétique du peintre, qui l'éloigne de toute imitation, la richesse chromatique de son univers pictural, son travail sur la légèreté et les transparences assurent à Chagall une place de choix dans le panthéon de la modernité.
Le peintre n'a, du reste, jamais renié sa dette envers l'avant-garde parisienne et ses différentes expressions (fauvisme, cubisme, orphisme, futurisme).
Ses fables dessinent un village juif, ancré dans ses traditions mais confronté à un monde russe en transformation. Un monde où la synagogue côtoie les clochers des églises, où des paysans robustes sont conviés à une cérémonie de noce célébrée selon les rites hébraïques. Des visions souvent énigmatiques, où se mêlent la culture yiddish et l'art populaire russe, le judaïsme et le christianisme, le rationnel et l'absurde.
Itzhak Goldberg est professeur e me rite d'histoire de l'art contemporain a l'universite Jean Monnet de Saint- E tienne. Critique au Journal des Arts,il est e galement conseiller scientifique (George Grosz, Emil Nolde, Oskar Kokoschka, Alexej von Jawlensky...) et commissaire d'expositions : « La Promesse d'une ville » (Paris, Galerie Univer, 2010), « L'autre visage » (Paris, Galerie Univer, 2015). Il est l'auteur d'un grand nombre de publications, parmi lesquelles Jawlensky ou le visage promis (1998), Le Visage qui s'efface - de Giacometti a Baselitz (2008), L'art du Vide (2017), L'Expressionnisme et Face au visage (Citadelles & Mazenod, 2017 et 2023). -
Vermeer ; la fabrique de la gloire
Jan Blanc
- Citadelles & Mazenod
- Les Phares
- 5 Mars 2014
- 9782850885792
LE LIVRE Souvent considéré comme l'un des peintres majeurs du Siècle d'or hollandais, au même titre que Frans Hals ou Rembrandt, Johannes Vermeer a fait l'objet d'un nombre considérable d'études et de publications. Celles-ci le réduisent généralement à deux images : celle de l'artiste génial replié dans son superbe isolement, construite au XIXe siècle par Thoré-Bürger ; ou celle du peintre moderne avant l'heure qui, selon Daniel Arasse, s'interroge sur les définitions et les limites théoriques de son art. En se fondant sur les travaux les plus récents qui ont été menés sur Vermeer et sur un examen comparatif des pratiques du peintre et des théories artistiques formulées en son temps, mais aussi sur une confrontation systématique de ses oeuvres avec celles de ses contemporains, cet ouvrage propose de sortir de cette alternative en mettant l'accent, pour la première fois, sur la manière dont l'artiste a consciemment construit sa carrière autour de l'ambition de fabriquer sa propre gloire. Trente-sept tableaux authentifiés comme étant de la main du maître sont ainsi précisément analysés par Jan Blanc - parmi lesquels on retrouve la fameuse Jeune Fille à la perle ou la Laitière, mais également des oeuvres moins connues comme la Jeune Femme au chapeau rouge.
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L'incorrigible anticonformiste qu'était Paul Gauguin a métamorphosé le processus de création artistique et ouvert la voie aux générations futures. Il fallut pourtant attendre les dernières décennies du XXe siècle pour que l'on mesure véritablement la portée de son oeuvre. On connaît bien le peintre, même si l'on n'a pas toujours conscience de ce que son originalité a de radical. Son travail novateur dans le domaine de la sculpture, de la céramique, du dessin et de la gravure ne reçoit en revanche que depuis peu toute l'attention qu'il mérite. Quant à ses théories révolutionnaires sur les matériaux et les techniques, elles se sont propagées très lentement à l'ensemble des arts visuels.
Ce livre examine la production artistique de Gauguin dans sa totalité, retraçant son évolution de jeune peintre du dimanche autodidacte jusqu'à l'artiste majeur, dont l'oeuvre pèse sur l'orientation de l'art moderne. Confrontant vie privée et vie publique, mythe et réalité, il propose un aperçu de l'art de Gauguin par le biais d'une sélection d'oeuvres qui révèlent l'interdépendance des idées et des médias au long de son parcours.
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Le personnage de légende qu'est devenu Toulouse-Lautrec (1864-1901) - forgé autour de ses origines aristocratiques, de son infirmité congénitale et d'une vie aussi brève que nourrie d'excès - a longtemps masqué l'originalité profonde de son travail d'artiste. Sans négliger les incidences d'une biographie romanesque, il est nécessaire de reconsidérer l'oeuvre : plus de 700 peintures, quelque 5000 dessin et près de 400 lithographies et affiches.
Replacé dans le contexte socio-culturel foisonnant de la fin de siècle, sa carrière se déploye sur une douzaine d'années, le conduisant à varier les techniques, à enrichir les matières, riches et brillantes, à jouer subtilement des couleurs vives, claires, rehaussées de noir, avec un goût indéfectible pour le portrait, non sans puiser aux sources de l'art japonais.
Lautrec est l'un des rares artistes internationalement reconnus dont la faveur exceptionnelle tient pour partie à ses sujets équivoques, dont la prostitution. À une époque de grand conformisme, c'est la singularité qui l'inspire, le menant à créer sa propre voie, hors des conventions sociales, morales et artistiques, passant du milieu fermé de la noblesse à la bohème de Montmartre, du câteau des comtes aux cercles de l'avant-garde. -
Hopper, peindre l'attente
Emmanuel Pernoud
- Citadelles & Mazenod
- Les Phares
- 3 Octobre 2012
- 9782850885365
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Grand peintre du Siècle de Louis XV, Jean Siméon Chardin a su se démarquer de ses contemporains et marquer l'histoire de l'art de son empreinte si particulière.
Artiste incontesté des scènes de genre et des natures mortes, il a su dépeindre la vie dans ce qu'elle a de plus éphémère et de plus précieux. Peintre des moeurs bourgeoises du XVIIIe siècle, il nous plonge dans l'intimité des élites parisiennes, dépeignant souvent des figures de femmes ou d'enfants. Sa touche lumineuse et réaliste révèle la froideur cadavérique d'un gibier ou encore l'aspect fascinant d'une raie et de ses entrailles, ce monstre étrange ainsi que l'appelait Marcel Proust.
Aspect moins connu de son oeuvre, ses autoportraits et portraits au pastel ont également joué un rôle important dans sa carrière lui permettant d'affiner sa technique et de maîtriser pleinement le dialogue des couleurs. -
Quel regard pouvons-nous poser sur l'oeuvre d'Eugène Delacroix dont le 200e anniversaire a été célébré en 1998 ? Pour répondre à cette question l'auteur interroge les tableaux sous l'angle de leur modernité, en les situant dans leur contexte européen. Privilégiant l'imagination, Delacroix a libéré la force créatrice de l'individu et ouvert des voies entièrement nouvelles. Comme l'écrivait Baudelaire, il est le chef de l'école moderne.
Dans cet ouvrage, il n'est pas seulement question de ses principaux tableaux et peintures murales, mais aussi de son activité de graveur, de ses dessins et croquis, ainsi que du processus de son travail artistique. Vie et oeuvre sont ici mis en relation, de manière à montrer les interférences des différents thèmes, et à mettre en évidence les évolutions. L'auteur dégage des correspondances qui font apparaître Delacroix comme un critique engagé de son temps. Les recherches sur les rapports de l'esthétique et la violence, de l'érotisme et du pouvoir, de la civilisation et la barbarie, de la révolution politique et de la révolution artistique, se reflètent avec une grande intensité dans ses tableaux.
En posant sur Delacroix un regard neuf et étranger, Peter Rautmann dévoile l'oeuvre de ce grand peintre. Le lecteur découvrira ici de nouvelles facettes de l'artiste, à travers l'iconographie exceptionnelle : oeuvres méconnues, rarement photographiées, provenant de collections publiques ou privées, françaises ou étrangères. Un très grand et beau livre, pour l'un des plus grands noms de la peinture. -
Synthèse de la vie et de l'oeuvre de l'artiste, ce livre incorpore les découvertes et analyses les plus récentes, mettant en valeur des aspects désormais mieux connus de sa carrière. Jeune peintre andalou, Vélasquez poursuivit avec constance sa marche vers les honneurs : devenu "peintre de la chambre" du roi Philippe IV, il obtient l'un des plus hauts postes du palais : grand maréchal, il est anobli et nommé chevalier de Santiago. Décorateur, il a introduit le grand art baroque italien à la cour d'Espagne, en particulier à l'Alcázar de Madrid ; dans ce château, son chef-d'oeuvre a été la salle des Miroirs, comparée à la Galerie des glaces de Versailles. Il était chargé de l'acquisition de sculptures et peintures italiennes et flamandes par Philippe IV. Ces aspects désormais mieux connus de sa carrière rendent plus lucide l'analyse de ses oeuvres.
Toutes les oeuvres attribuées à Vélasquez sont ici analysées ou mentionnées. On voit l'artiste passer des couleurs sombres et des sujets populaires de sa première période, celle de Séville, à un art différent : couleurs claires, sujets historiques ou mythologiques, portraits de la famille royale. Sa technique annonce parfois celle d'artistes du XIXe siècle. Cet ouvrage permet également de voir comment, dès ses débuts, Vélasquez a peint la vérité humaine et psychologique en faisant preuve d'une maîtrise souveraine.
Très largement illustré, principalement en couleur, le livre d'Yves Bottineau est la première étude d'ampleur publiée depuis la rétrospective de Madrid en 1990.
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Récemment, la redécouverte extraordinaire, en Espagne, d'un tableau perdu de Pieter Bruegel l'Ancien (vers 1525-1569) a fait l'effet d'une bombe et a ravivé l'intérêt que le public porte à ce grand peintre flamand. Cette oeuvre a subi les outrages du temps et est encore en restauration au Prado. Elle est néanmoins reproduite dans ce livre. Célèbre pour ses descriptions amusantes de paysans, de paysages et de tableaux à la façon de Bosch, Bruegel a également créé de nombreuses peintures consacrées à des thèmes religieux dans une époque marquée par les controverses religieuses.
Cet ouvrage examinera tout l'oeuvre de Bruegel. Tous ses dessins, ses gravures et ses peintures sur toiles ou sur panneaux seront étudiés autant dans leur forme que dans leur contenu par une analyse très actuelle et très complète. De plus, seront présentés une foule de peintres flamands de sa génération qui ont coopérés avec Jérôme Cock, son éditeur de gravures, fondateur de l'officine « aux Quatre Vents ». Celle-ci devint la plus grande entreprise de gravures, éditant des maîtres flamands et hollandais, mais également des oeuvres d'après Raphaël et autres artistes italiens. Il est intéressant de confronter Bruegel non seulement avec ses rivaux d'Anvers, mais aussi avec les peintres qui l'ont inspiré, de loin ou de près, comme Joachim Patinir, Rogier van der Weyden ou Jérôme Bosch. Les historiens de l'art trouveront certainement dans ce livre un nouveau point de vue sur l'oeuvre du peintre qui éclairera certaines de leurs propres conceptions, mais il s'agit ici d'aller également à la rencontre d'un public plus large qui découvrira, ou redécouvrira avec plaisir les facéties, les symboles, les scènes paysannes qui ont permis à Bruegel de faire un portrait sans faille de la condition humaine.
Une belle façon, à travers des détails somptueux, des reproductions en grand format, de faire le point sur la vie et l'oeuvre de ce peintre si populaire.
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Andrea Mantegna (1431-1506) est sans nul doute l'une des figures les plus insolites et les plus brillantes du Quattrocento italien. Son oeuvre, qui mêle sans relâche humanisme et références à l'Antiquité, a pu parfois intriguer amateurs et historiens d'art. Si le grand public le connaît à travers l'exceptionnel ensemble de fresques de la Chambre des Époux, qu'il a réalisé dans les années 1470 au coeur du palais ducal de Mantoue, le castel San Giorgio, le reste de son oeuvre méritait une présentation approfondie, à laquelle se livre ici Alberta De Nicoló Salmazo.
Mantegna passe son enfance à Padoue, ville de l'Italie du Nord rattachée à Venise, près de laquelle il vit le jour. Cette ville de savants et d'artistes était en quelque sorte l'université de la Sérénissime. Les vestiges antiques étaient nombreux dans la ville, qui s'enorgueillissait également de la fameuse chapelle Scrovegni décorée par Giotto, et où résidait Donatello dans les années 1450. Le maître de Mantegna, Squarcione, possédait l'une des plus belles collections de la cité ; ainsi, Mantegna se forma sous la triple protection de Venise, de Florence, et de l'Antiquité. Il faut également noter que Mantegna épousa la soeur des peintres vénitiens Gentile et Giovanni Bellini. Sa première grande commande fut l'ensemble de fresques de l'église des Eremitani, en grande partie détruites en 1944.
À près de quarante ans, il s'installe à Mantoue, où le marquis Ludovic de Gonzague l'attendait avec impatience ; la cour de ce dernier rassemblait princes lettrés et artistes, condottieri et humanistes, qui réservaient aux savants et aux peintres l'hospitalité la plus flatteuse. C'est ici qu'il réalise entre 1464 et 1470 le cycle de fresques communément appelé Chambre des Époux, (camera picta), destiné à décorer une pièce destinée à des fins privées autant qu'officielles. Cette chronique de la vie de cour des Gonzague, déployée sur trois murs est l'un des sommets du raffinement de cette première Renaissance italienne. Quelques années plus tard, l'artiste réalisa un décor non moins spectaculaire, aujourd'hui conservé à Hampton Court, Le Triomphe de Jules César, une frise de vingt-sept mètres sur trois.
À l'exception d'un bref voyage à Rome, il vécut à Mantoue jusqu'à sa mort. Il réalisa nombre de retables, portraits, scènes religieuses ou mythologiques. Parallèlement, il déploya une activité de dessinateur et de graveur, dont le catalogue raisonné figurant à la fin de l'ouvrage rend compte avec rigueur.
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L'enfant dans la peinture
Nadeije Laneyrie-dagen, Sébastien Allard, Emmanuel Pernoud
- Citadelles & Mazenod
- Les Phares
- 21 Septembre 2011
- 9782850881190
La représentation de l'enfance accompagne l'histoire de la peinture depuis le Moyen Âge. Des tableaux d'église aux tableaux de Salon, les artistes ont brossé tous les visages de l'enfance : enfants divins de la peinture religieuse ou mythologique, petits princes de l'art de cour, anges du foyer de la peinture de genre, enfant modèle du portrait de famille, sans compter tous les irréguliers de l'enfance qui n'ont pas moins intéressé les artistes, petits gueux et petits bâtards, enfants surnaturels ou démoniaques, cancres et révoltés. Cette place dévolue à l'enfance conduit à s'interroger sur les fonctions mêmes de la peinture, sur son évolution du sacré au profane et du profane à l'intime, sur son implication dans la formation des identités sexuelles et dans les pratiques éducatives, sur sa quête de naïveté primitive. Figure incontournable de la peinture, l'enfant est une grande question pour l'histoire de l'art. À travers plus de 130 artistes, du XIVe siècle à nos jours, une étude sans précédent sur le sujet.
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Issu d'une famille de pasteurs calvinistes, Vincent van Gogh a un temps caressé le rêve de vouer sa vie à la prédication avant de se tourner vers la peinture à l'âge de 27 ans et de s'y consacrer jusqu'à sa mort. Ce cheminement et la place accordée aux questions religieuses dans les lettres de l'artiste ont laissé penser que Van Gogh avait été un peintre de Dieu. Pourtant dès 1880, l'artiste se déclare athée. Au fil des circonstances et des rencontres, cette incroyance demeure une constante de sa pensée qui va guider ses choix de vie et orienter de manière décisive son oeuvre. Durant les huit premières années de sa carrière artistique, Van Gogh va faire le deuil d'une foi qu'il renie et qui le hante malgré tout. Les deux dernières années de sa vie, marquées par la multiplica-tion des crises mentales, ne feront pourtant que creuser le sillon tracé précédemment. Dans une intense fièvre créatrice, le peintre développe, à la manière de Nietzsche, l'idée que l'art doit exalter les forces du corps et du désir plutôt que les arrière-mondes de la Beauté ou de l'Esprit.
Revisitant l'ensemble de son oeuvre et s'appuyant sur une lecture renouvelée de sa correspondance, ce livre propose un regard inédit sur les relations de Van Gogh à la question de la foi. -
l'histoire de l'autoportrait est longue et séduisante.
elle remonte à l'antiquité classique, aux peintres et sculpteurs égyptiens, aux artistes grecs et puis romains. au moyen age, la représentation de soi-même est pratiquée surtout par les enlumineurs et par les artisans du vitrail. mais l'époque décisive pour l'affirmation de l'autoportrait est la renaissance. la raison en est simple: jusqu'au quattrocento l'artiste n'avait pas le statut d'intellectuel, mais seulement d'artisan; il n'était donc pas digne de la gloire inhérente à la reproduction de son visage ou de son corps.
en fait, les autoportraits anciens et médiévaux ne " ressemblent " pas à leurs exécuteurs. ils sont plutôt des signatures visuelles que des images de leurs auteurs. au xve siècle, au contraire, la personne de l'artiste est reconnue et il commence à être considéré comme partie prenante de l'univers culturel de son époque. tout d'abord, la pratique de l'autoportrait est timide et plus ou moins masquée: les artistes insèrent leurs visages dans la foule des personnages des histoires racontées.
ils se cachent, se représentant en héros mythologiques ou en figures religieuses. enfin ils arrivent à se figurer exactement comme les aristocrates, les autorités religieuses ou les riches marchands qui commandent des portraits comme affirmation de leur propre puissance. la pratique de l'autoportrait est dorénavant parfaitement fixée, et deviendra quelquefois une obsession pour certains artistes: dürer, rembrandt, van gogh, munch, dali.
ensuite, cette pratique varie, selon les idées et les goûts de chaque époque. dans la première partie du cinquecento, par exemple, l'artiste ne se montre pas devant son chevalet avec ses pinceaux en main (il veut prouver qu'il est un intellectuel à part entière). dans la seconde partie du cinquecento, il se présente toujours en train de peindre (pour prouver ses capacités techniques). dans cette seconde moitié du siècle les femmes commencent à produire des autoportraits, et il s'agit souvent d'oeuvres de jeunesse (les femmes ne sont pas reconnues en tant qu'artistes et outrepassent leurs droits en peignant un portrait, le leur).
c'est au xviie siècle que remonte la naissance de l'expression des sentiments (l'autoportrait que nous appelons aujourd'hui " psychologique"), qui deviendra typique au xixe siècle avec le romantisme. et toujours au xviie siècle apparaît la figure de l'artiste " maudit ", qui trouve son apogée avec caravage, mais que nous retrouvons au xixe siècle avec van gogh ou courbet. l'histoire de l'autoportrait, on le voit, n'est pas séduisante seulement parce que nous y trouvons les visages des grands artistes du passé.
chaque période artistique dévoile, par le biais de l'autoportrait, ses théories: sociales, culturelles, symboliques. par exemple, au moment même de la naissance de l'autoportrait dans les flandres ou dans la florence du quattrocento, les peintres doivent se poser le problème de la construction de l'image. si le tableau est un miroir qui, selon les lois de la perspective, reflète le monde, et si l'autoportrait nécessite un miroir pour se reproduire: comment montrer cette double spécificitéoe ou encore: comment se représenter, en regardant le spectateur ou en regardant un point extérieur, de profiloe la décision est contradictoire: dans le premier cas, l'artiste tutoie son interlocuteur, qui ne devrait pas exister parce qu'il se trouve devant un miroir; mais dans le second, il se montre en troisième personne, et nie alors l'existence même du miroir.
ainsi, l'histoire de l'autoportrait manifeste la complexité extrême de la réflexion des artistes sur l'art; et cela jusqu'à nos jours, quand la négation du réalisme de la représentation oblige les artistes à trouver des formules tout à fait différentes pour établir leur propre identité, des formules qui en même temps soulignent la subjectivité de l'oeuvre d'art, mais aussi la présence de l'artiste dans l'oeuvre elle-même.
l'autoportrait de l'artiste n'existe plus, l'oeuvre est toujours un autoportrait.
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Giorgio vasari qualifiait raphaël d'artiste aggraziato, " touché par la grâce ".
Sans doute est-ce l'une des plus justes manières de définir l'homme et son oeuvre. lorsque raphaël naît en 1483, à urbino, son père dirige un atelier de peinture florissant dans l'un des pôles artistiques les plus actifs de l'époque. ce père érudit forme le jeune garçon et, après sa mort prématurée, lui lègue son atelier. raphaël poursuit son apprentissage auprès du pérugin, signe sa première oeuvre de " maître " dès 1500 et, en 1504, gagne florence pour y côtoyer l'art de michel-ange et de léonard de vinci.
Il est dès lors reconnu mais, en 1508, il choisit à nouveau d'être au coeur de l'" événement " en rejoignant bramante, chargé des transformations de la basilique saint-pierre, à rome. il y mourra douze ans plus tard couvert d'honneurs, laissant une oeuvre de peintre, de décorateur et d'architecte que ses contemporains considèrent déjà comme majeure dans l'histoire de l'art. pierluigi de vecchi réexamine toutes les grandes étapes de cette fulgurante carrière.
A la lumière d'une étude minutieuse, étayée par une mise en perspective constante, il met en relief les composantes les plus profondes de son art : son rapport à " l'humanisme mathématique ", sa " métaphysique " de la beauté, sa puissance d'assimilation et d'invention stupéfiante. toutes les grandes oeuvres reproduites ici, mais aussi quantité de dessins et de gravures permettent de mieux comprendre les conceptions de celui qui, en quelques années, a bouleversé le langage figuratif et scellé les débuts de la seconde renaissance, ouvrant la voie au " style moderne " du caravage et à bien d'autres héritiers.