Au cours du xxe siècle, la social-démocratie allemande, et plus largement européenne,s'est accommodée du capitalisme. Du socialisme révolutionnaire du début du siècle aux « troisièmes voies » des années 1990, la continuité des étiquettes de partis a masqué, en réalité, un revirement idéologique profond.Cet ouvrage analyse l'un des événements fondateurs de cette transformation: le vote par le Parti social-démocrate allemand (SPD) du programme de Bad Godesberg (du nom de cette petite ville de Rhénanie-du-Nord-Westphalie où le congrès s'est tenu). Adopté en 1959, ce programme est considéré comme l'un des documents les plus importants du socialisme européen du xxe siècle. Il marquerait, par l'abandon des fondements marxistes qui avaient caractérisé jusqu'alors la doctrine socialiste dite « traditionnelle » et par son ralliement à l'économie de marché, l'invention de la social-démocratie dans son acception moderne. Depuis lors, les références à cette date charnière de l'histoire - au travers de l'expression « faire son Bad Godesberg » pour « rénover ou refonder la doctrine d'un parti » - sont légion.Par son attention portée aux contextes d'énonciation, aux idées politiques, aux professions, aux matérialités, aux intérêts, cette histoire sociale des idées menée par Karim Fertikh jette une lumière nouvelle sur ce célèbre texte, et permet un renouvellement des approches théoriques des programmes politiques.
En se penchant sur la genèse historique des programmes et sur les programmes de la gauche française durant les années 1970 et 1980, cet ouvrage montre que, loin de constituer de simples catalogues de mesures d'action publique bien identifiables et stabilisées, les programmes et leurs significations sont sans cesse retravaillés et modifiés, interprétés et défaits par ceux qui les mobilisent. L'étude des programmes politiques proposée dans cet ouvrage renouvelle ainsi le regard qui est porté sur la vie politique et sur les idées politiques.
Avec le soutien de Paris 8 et de l'Ermes.