Goliarda Sapienza
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« Le vent de ses yeux m'emporte vers lui, et même si mon corps immobile résiste, ma main se retourne pour rencontrer sa paume. Dans le cercle de lumière la vie de ma main se perd dans la sienne et je ferme les yeux. Il me soulève de terre, et dans des gestes connus l'enchantement de mes sens ressuscite, réveillant à la joie mes nerfs et mes veines. Je ne m'étais pas trompée, la Mort me surveille à distance, mais juste pour me mettre à l'épreuve. Il faut que j'accepte le danger, si seul ce danger a le pouvoir de rendre vie à mes sens, mais avec calme, sans tremblements d'enfance. » L'Art de la joie est principalement le roman d'une vie, celle de Modesta, personnage magnifique né le 1er janvier 1900 sur les pentes de l'Etna, en Sicile. Du chaos misérable de son enfance aux hasards de la vie qui feront d'elle l'héritière insoumise d'une famille dégénérée de nobles siciliens, c'est en fait à un apprentissage de la liberté que cette oeuvre nous invite.
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Un recueil de nouvelles de Goliarda Sapienza Je crois qu'on naît fait de telle ou telle façon et que le destin, on vous le met à côté de vous dans le berceau.
Goliarda Sapienza À chaque nouveau livre de Goliarda Sapienza, la même admiration renaît, tant l'écrivaine s'est émancipée sans cesse des formes et modes littéraires de son temps pour poursuivre, d'un texte à l'autre, des années 1950 jusqu'à sa mort en 1996, au-delà de la solitude et des refus éditoriaux, la recherche de sa vérité.
Destins piégés ne déroge pas à cette liberté, et l'instaure même. Conçus dans la foulée des poèmes d' Ancestrale (Le Tripode, 2021), les brèves nouvelles qui composent ce recueil ont été écrites de la fin des années 1950 au début des années 1960. Elles constituent ainsi la première incursion de Goliarda Sapienza dans la forme romanesque, et le moins qu'on puisse dire est que cet acte inaugural n'a rien de commun.
Des récits de vie d'une ou deux pages, parfois d'un seul paragraphe, des fragments d'existences ancrés dans la peur, l'obsession, des morcellements d'âmes et des destins brisés : voilà la matière de ce livre qui, soixante-dix ans après sa genèse, demeure d'une inventivité formelle étonnante. La fulgurance des récits, la puissance ramassée des émotions, l'absence totale de convenance par rapport aux modes littéraires de l'époque, le caractère énigmatique des situations, tout laisse entendre le grand saut que Goliarda Sapienza aura fait vers l'inconnu dès le début de son aventure littéraire. Au lecteur de la suivre dans cette remise en jeu permanente, qui fondera tous ses livres à venir, d'observer ce moment où elle convoque et déploie pour la première fois, magiquement, les motifs de ses obsessions et son désir de liberté. -
Le récit intime du naufrage amoureux et de la dépression de Goliarda Sapienza qui a précédé l'écriture de L'Art de la joie.
Pour qui admire Goliarda Sapienza, il est difficile d'aborder Le Fil de midi sans une émotion profonde, tant ce récit dévoile l'une des périodes les plus douloureuses et capitales de sa vie. En 1962, Goliarda Sapienza a 38 ans et n'a encore rien publié. Elle traverse une crise conjugale au début des années 1960 qui la plonge dans un dénuement qui s'accroit jusqu'en 1962, où elle fait une tentative de suicide. Sauvée, elle subit une cure d'électrochocs de laquelle elle ressort amnésique au point d'avoir oublié la plus grande partie de sa vie durant les dix dernières années. Elle est alors aidée par un jeune psychanalyste. Le Fil de midi se présente comme le récit de cette thérapie et du chaos intime qui traverse Goliarda Sapienza. -
Rendez-vous à Positano est un roman d'amour, un texte dédié à une femme et un lieu. Dans l'après-guerre, Goliarda Sapienza découvre un modeste village hors du temps, niché tout près de Naples : Positano. Elle y fait la connaissance d'Erica, une jeune femme qui allait devenir pendant près d'une vingtaine d'années une soeur d'âme. Longtemps après la disparition de son amie, en 1985, l'écrivaine décide de revenir sur cette histoire pour sauver de l'oubli ce qui fut balayé par le destin.
"Que se réjouissent les admirateurs que l'inoubliable Modesta a entraînés à sa suite dans l'inépuisable Art de la joie. Et que salivent aussi les novices. Nul besoin d'avoir les clés du temple pour accéder à ce nouveau trésor. Puisque Goliarda n'a jamais suivi l'ordre des choses, ils peuvent entrer dans son oeuvre par la porte de sortie. L'éblouissement n'épargnera personne [...]" Marine Landrot, Télérama -
L'Université de Rebibbia est le récit du séjour que fit Goliarda Sapienza dans une prison romaine en 1980. Moment critique dans la vie de l'auteur : après s'être consacrée de 1967 à 1976 à l'écriture du monumental roman L'Art de la joie et avoir fait face à un refus général des éditeurs italiens, c'est une femme moralement épuisée qui intègre l'univers carcéral de Rebibbia, la plus grande prison de femmes du pays. Pour un vol de bijoux qu'il est difficile d'interpréter : aveu de dénuement ? Acte de désespoir ? N'importe. Comme un pied de nez fait au destin, Goliarda va transformer cette expérience de l'enfermement en un moment de liberté, une leçon de vie. Elle, l'intellectuelle, la femme mûre, redécouvre en prison - auprès de prostituées, de voleuses, de junkies et de jeunes révolutionnaires - ce qui l'a guidée et sauvée toute sa vie durant : le désir éperdu du monde.
L'Université de Rebibbia est un nouveau tour de force dans l'oeuvre d'une femme au parcours décidément hors norme. Il fut immédiatement perçu comme un texte important en Italie. Publié par la prestigieuse maison d'édition Rizzoli, le livre fut accueilli avec enthousiasme par la critique et le public. On découvrait avec étonnement une écrivaine déjà âgée, partageant avec drôlerie et férocité son expérience d'une prison qui, pour reprendre ses mots, « a toujours été et sera toujours la fièvre qui révèle la maladie du corps social ».
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Les Certitudes du doute est le récit de la relation passionnelle que Goliarda Sapienza eut, au début des années 1980, avec une jeune femme révolutionnaire rencontrée en prison. Ensemble, elles vont parcourir une Rome secrète et chancelante, prise entre le poids de son histoire et la désolation de la modernité marchande.
Les Certitudes du doute dévoile aux lecteurs une autre facette de Goliarda Sapienza, celle d'une femme éprise, qui fait des rues et des sous-sols romains le théâtre de ses émotions. Après Moi, Jean Gabin, qui narrait son enfance en Sicile, et L'Université de Rebbibia, récit de son séjour carcéral dans la prison de Rome, ce nouveau récit clôt le cycle que Goliarda Sapienza avait intitulé Autobiographie des contradictions.
Le texte témoigne une nouvelle fois de la quête incessante de vérité de Goliarda Sapienza, de son désir permanent de questionner sa vie et le monde qui l'entoure. Ancrée dans son siècle autant que farouchement décidée à échapper aux embrigadements de toutes sortes, elle nous donne une nouvelle leçon de vie.
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L'hymne à l'enfance de Goliarda Sapienza La ville de Catane, en Sicile, au début des années 30. Le fascisme se déploie sur l'île, quand une enfant ressort exaltée d'une salle de cinéma de quartier. Elle a la démarche chaloupée, une cigarette imaginaire au bec et l'oeil terrible. Elle vient de voir le film Pépé le Moko et, emportée par cette incarnation du désir et de l'insoumission, elle n'a désormais plus qu'une idée en tête : être Jean Gabin.
Écrit par l'auteur de L'Art de la joie dans les dernières années de sa vie, à un moment où son oeuvre demeurait méconnue, Moi, Jean Gabin est un étrange roman autobiographique, l'histoire magnifiée d'une enfance dans la Sicile de l'entre-deux-guerres. Véritable testament philosophique, ce livre se révèle être un des plus beaux textes de Goliarda Sapienza, un éloge de la liberté et des rêves qui ont précocement nourri sa vie.
(...) son irrépressible désir de croquer la vie .
Fabio Gambaro, Le Monde.
On se prend d'amour pour la voix de cette femme née artiste de la joie. Clémentine Goldszal, Elle.
Un bijou à partager.
Christine Sallès, Psychologie magazine. -
Si Goliarda Sapienza est connue pour ses romans, et notamment son chef-d'oeuvre L'Art de la joie, ses premiers écrits étaient des poèmes.
Longtemps rejetés par les éditeurs italiens, ce n'est qu'en 2013 qu'ils ont été publiés pour la première fois. Écrits dans les années cinquante, on retrouve dans ces textes imprégnés de mélancolie, de solitude et de désir, la mythologie personnelle de l'auteure et les motifs qui parcourront par la suite l'ensemble de son oeuvre.
C'est dans une édition bilingue que nous proposons aux lecteurs de découvrir Ancestrale, dans l'espoir que ce livre rendra au mieux la singularité et la beauté de la voix de Goliarda Sapienza.
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Acculée par ses contradictions, ses traumatismes et ses peurs, Goliarda Sapienza a décidé de faire face et de se confronter aux chaos de son passé.
C'est cela que nous propose avant tout Lettre ouverte, la conscience d'un conflit intérieur majeur et la volonté de le surmonter. Peu importe si cette aventure oblige Sapienza à couper les ponts avec le monde culturo-bourgeois qui était le sien jusqu'alors, si elle la laisse cloîtrée chez elle, l'écrivaine ira jusqu'au bout :
« Je me trouve maintenant avec les tiroirs ouverts débordant de lettres, de photographies. Des rubans, des chemisiers, des livres en tas en plein milieu de la pièce, par terre?; la porte crucifiée par l'échelle que le concierge m'a prêtée. Je ne pourrai plus sortir. Je resterai ensevelie entre le divan et la porte. » Lettre ouverte a d'abord été publié en 2008 par les éditions Viviane Hamy, au sein d'un recueil intitulé Le Fil d'une vie. Pour cette nouvelle édition, la traductrice a entièrement révisé sa première traduction, forte de sa connaissance des oeuvres découvertes par la suite et des singularités - si grandes - de la langue de Goliarda Sapienza.
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En 1976, Goliarda Sapienza en a fini avec l'écriture de L'Art de la joie : dix ans de sa vie viennent de trouver leur conclusion. Réduite à une grande précarité financière, l'écrivaine ressort de cette aventure épuisée.
Commence alors pour elle, tout d'abord de façon anodine, le projet d'écrire au fil des jours ses pensées dans un carnet. Ce qu'elle ignore, c'est qu'elle poursuivra ce projet durant vingt ans, jusqu'à sa mort en 1996, remplissant ainsi près de 8 000 pages réparties sur plus d'une quarantaine de carnets.
Et c'est un chemin de vie, fuyant l'arrogance des certitudes, qu'elle choisit d'emprunter et que l'on voit se dessiner au gré des pages, à mille lieues de toute sensiblerie : « Si tu ne travailles pas, ça veut dire que tu es une conne comme tant d'autres, qui lisent des choses, en tirent des idées de vie positives et puis n'en font rien. Et toi, Goliarda, l'histoire de Modesta, tu l'as lue, ou pas? Apprends d'elle, et suis ton chemin. » (Carnets, janvier 1979) Exceptionnel par son ampleur et sa vérité, ce journal est désormais considéré comme l'autre grand chef-d'oeuvre de Goliarda Sapienza.
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L'arte della gioia è un libro postumo: giaceva da vent'anni abbandonato in una cassapanca e, dopo essere stato rifiutato dai principali editori italiani, venne stampato in pochi esemplari da Stampa Alternativa nel 1998. Ma soltanto quando uscí all'estero - in Francia, Germania e Spagna - ricevette il giusto riconoscimento. Nel romanzo, tutto ruota intorno alla figura di Modesta: una donna vitale e scomoda, potentemente immorale secondo la morale comune. Una donna siciliana, una «carusa tosta» in cui si fondono carnalità e intelletto, che attraversa bufere storiche e tempeste sentimentali protetta da un infallibile talismano interiore: «l'arte della gioia». Modesta nasce il primo gennaio del 1900 in una casa povera, in una terra ancora piú povera. Ma fin dall'inizio è consapevole, con il corpo e con la mente, di essere destinata a una vita che va ben oltre i confini del suo villaggio e della sua condizione. Ancora ragazzina è mandata in un convento e da lí, alla morte della madre superiora che la proteggeva, in un palazzo di nobili. Qui il suo enorme talento e la sua intelligenza machiavellica, le permettono di controllare i cordoni della borsa di casa, e di convertirsi in aristocratica attraverso un matrimonio di convenienza. Tutto ciò senza mai smettere di sedurre uomini e donne di ogni tipo. Amica generosa, madre affettuosa, amante sensuale, Modesta attraversa la storia del Novecento con quella forza che distingue ogni grande personaggio della letteratura universale.
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Goliarda Sapienza's The Art of Joy was written over a nine year span, from 1967 to 1976. At the time of her death in 1996, Sapienza had published nothing in a decade, having been unable to find a publisher for what was to become her most celebrated work, due to its perceived immorality. One publisher's rejection letter exclaimed: 'It's a pile of iniquity.' The manuscript lay for decades in a chest finally being proclaimed a "forgotten masterpiece" when it was eventually published in 2005. This epic Sicilian novel, which begins in the year 1900 and follows its main character, Modesta, through nearly the entire span of the 20th century, is at once a coming-of-age novel, a tale of sexual adventure and discovery, a fictional autobiography, and a sketch of Italy's moral, political and social past. Born in a small Sicilian village and orphaned at age nine, Modesta spends her childhood in a convent raised by nuns.Through sheer cunning, she manages to escape, and eventually becomes a princess. Sensual, proud, and determined, Modesta wants to discover the infinite richness of life and sets about destroying all social barriers that impede her quest for the fulfilment of her desires. She seduces both men and women, and even murder becomes acceptable as a means of removing an obstacle to happiness and self-discovery. Goliarda Sapienza (1924-1996) was born in Catania, Sicily in 1924, in an anarchist socialist family. At sixteen, she entered the Academy of Dramatic Arts in Rome and worked under the direction of Luchino Visconti, Alessandro Blasetti and Francesco Maselli. She is the author of several novels published during her lifetime: Lettera Aperta (1967), Il Filo Di Mezzogiorno (1969), Universita di Rebibbia (1983), Le Certezze Del Dubbio (1987). L'Arte Della Gioia is considered her masterpiece. Anne Milano Appel, Ph.D., a former library director and language teacher, has been translating professionally for nearly twenty years, and is a member of ALTA, ATA, NCTA and PEN. Her translation of Giovanni Arpino's Scent of a Woman (Penguin, 2011) was named the winner of The John Florio Prize for Italian Translation (2013).
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Le fil d'une vie
Goliarda Sapienza
- Viviane hamy
- Litterature Etrangere Hamy
- 15 Février 2008
- 9782878582673
«Chaque personne a droit à son propre secret et à sa propre mort. Et comment puis-je vivre ou mourir si je ne rentre pas en possession de ce droit qui est le mien ? C'est pour cela que j'ai écrit, pour vous demander de me rendre ce droit. [...] et si je meurs foudroyée par l'éclair de la joie, si je meurs vidée de mon sang par les blessures ouvertes d'un amour perdu que rien n'aura pu refermer, je vous demande seulement ceci : ne cherchez pas à vous expliquer ma mort, ne la cataloguez pas pour votre tranquillité, mais tout au plus pensez en vous-mêmes : elle est morte parce qu'elle a vécu.» La matière de L'Art de la joie est déjà présente dans ces écrits existentiels ; bien de ses éléments transmués aboutiront à cette autobiographie essentielle qu'est tout véritable roman. Où Goliarda Sapienza va mettre en jeu sa propre vie, comme elle la met en jeu ici, directement, avec une intrépidité, une force, un discernement, d'autant plus émouvants qu'ils naissent de la fragilité que nous lui découvrons.
De quels enchantements, de quel chemin plein d'entraves sont issus sa puissance et son art de la joie ? Lisons, pour le savoir, ce double témoignage qui s'offre comme une archéologie de Modesta.
Le Fil d'une vie rassemble Lettre ouverte et Le Fil de midi, deux récits autobiographiques de Goliarda Sapienza, l'auteur de L'Art de la joie paru en 2005 aux Éditions Viviane Hamy.
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In this charming, deeply atmospheric novel set against the dazzling Amalfi Coast of the 1950s, two women form an intense and lasting friendship. Inspired by her own adventurous, unconventional life, actress and writer Goliarda Sapienza''s recently rediscovered novel takes the reader to the sun-drenched town of Positano in southern Italy. There, while working on a film, Goliarda encounters the captivating Erica, a beautiful widow called "Princess" by the locals, who has been the object of much speculation. As the two women grow closer in spite of their different personalities, they gradually reveal more about their thoughts, feelings, and experiences, and the ghosts from their pasts that continue to hang over them. Writing the story of this transformative friendship thirty years later, Goliarda offers a profound reflection on love in its many forms, and opens a window onto an enchanting time and place that lingers in the mind.