Le monde, l'économie, la société ont changé plus vite que notre système de protection sociale. Aujourd'hui, la pauvreté s'est déplacée des plus âgés vers les plus jeunes (surtout les moins qualifiés) et singulièrement les jeunes femmes seules avec enfant. Le chômage de masse semble irréductible tandis que ceux qui travaillent le font de manière de plus en plus intense.
Répondre à ces nouveaux enjeux n'est pas affaire de simples ajustements. Chez nos politiques pourtant, la quête sans fin de l'efficacité économique semble avoir escamoté la recherche d'une plus grande justice sociale.
Il faut repenser ensemble nos politiques sociales et économiques. S'appuyant sur des expériences menées dans d'autres pays et sur leur connaissance de notre système de protection sociale, les auteurs proposent un nouveau contrat économique et social fondé sur l'investissement social, c'est-à-dire sur une réorientation de nos politiques publiques vers « les femmes, les jeunes et les enfants d'abord ». Pour sortir de l'économie du low cost qui est la nôtre en augmentant la qualification de tous. Pour proposer une montée en gamme de l'économie et de la société française.
« J'ai succombé comme tant d'autres à l'attraction de cet homme grand et énigmatique... » C'est peut-être là ce qui explique le mieux pourquoi Meyer Schapiro ne reproche pas à Freud de construire une figure rêvée de Léonard. L'énigme et l'unique faisceau des hypothèses par quoi Freud pense l'avoir résolue peuvent bien exposer le livre à la critique d'être un « roman psychanalytique », mais le portrait n'est en rien le fruit d'un rêve ou d'un mythe. Laissons à Freud le soin de conclure : « Ne peut-on pas cependant être choqué par les résultats d'une investigation qui accorde aux hasards de la constellation parentale une influence si décisive sur le destin d'un être humain [...] ? Je crois qu'on n'en a pas le droit ; tenir le hasard pour indigne de décider de notre destin, ce n'est rien d'autre qu'une rechute dans la vision du monde pieuse, dont Léonard luimême prépara le surmontement en écrivant que le soleil ne se meut pas. »
La revue Actuel Marx, créée en 1986, a maintenant près de 30 ans. Chaque numéro associe un dossier thématique traitant de questions théoriques ou de questions plus directement en prise sur la conjoncture historique et politique, et un hors dossier d'interventions, d'entretiens et de recensions faisant état de la diversité des recherches internationales autour de Marx, des marxismes et des pensées critiques contemporaines. La nouvelle direction et le nouveau comité de rédaction revendiquent également une continuité intellectuelle avec les publications passées de la revue, l'objectif étant de renouveler des problématiques et de faciliter l'intelligibilité des articles.
Depuis sa fondation, la revue Actuel Marx se propose de participer à la réélaboration d'une forme de pensée qui articule les traditions du marxisme aux autres courants majeurs de la pensée contemporaine. Elle a peu a peu constitué autour d'elle une communauté scientifique en relation avec les principaux autres centres comparables dans les diverses aires culturelles, notamment anglo-saxonne, allemande, italienne, espagnole, brésilienne, chinoise et japonaise. Elle cherche à rendre compte non seulement des formes actuelles de référence à Marx, mais aussi des différents débats qui traversent les sciences sociales et les sciences humaines, dans le contexte français et francophone comme dans le contexte international le plus large. Bien que sa dominante soit philosophique, elle travaille dans le champ théorique des diverses disciplines : histoire, économie, histoire, sociologie, anthropologie politique, arts... Elle organise régulièrement des initiatives dans le prolongement du « Congrès Marx International ».
Avec l'entrée des juifs dans la modernité démocratique et leur présence dans les sociétés européennes qui cherchent à la réaliser, il en va d'une question de philosophie politique générale. C'est aussi le cas quand a lieu leur sortie, qui prend sens dans une histoire où nous sommes tous impliqués.
Ce livre enchaîne différents gestes conceptuels par lesquels certains juifs, au cours des deux derniers siècles, ont entrepris de penser les liens entre judaïsme et modernité : certaines oeuvres d'Émile Durkheim, de Leo Strauss, de Bernard Lazare, de Joseph Salvador ou encore d'Heinrich Heine sont ainsi traversées à l'aide d'une même interrogation : à quelles alternatives est confronté le juif moderne, celui qui, en tant que juif, fait l'épreuve de l'émancipation ?
L'expression " études sur le genre " s'est diffusée au cours des dernières années en France pour désigner un champ de recherche qui s'est autonomisé dans le monde académique depuis une quarantaine d'années, et qui prend pour objet les rapports sociaux entre les sexes. Les détracteurs de ces études laissent penser qu'il existerait une théorie du genre, ce qui est faux. Ce livre montre la diversité et l'utilité de ces études.
Détresse dans la civilisation... Serait-il de nouveau possible de mettre « civilisation » au singulier ? Pas celui d'une même Cité, mais celui d'une même planète. La menace du désastre écologique est à la source d'un nouvel universalisme... dont on se serait bien passé. Le confinement de la vie auquel contraint l'actuelle pandémie est à la fois une réalité mondialisée et comme l'augure d'une vie future restreinte.
Malaise dans la culture (ou la civilisation), publié fin 1929, se conclut par cette interrogation : « La question décisive pour le destin de l'espèce humaine me semble être de savoir si et dans quelle mesure son développement culturel réussira à se rendre maître de la perturbation apportée à la vie en commun par l'humaine pulsion d'agression et d'auto-anéantissement. » Les motifs historiques ont changé, il est d'autant plus remarquable que notre question soit restée la même.
Comment comprendre une telle inaptitude à l'autoconservation, voire une mise en doute de la pertinence d'une telle notion quand il s'agit d'humanité ? La pulsion d'auto-anéantissement n'est-elle que la face négative d'une autoconservation perdue ? Ou relève-t-elle d'une violence positive et autonome, un au-delà du mal où le sadisme profiterait des circonstances ?
« L'époque présente mérite peut-être un intérêt particulier, écrit Freud. Les hommes sont maintenant parvenus si loin dans la domination des forces de la nature qu'avec l'aide de ces dernières il leur est facile de s'exterminer les uns les autres jusqu'au dernier. Ils le savent, de là une bonne part de leur inquiétude présente, de leur malheur, de leur fond d'angoisse. » Ce qu'il ne pouvait prévoir, c'est que cette nature « forcée », devenue trop humaine, allait se retourner contre son démiurge.
Comme il était sans doute difficile à Freud de conclure sur un mot aussi pessimiste, mais dont il ne mesurait pas à quel point il était prophétique des quelques années à venir, il ajouta une phrase d'espoir : « Et maintenant il faut s'attendre à ce que l'autre des deux "puissances célestes", l'Éros éternel, fasse un effort pour s'affirmer dans le combat contre son adversaire tout aussi immortel. » Éros le rassembleur (sinon le démocrate !) contre la pulsion d'auto-anéantissement, l'amour contre la discorde, cette idée d'un antagonisme au principe de l'humanité est aussi vieille qu'Empédocle. Nous y sommes.
Une revue critique semestrielle pour la réflexion urbaine La mondialisation contemporaine ne se résume pas à une simple mondialisation économique. Elle correspond aussi à une mondialisation urbaine. L'urbanisation contemporaine signifie que les moeurs urbaines se diffusent dans l'ensemble des territoires et affectent tous les paysages. Habiter se décline pour tous, à toutes les échelles et à toutes les vitesses. Le global est partout dans le local, le devenir urbain passe par l'interconnexion matérielle et immatérielle. Il n'y aura de mondialisation urbaine habitable et soutenable que celle qui associe le global et le local. L'esprit de la ville est celui de la cité et de la démocratie. La démocratie politique ne peut pas se soustraire aux exigences de la démocratie sociale et de la démocratie urbaine.
Face au danger du repli sur soi, Tous urbains ? choisit de prendre part au débat en prenant en compte des points de vues différents et de participer à une réflexion sur l'urbanité en question.
Le numéro 33 L'année 2021 est consacrée au thème du logement au travers de 2 numéros. Le n° 33 traite des représentations sociales des grands types de logements, des parcours résidentiels et des différents modes d'habiter.
Le nom de Georg Lukács a récemment refait surface dans l'espace public suite à la fermeture de ses archives à Budapest ; force est de constater, pourtant, que l'oeuvre du philosophe hongrois reste peu étudiée, ou de manière sélective, en la réduisant aux essais réunis en 1923 sous le titre Histoire et conscience de classe, qui eut de fait un effet décisif sur tout un pan de la pensée critique du XXe siècle, de l'école de Francfort aux situationnistes en passant par l'opéraïsme italien ainsi que le marxisme et l'existentialisme français. Il n'en reste pas moins que l'oeuvre de Lukács ne s'est pas arrêtée en 1923 et qu'elle peut faire l'objet de bien d'autres appropriations historiennes, politiques, philosophiques et esthétiques.
D'un point de vue historique, l'implication directe de Lukács dans son siècle, que ce soit dans l'éphémère République hongroise des Soviets, dans l'Union soviétique des années 1930-1940 ou dans l'insurrection de Budapest reste largement à étudier, de même que son rôle dans le marxisme français de l'après-guerre. Au niveau politique, l'analyse des réflexions consacrées par Lukács au rôle de la subjectivité dans l'histoire, à l'articulation entre des formes d'organisation hétérogènes (parti, coalition, conseils, syndicats) et aux conditions de leur démocratisation devrait aider la recherche contemporaine de nouvelles formes d'émancipation à sortir de l'abstraction dans laquelle elle reste souvent confinée. D'un point de vue philosophique, l'analyse de la confrontation de Lukács avec certaines des figures et des courants intellectuels les plus importants de son temps (du néo-kantisme au positivisme logique en passant par Sartre, ou Foucault) permet de transformer les enjeux de la discussion contemporaine. Parmi ces enjeux, les efforts consacrés par le dernier Lukács à la formulation d'une « ontologie de l'être social » fera ici l'objet d'une attention particulière.
C'est à cette richesse thématique, disciplinaire et conceptuelle de l'oeuvre de Lukács qu'entend rendre justice ce dossier de la revue Actuel Marx, qui incluera des extraits de correspondance et traduction d'archives inédites en français
Fondée en 1876, la Revue philosophique publie quatre fascicules par an. La plupart sont des numéros consacrés soit à une notion fondamentale, soit à une grande période de l'histoire de la pensée, soit à un auteur - classique ou contemporain. Chaque livraison groupe en outre les analyses d'un grand nombre d'ouvrages philosophiques publiés de par le monde. Des informations tiennent le lecteur au courant des événements de la vie philosophique, en particulier des colloques ou congrès organisés en France ou à l'étranger.
La revue analyse les faits qui façonnent nos cultures. Depuis 1971, elle publie des recherches menées sur des cultures d'expression française et consacre chaque année un de ses numéros à un pays d'Europe.
La revue interroge la façon dont se pense notre rapport au monde. Par une mise en perspective d'analyses de terrain, elle éprouve les outils utilisés pour parler de nos sociétés. Ses comptes rendus d'ouvrages visent à une confrontation avec l'histoire, la philosophie ou la linguistique. Elle concerne tous ceux qui portent attention à l'incessant mouvement de nos sociétés.
Revue de référence dans les sciences sociales francophones, Ethnologie française est à la fois une mémoire de la recherche et un lieu d'ouverture à des thèmes émergents. Elle accueille des chercheurs confirmés et des jeunes en cours de formation et participe à l'animation des débats de la discipline.
Ce qu'on appelle aujourd'hui théorie de la reproduction sociale est un développement récent des théories féministes qui renouvelle la question des rapports du marxisme et du féminisme tout en développant des tactiques politiques inédites ayant fortement retenu l'attention (comme la « grève des femmes »). L'actualité des théories de la reproduction sociale tient également au fait que la crise pandémique en cours peut être décrite comme une crise de la reproduction sociale et comme l'un des effets d'une contradiction générale entre capitalisme et reproduction sociale.
Le dossier de ce numéro d'Actuel Marx poursuit un double objectif : rendre compte de la richesse des débats qui se sont développés dans le cadre de la théorie de la reproduction sociale, inviter à déplacer ces débats en tenant compte d'autres conceptions de la reproduction sociale que celles qui sont privilégiées dans ces théories.
Le terrorisme djihadiste révèle les peurs secrètes des sociétés démocratiques : la crainte d'une division de la Cité et d'une dislocation du monde, d'un pouvoir abandonné par l'autorité et d'un droit dépassé par le fait. Parce qu'il ne vise plus seulement à atteindre l'intégrité territoriale d'un État mais l'intégrité morale de la société en niant radicalement ses moeurs, ses manières de vivre et ses principes politiques, il menace la nature même de la démocratie.
Placées ainsi sous pression, nos démocraties se trouvent exposées au couperet d'une double injonction : une réaction sécuritaire excessive au mépris de la liberté qui les fonde, ou la capitulation, que serait une trop grande clémence. Pour dépasser cette alternative, il faut opposer à la dialectique de la guerre et de l'état d'exception le fil rouge d'une épreuve démocratique qui met sous stress la Constitution et les institutions. Car les armes à opposer au terrorisme ne sont pas seulement guerrières, policières ou procédurales : elles reposent sur notre capacité à cultiver les vertus démocratiques de résistance et de sérénité.
RFP 2020, T.84, N.5
Pour la première fois en France, un ouvrage est consacré au Printemps arabe sous son angle géopolitique, c'est-à-dire qu'il se penche sur ses causes, son déroulement, ses conséquences et ce qu'il a révélé du monde contemporain.
L'originalité et l'acuité de la pensée de Benjamin sont largement reconnues.
Il s'agit dans ce numéro de Cités d'en montrer la portée au plan politique. Dans le contexte hautement instable de la République de Weimar, et plus largement de la guerre civile européenne des années 1920-1930, Benjamin a su analyser les liens de la politique avec la société et la culture en dehors des coordonnées de la pensée politique classique, qui parle langage du contrat et du droit public. Inspiré à la fois de la critique romantique de la civilisation industrielle, de la perspective du messianisme juif et d'un marxisme centré sur la lutte des classes et la révolution, il a su éclairer par des coups de sondes originaux la fragilité du champ politique traversé tout autant par les illusions du progressisme que par l'esthétisation fasciste de la politique.
Ce numéro comportera en outre un long entretien inédit, réalisé spécialement pour Cités, avec le grand philosophe Jürgen Habermas sur « La politique et l'Histoire ».
Ce nouméro du Journal de la psychanalyse de l'enfant témoigne de la puissance de la psychopathologie fondée sur les modèles psychanalytiques, non pas tant pour expliquer la maladie mentale ou les troubles du développement chez l'enfant et l'adolescent, que pour en trouver la signification profonde et pour expliciter cette signification avec le sujet souffrant et, parfois, avec son entourage familial ou institutionnel.
L'expérience montre, depuis les premiers balbutiements de la métapsychologie jusqu'à ses développements les plus récents, que ce travail d'explicitation des ressorts profonds de la souffrance et du handicap mental conduit à la fois vers un mieux être et vers un nouveau développement. Tout semble se passer comme si les forces psychiques à l'oeuvre soit se heurtaient jusque là à un obstacle infranchissable, soit s'enfermaient dans une ronde infernale et sans issue.
La prise de conscience de cette dynamique profonde ouvre une issue et à la souffrance et au développement, quels que soient les facteurs ou événements étiologiques impliqués
Présente sur tous les continents, sans exception, et progressivement institutionnalisée à partir des années 1960, la Francophonie doit être interrogée dans ses multiples interactions, culturelles, bien sûr, mais aussi économiques, politiques, stratégiques et militaires. En effet, les enjeux, les choix, voire les dominations linguistiques ou culturels s'appuient aussi, et peut-être surtout, sur la défense d'intérêts politiques, stratégiques, économiques et commerciaux. Espace de circulations transnationales et de confrontations, la Francophonie doit s'appréhender historiquement dans la diversité de ses acteurs, associatifs, gouvernementaux et intergouvernementaux, parlementaires, scientifiques, médiatiques, artistiques, issus des collectivités territoriales ou de la société civile.
Dans le champ des relations internationales contemporaines, comment se sont articulés les enjeux d'une géopolitique des langues marquée par des relations de pouvoir durant la période coloniale et postcoloniale ? Comment ont évolué ces rapports de pouvoir dans les échanges qui se sont multipliés au travers de réseaux structurant le champ culturel francophone, du monde académique aux réseaux sociaux, en passant par les secteurs plus classiques de la littérature, du théâtre, du cinéma ou de la chanson, eux aussi mis sous tension par les nouvelles concurrences propres aux industries culturelles et médiatiques ?
Fondé sur ces questions de base, le numéro 188 sera le premier des deux numéros qui auront vocation à étudier l'histoire de la Francophonie, de la fin du XIXe siècle à nos jours, des réseaux, des échanges et des institutions que le partage de la langue française a produits, mais aussi des tensions et des crises qu'elle a fait naître ou qu'elle a eu à gérer. Ils ont l'ambition d'être la première pierre d'une histoire globale et connectée de la Francophonie issue de regards scientifiques croisés et critiques.