Franklin Starlight a tout juste seize ans lorsqu'Eldon, son père ravagé par l'alcool, le convoque à son chevet et lui demande de l'emmener au coeur de la montagne, là où, traditionnellement, on enterre les guerriers.Au cours de leur voyage, le fils affronte un jeune grizzly, ramène poisson ou gibier et construit des abris contre la pluie, tandis qu'Eldon lui raconte comment il a rencontré l'amour de sa vie, pourquoi il a sombré dans l'alcool et d'où vient leur patronyme qui évoque les temps indiens immémoriaux. Pendant ce périple, père et fils répondent, chacun à sa manière, à leur besoin d'apaisement identitaire.Ce roman au style brut et aux dialogues taiseux est un allé simple pour les terres sauvages du centre du Canada. Richard Wagamese appartient à la nation ojibwé. Il est le premier lauréat indigène d'un prix de journalisme national canadien et est régulièrement récompensé pour ses travaux. Il vit actuellement à Kamloops, en Colombie britannique. Les Étoiles s'éteignent le matin est son premier roman traduit en français.
Voici l'histoire de Saul Indian Horse, un jeune Ojibwé qui a grandi en symbiose avec la nature, au coeur du Canada. Lorsqu'à huit ans il se retrouve séparé de sa famille, le garçon est placé dans un internat par des Blancs. Dans cet enfer voué à arracher aux enfants toute leur indianité, Saul trouve son salut dans le hockey sur glace. Joueur surdoué, il entame une carrière parmi les meilleurs du pays. Mais c'est sans compter le racisme qui règne dans le Canada des 70's, jusque sur la patinoire.
On retrouve dans Jeu blanc toute la force de Richard Wagamese : puisant dans le nature writing et sublimant le sport national canadien, il raconte l'identité indienne dans toute sa complexité, riche de légendes, mais profondément meurtrie.
« Je crois que je n'aime plus mon mari ». Ainsi commence La Paix des ruches, oeuvre pionnière sur la condition féminine qui a secoué en profondeur les lecteurs et lectrices suisses à sa parution en 1947. Alice Rivaz y déploie l'intime pensée d'une jeune femme piégée dans le mariage. Au fil des pages de son journal et de discussions avec d'autres femmes, collègues ou amies, qui expérimentent différentes situations amoureuses, Jeanne apprend peu a peu a voir le monde hors des traditions auxquelles elle s'est consciencieusement consacrée tant que durait l'amour conjugal. Dans ce plaidoyer d'une lucidité rare et toujours actuel, Alice Rivaz questionne le rapport entre les sexes et dénonce la domination masculine, sans dogmatisme ou discours idéologique.
Alice Rivaz est née à Lausanne en 1901 et décédée à Genève en 1998. Au cours de son activité littéraire féconde en oeuvres de tous types (nouvelles, romans, textes autobiographiques), elle s'est vouée à l'émancipation féminine et à la dénonciation des injustices sociales, devenant une figure du féministe romand d'avant-garde. Publié à Paris deux ans avant Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir (1949), son roman La Paix des ruches a ébranlé lectrices et lecteurs à sa parution en 1947.
Depuis l'adolescence Mara est habitée par un tableau suspendu dans le salon de son H.L.M. Willibald, qui a acheté cette toile dans les années 1920, la hante tout autant. Lorsqu'il fuit Vienne en 1938, il n'emporte que ce Sacrifice d'Abraham, soigneusement plié dans sa valise. Entrepreneur et collectionneur juif, il refait sa vie au Brésil, loin des siens. Lors d'un séjour en Toscane chez sa mère Antonia, Mara déchiffre les lettres de Willibald qu'elle retrouve dans un hangar. Elle observe les photos, assaille de questions Antonia, « qui sait mais ne sait pas ».
Gabriella Zalapì est plasticienne, d'origines anglaise, italienne et suisse, elle vit à Paris. Antonia (Zoé, 2019, Le livre de poche, 2020), son premier roman, a reçu le Grand prix de l'heroine Madame Figaro et le prix Bibliomedia. Dans Willibald, l'écriture précise et réduite à l'essentiel de Gabriella Zalapì peint les plis et replis d'un homme dont la vie aussi tragique que romanesque a fait de sa famille la victime collatérale.
Gabriella Zalapì est artiste plasticienne, d'origines anglaise, italienne et suisse. Née à Milan, elle a également vécu à Genève et New York. Aujourd'hui elle habite et travaille à Paris. Son premier roman, Antonia (Zoé, 2018) a reçu pour son écriture précise, limpide, le Grand prix de l'heroine Madame Figaro 2019 et le Prix Bibliomedia 2020.
Quand Starlight ne s'occupe pas de la ferme avec son meilleur ami Eugene, il part photographier la vie sauvage au coeur des forêts canadiennes. Mais son existence rude et solitaire change lorsqu'il recueille sous son toit Emmy et sa fillette Winnie, prêtes à tout pour rompre avec une vie sinistrée. Pour redonner confiance aux deux fugitives, Starlight les emmène dans la nature, leur apprend à s'en faire une amie. Au fil de cette initiation, les plaies vont se refermer, la douleur va laisser place à l'apaisement, et à l'amour. Mais c'est sans compter Cadotte, l'ex brutal et alcoolique d'Emmy, qui sillonne l'Ouest canadien en quête de vengeance.
Roman laissé inachevé à la mort de son auteur, Starlight déploie la poésie lumineuse et l'exceptionnel don de conteur de Richard Wagamese.
Richard Wagamese (1955-2017) est l'un des principaux écrivains canadiens. Appartenant à la Nation des Ojibwés, il a été régulièrement récompensé pour ses travaux journalistiques et littéraires. En français, des milliers de lecteurs ont découvert ce conteur génial à travers Les Étoiles s'éteignent à l'aube (2016) et Jeu blanc (2017). Wagamese est mort en mars 2017 sans avoir eu le temps d'achever son ultime roman, Starlight. Le voici traduit en français.
Parce qu'elle est la quatrième de la fratrie, on l'appelle Jane Quatre. Son père, Dyadya, a fui la Chine en guerre et fait fortune à New York. Patriarche autoritaire, aimant, maladroit, il maintient avec sa femme Ngmah la cohésion familiale, mise à rude épreuve lorsque leur aîné tombe amoureux d'une « barbare » - une Blanche ; ou que Jane refuse les maris qu'on lui propose, et part loin des siens, jusqu'à Paris, où elle rencontre un journaliste français.
Sobre et sensible, Chuang Hua raconte la quête d'une femme pour trouver sa place entre Orient et Occident, concilier traditions familiales et besoin de liberté.
« Pendant des années, j'ai cru que je mourais lentement en Amérique, faute d'avoir la Chine. Et un jour, ça a cessé, quand j'ai compris que j'avais la Chine en moi ».
Stella Yang Copley est née à Shanghai en 1931. Dans les années 1930, sa famille fuit l'invasion japonaise, se rend à Hong Kong puis en Angleterre, et s'installe finalement aux États-Unis, où le père, ancien médecin, fait fortune comme agent de change. Après ses études, Stella Yang Copley mène une vie discrète à New York puis dans le Connecticut. D'inspiration autobiographique, La Femme traversante est son unique roman, publié en 1968 sous son nom chinois, Chuang Hua.
Janvier 1985, un mathématicien américain disparait dans le Chili de Pinochet, il a quarante-quatre ans. Né en URSS dans une famille juive, Boris Weisfeiler, surdoué, se résoud à quitter sa famille pour pouvoir exercer librement les mathématiques aux Etats-Unis. Homme taciturne à la silhouette longiligne, au large sourire, il part marcher seul dans les contrées les plus sauvages dès qu'il le peut.
2019-2020, Douna Loup, petite-nièce de Boris, mène l'enquête de Washington à Moscou en passant par le Chili : elle doit comprendre cette disparition restée inexpliquée. Le lecteur, transporté dans le Chili des années 80 grâce aux récits des témoins, proches, avocats et pièces à conviction, suit au plus près la progression de l'enquête qui conduit l'auteure au plus intime d'elle-même.
Douna Loup, née en 1982 a passé son enfance et son adolescence dans la Drôme. Son premier roman, L'Embrasure (Mercure de France, 2010), lui vaut le Prix Schiller découverte et le Prix Michel-Dentan 2011. Elle vit aujourd'hui près de Nantes. Toute son oeuvre est une ode solaire à la nature et à la liberté. Dans Boris 1985, Douna dit « je » pour la première fois, elle mène une enquête qui la conduit au plus profond d'elle-même.
A la morte saison, dans l'enceinte désertée d'un cirque à Vladivostok, un trio à la barre russe s'entraîne. Nino pourrait être le fils d'Anton, à eux deux, ils font voler Anna dans les airs. Ils se préparent au concours international de Oulan-Oude, visent le quadruple triple saut périlleux sans descendre de la barre. Si Anna ne fait pas confiance aux porteurs, elle tombe et ne se relève plus.Dans ce troisième roman d'Elisa Dusapin, le lecteur retrouve son art du silence, de la tension et de la douceur. Son sens puissant de l'image nous rend le monde plus perceptible, plus proche sans pour autant en trahir le secret.
Née d'un père français et d'une mère sud-coréenne, Elisa Shua Dusapin grandit entre Paris, Séoul et Porrentruy. Elle a publié aux éditions Zoé en 2016 Hiver à Sokcho (prix Walser, Alpha, Régine Desforges et Révélation de la SGDL) et en 2018 Les Billes du Pachinko (Prix suisse de littérature et Alpes-Jura)
Les Printemps sauvages raconte de manière puissante la nature et la surprise du sexe. Odeurs, matières, couleurs, tous les sens sont aux aguets pour saisir la beauté du monde. Et sa fragilité : il y a urgence à inventer de nouveaux rapports au vivant. Simultanément, Douna Loup publie une bande dessinée chez Marabout : L'affaire Clitoris.
Douna Loup, née en 1982 a passé son enfance et son adolescence dans la Drôme. Son premier roman, L'Embrasure (Mercure de France, 2010), lui vaut le Prix Schiller découverte et le Prix Michel-Dentan 2011. Elle vit aujourd'hui près de Nantes. Toute son oeuvre est une ode solaire à la nature et à la liberté.
Artémis. Seize mètres d'aluminium, douze tonnes, taillé pour les mers de glace. Pendant quarante jours, quatre architectes paysagistes embarquent sur ce voilier pour étudier le territoire du cercle polaire. En plein coeur d'une nature vertigineuse, mais soumis à un confinement qui ressemble à un huis-clos, ils vont être confrontés aux contraintes impitoyables tant du groupe qu'ils forment avec le capitaine du voilier et son adjoint que de ce désert glacé dont la nature est aussi toxique qu'ensorcelante.
Anne-Sophie Subilia est membre de l'AJAR, elle a travaillé avec Philippe Rahmy et Noëlle Revaz à la Haute Ecole de Berne et Kenneth White à Montréal. Son écriture se fonde sur une expérience physique de l'espace et la volonté de révéler la profondeur de l'ordinaire qui nous constitue.
À Sokcho, petite ville portuaire proche de la Corée du Nord, une jeune Franco-coréenne qui n'a jamais mis les pieds en Europe rencontre un auteur de bande dessinée venu chercher l'inspiration depuis sa Normandie natale. C'est l'hiver, le froid ralentit tout, la cuisine de poissons peut être dangereuse, les corps douloureux, les malentendus suspendus, et les coups de crayon danser sur le papier : une attirance fragile se noue entre ces deux êtres aux cultures si différentes. Ce roman délicat comme la neige sur l'écume transporte le lecteur dans un univers d'une richesse et d'une originalité rares, à l'atmosphère puissante.
Janvier 1974, Gaza. L'Anglaise Piper emménage avec son mari, délégué humanitaire. Leurs semaines sont rythmées par les vendredis soir au Beach Club, les bains de mer, les rencontres fortuites avec la petite Naïma. Piper doit se familiariser avec les regards posés sur elle, les présences militaires, avec la moiteur et le sable qui s'insinue partout, avec l'oisiveté. Le mari s'absente souvent. Guettée par la mélancolie, elle s'efforce de trouver sa place. Le baromètre du couple oscille. Heureusement, il y a Hadj, le vieux jardinier, qui démultiplie les fleurs à partir d'une terre asséchée. Et Mona, psychiatre palestinienne sans mari ni enfants, pour laquelle Piper a un coup de coeur. Mais cela suffit-il ?
Plus que jamais, dans L'Épouse, Anne-Sophie Subilia révèle la profondeur de l'ordinaire. La lucidité qui la caractérise ne donne aucune circonstance atténuante à ses personnages.
Romancière et poète, Anne-Sophie Subilia est notamment l'auteure de Parti voir les bêtes (Zoé, 2016, Arthaud poche, 2018), Neiges intérieures (Zoé, 2020, Zoé Poche, 2022) et abrase (Empreintes, 2021).
Romancière et poète, Anne-Sophie Subilia est notamment l'auteure de Parti voir les bêtes (Zoé, 2016, Arthaud poche, 2018), Neiges intérieures (Zoé 2020) et abrase (Empreintes, 2021).
Avec l'émerveillement propre à l'enfance, Marceline raconte la vie d'un village de montagne : le labeur quotidien, les jeux, le rythme de la terre ; la mère sévère, le père au regard bleu, Barnabé l'aîné des frères et mari de Théoda.
Théoda la belle, la vivante, Théoda la dangereuse aussi, qui, à l'insu de tous sauf de la fillette, en aime un autre.
Romancière, poète et nouvelliste, Corinna Bille (1912-1979) est l'une des figures majeures de la littérature suisse. Elle a reçu le prix Goncourt de la nouvelle en 1975 pour La Demoiselle sauvage.
« De ses deux mains, elle saisissait l'air, l'attirait à elle, s'en entourait. Elle savait qu'il était chargé du désir de Rémi. À la lumière de cet homme, son corps fleurissait. Elle devenait plus que belle : vivante. »
Préface de Pierre-François Mettan
Après un séjour à Paris, la Valaisanne S. Corinna Bille (1912-1979) publie son premier recueil de poèmes (Printemps, 1939) et son premier roman (Théoda, 1944), suivi du Sabot de Vénus (1952) et de plusieurs recueils de nouvelles. C'est avec La Demoiselle sauvage (1974, bourse Goncourt de la nouvelle 1975) que son talent est reconnu à l'étranger. Épouse de Maurice Chappaz, Corinna Bille a largement puisé aux mythes du terroir valaisan, merveilleux ou terrible, pour constituer son oeuvre.
Le petit Jean et le grand Simon sauront-ils retrouver Roger ? Ce dernier a fui une mère colérique pour courir après un rêve, devenir une star du football. Quitter Douala, suivre la filière clandestine, passer par le Nigeria pour finir en Europe : cela s'appelle faire « boza ».
Les péripéties de Jean et Simon aux trousses de Roger ont tout du voyage initiatique : ils découvrent le Nord du Cameroun, une région sinistrée par Boko Haram et la pauvreté, ils goûtent aux fêtes, même si Jean se confronte aussi à l'éloignement d'avec la mère, à l'apprentissage du manque et d'une identité sexuelle différente.
Max Lobe excelle à donner la parole à ses personnages, à restituer la rue, les trains, les commissariats de police, les marchés ou les bars mal famés. Humour et gouaille garantis.
Né à Douala au Cameroun, Max Lobe vit depuis quatorze ans en Suisse, d'où il élabore une langue rythmée, dialoguée et nourrie d'expressions bassa, son ethnie. Immigration et homosexualité figurent parmi ses thèmes récurrents.
À Genève, où il est né, à Kyoto, qu'il a follement aimée, à Trébizonde, en Azerbaïdjan, à Ceylan et en Inde centrale, Nicolas Bouvier a toujours écrit de la poésie. « [Elle] m'est plus nécessaire que la prose, expliquait-il, parce qu'elle est extrêmement directe, brutale - c'est du full-contact ! » Pourtant il ne fit paraître qu'un unique recueil de poèmes, Le Dehors et le Dedans. Composé de 44 textes écrits entre 1953 (le départ en voyage avec Thierry Vernet) et 1997 (quatre mois avant sa mort), ce recueil est paru pour la première fois en 1982. Bouvier le retravaille à quatre reprises et autant d'éditions, il s'y met à nu : de tous les livres de l'écrivain, c'est celui qui propose la plus ample et la plus intime traversée de son existence.
Nicolas Bouvier (1929-1998) est un des plus grands auteurs de langue française de la deuxième moitié du 20e siècle, voyageur, photographe et iconographe.
Issue de grandes dynasties viennoises et anglaises au cosmopolitisme vertigineux, Antonia est mariée à un nanti de Palerme. Soumise et contrainte à l'oisiveté, mais lucide, elle rend compte dans son journal de ses journées-lignes et du profond malaise qu'elle éprouve. Suite au décès de sa grand-mère, Antonia reçoit quantité de boîtes contenants lettres, carnets et photographies. En dépouillant ces archives, elle reconstruit le puzzle du passé familial et de son identité intime, puisant dans cette quête, deux ans durant, la force nécessaire pour échapper à sa condition.
Roman d'une émancipation féminine dans les années 1960, Antonia est rythmé de photographies tirées des archives familiales de Gabriella Zalapì. Comme chez Sebald, elles amplifient la puissante capacité d'évocation du texte.
Gabriella Zalapì est artiste plasticienne, d'origines anglaise, italienne et suisse. Née à Milan, elle a également vécu à Genève et New York. Aujourd'hui elle habite et travaille à Paris. Antonia est son premier roman.
Onze chapitres pour onze moments de la vie d'Agota Kristof, de la petite fille en Hongrie qui dévore les livres à l'écriture de ses romans. Les premières années heureuses, la pauvreté après la guerre, l'amour des mots, la rupture du « fil d'argent de l'enfance », puis l'adolescence, et finalement l'exil, qui ne la conduit pas seulement hors d'un pays mais surtout hors d'une langue. C'est avec effroi qu'elle se constate « analphabète », face au français qu'elle va devoir apprendre à son arrivée en Suisse. Phrases courtes, mot juste, lucidité et humour : le monde d'Agota Kristof infuse dans ses romans comme dans L'Analphabète, son unique texte autobiographique.
Née en 1935, Agota Kristof fuit la Hongrie en 1956, par la forêt, à pied, son bébé contre elle : elle a 19 ans. Le hasard veut qu'elle s'installe en Suisse à Neuchâtel, où elle travaille tout d'abord dans une fabrique de montres. Elle y apprend le français, puis écrit pour le théâtre. En 1986, elle devient célèbre avec son premier roman, Le Grand Cahier. Deux autres livres suivent, La Preuve et Le Troisième Mensonge, complétant une trilogie mondialement connue. Agota Kristof est décédée en 2011.
« Toute vie va finir. Il y aura une chaleur croissante. Elle sera insupportable à tous ceux qui vivent. Il y aura une chaleur croissante et rapidement tout mourra. Et néanmoins rien encore ne se voit. »
Dans son titre déjà, Présence de la mort envisage l'inéluctable disparition de toute chose, face à une catastrophe imminente. En 1922, C. F. Ramuz ne pouvait songer au réchauffement climatique ni même à l'effondrement de la société post-industrielle. Mais le tableau qu'il dresse dans ce roman d'anticipation est plus que jamais devant nous : sous le coup du cataclysme, le délitement de l'ordre social et des liens qui le sous-tendent annoncent la fin de l'expérience humaine telle que nous la connaissons.
C. F. Ramuz est avant tout un inventeur de formes romanesques, un explorateur des registres et des ressources de la langue, un essayiste en décalage, un nouvelliste hors pair, comparable à un Picasso. À travers des titres choisis par Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann, préfacés et annotés par des critiques aux horizons variés, cette collection ouvre l'accès à des textes peu connus, mais fait aussi découvrir autrement les oeuvres emblématiques de l'auteur.
Claire, qui vit en Europe, passe l'été à Tokyo chez ses grands-parents. L'objectif de plus en plus lointain de ce séjour est d'emmener ces derniers en Corée renouer avec leur pays qu'ils ont fui pendant la guerre civile il y a plus de cinquante ans.
Claire partage son temps entre le quartier coréen de Tokyo, l'appartement des grands-parents et le monde de la petite Mieko, dont elle doit s'occuper pendant les vacances d'été japonaises.
L'écriture précise et dépouillée d'Elisa Dusapin parvient à plonger le lecteur dans une atmosphère intime de douceur et de violence feutrée. Elle excelle à décrire l'ambivalence propre aux relations familiales : les cruels malentendus comme l'amour entre les personnages sont d'une puissante justesse.
Née en 1992 d'un père français et d'une mère sud-coréenne, Elisa Dusapin grandit entre Paris, Séoul et Porrentruy. Pour son premier roman paru aux Editions Zoé, Hiver à Sokcho elle reçoit le Prix Walser, le Prix Alpha, le prix Régine Desforges, et est lauréate de l'un des prix Révélation de la SGDL.
Ella Maillart (1903-1997) a été l'une des voyageuses les plus audacieuses de la première moitié du XXe siècle. Nous publions aujourd'hui une partie importante de la correspondance tenue avec sa mère à l'époque de ses pérégrinations. Écrites sur le vif, ces lettres saisissent au vol les humeurs du moment et les impressions du lieu, annoncent les projets d'itinéraires, esquissent des réflexions sur l'Orient et l'Europe. Accompagnées de nombreuses photos prises pendant ses expéditions, elles sont un témoignage irremplaçable des élans d'Ella Maillart vers l'ailleurs, de ses voyages au jour le jour, de son cheminement intérieur.
Une fillette soupçonnée de sorcellerie parce que fascinée par la nature et sa magie dans le Valais de l'Ancien Régime ; l'amour d'une jeune paysanne pour « Monsieur », le riche peintre dont elle s'occupe des enfants, à la fin du xixe siècle : Emerentia et Virginia, deux passions, l'une tragique l'autre heureuse, parmi les pages les plus émouvantes que Corinna Bille ait écrites, « chair de ma chair » commentait l'auteure.
Romancière, poète et nouvelliste, S. Corinna Bille (1912-1979) est l'une des figures majeures de la littérature suisse. Elle a reçu le prix Goncourt de la nouvelle en 1975 pour La Demoiselle sauvage.
« Dans la plaine, les eaux ont baissé et les plages redeviennent blanches. Emerentia s'est enfuie par la porte restée entrouverte et descend en courant jusqu'à la rivière proche. Dans la transparence liquide, les truites semblent nager dans l'air pur, leur ombre les accompagne. Elles s'approchent du bord et reconnaissent Emerentia. »
Préface de Jérôme Meizoz
Après un séjour à Paris, la Valaisanne S. Corinna Bille (1912-1979) publie son premier recueil de poèmes (Printemps, 1939) et son premier roman (Théoda, 1944), suivi du Sabot de Vénus (1952) et de plusieurs recueils de nouvelles. C'est avec La Demoiselle sauvage (1974, bourse Goncourt de la nouvelle 1975) que son talent est reconnu en France. Épouse de Maurice Chappaz, Corinna Bille a largement puisé aux mythes du terroir valaisan, merveilleux ou terrible, pour constituer son oeuvre.
L'Etang est un texte de jeunesse que Walser offrit a sa soeur sous forme manuscrite. C'est la seule oeuvre que Walser ait ecrite en dialecte. Elle met en scene le suicide simule d'un adolescent, le jeune Fritz, qui ne se sent aime de personne et voudrait reconquerir l'amour de sa mere. Ce recit cle prefigure la creation future de Walser, maitre des retournements subtils.
Les vingt-quatre episodes de Felix, dialogues et monologues ecrits en 1925, sont issus des microgrammes. Quelques traits d'une psychologie raffinee depeignent avec humour l'eveil de la personne, sa rouerie distanciatrice dans l'affrontement avec les adultes et l'exercice de ses pouvoirs, les nuances de l'affirmation et de la conscience de soi. Le contenu biographique est evident, de meme que dans L'Etang.
Robert Walser (1878-1956) ecrit des sa jeunesse des poemes, de la prose et du theatre. Les breves scenes dramatiques, qui ont marque les debuts et la fin de sa carriere, sont frequemment representees aujourd'hui. Mais elles sont autant a lire qu'a jouer.
Potache, complice, philosophe, introspectif, ironique : le lecteur est ébloui par la vitalité et la variété de tons qu'adopte Ramuz dans ces cinquante lettres. Il traverse à grands pas la vie foisonnante d'un C.F. Ramuz qui s'avère fin épistolier. Il y est question d'écriture comme de problèmes d'eau chaude ou d'argent, de jardinage, de projet de revue ou de Paris. C'est aussi parfois simplement l'occasion d'une franche rigolade (cf la lettre à Ansermet). A la fin de sa vie, malade, le contraste est d'autant plus émouvant. Voici un Ramuz dans son quotidien, qui s'amuse, s'inquiète, et s'interroge sur l'écriture et sur la mort. C'est passionnant.
C.F. Ramuz est avant tout un inventeur de formes romanesques, un explorateur des registres et des ressources de la langue,un Picasso de l'écriture, un essayiste, un nouvelliste hors pair. À travers des titres choisis par Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann, préfacés et annotés par des critiques aux horizons variés, la Petite bibliothèque ramuzienne ouvre l'accès à des textes peu connus, mais fait aussi découvrir autrement les oeuvres emblématiques de l'auteur.
Les oeuvres complètes de Gustave Roud (1897-1976) se présenteront dans un coffet de 4 volumes. Immense poète, traducteur, diariste et critique d'art (Cézanne, Rimbaud, Ramuz), photographe, herboriste et homosexuel, Gustave Roud doit être découvert en France. Il a vécu en ermite toute sa vie, sans bouger de son Haut-Jorat bien-aimé dont il n'a cessé d'arpenter, comme un obsédé, le paysage. Pour observer les paysans aux gestes sûrs, les bêtes lourdes et les lumières bouleversantes autant que la nature dans son ensemble. Plus de 45 ans après sa mort, les oeuvres complètes rassemblent dans une édition critique sa production poétique, son journal, ses traductions et ses critiques littéraires et d'art. Ces quatre volumes rendent justice à une oeuvre lyrique fondamentale de la poésie du XXe siècle.
Gustave Roud a été admiré par de jeunes poètes dont au premier chef Philippe Jaccottet qui fut son héritier testamentaire. Roud ne considère pas la campagne de l'extérieur, comme un décor : il entretient une relation intime et intense avec le vivant et l'élémentaire - arbres et fleurs, forêts, oiseaux et bêtes sauvages, ciel et constellations, étangs et rivières.
L'écriture classique de Roud contraste avec l'expression profonde de sa solitude, de sa différence.