À Middlemarch, petite ville de province à l'époque victorienne, les vies se croisent et se lient. Progrès scientifiques, industriels et sociaux s'apprêtent à bouleverser le quotidien. Dorothea Brooke, esprit jeune et libre, en quête d'émancipation, cherche son bonheur dans l'épanouissement intellectuel en épousant l'érudit Casaubon, qui cache mal un manque d'entrain. Tertius Lydgate, médecin idéaliste, s'engage dans une relation avec la vaniteuse Rosamond Vincy et met en péril ses ambitions. Comment s'épanouir au sein d'un mariage voué à l'échec? Peut-on s'affirmer malgré le regard de la société et ses carcans?Entre intrigues entrecoupées et amours contrariées, la grande romancière britannique dresse une fresque sociale sarcastique et une féroce étude de moeurs dans un foisonnement de personnages et de rebondissements. Une exploration grandiose et minutieuse de la nature humaine, de ses illusions et ses tourments, de ses sentiments et son insatiable désir.
George Eliot, de son vrai nom Mary Ann Evans, est l'une des figures dominantes de la littérature anglaise du XIX? siècle. Politiquement «radicale», passionnée de problèmes philosophiques et sociaux, vivant en union libre avec un homme marié, George Eliot incarne aussi le premier refus de la condition «surnuméraire» de la femme et de tous les tabous de la société victorienne. Histoire d'un tisserand, d'un «coeur simple» qui meurt et renaît à l'amour, Silas Marner nous introduit au coeur le plus profond, savoureux et sensible, de l'Angleterre rustique, avec ses commères, ses auberges, ses libertins de village et ses illuminés.
Ce sommet de l'histoire du roman anglais (qui en compte d'ailleurs beaucoup) date de 1860. Le thème principal en est l'amour tragique entre un frère et une soeur, qui se brouillent de longues années pour se réconcilier dans la mort. Entre-temps, la jeune fille a été amoureuse d'un infirme, puis du fiancé de sa cousine : mal lui en prendra. Le meilleur du livre est dans la peinture poétique de l'existence quotidienne la plus humble, dans «le sentiment de la question mystérieuse de la vie humaine et de la vie de la nature, des mystères sublimes auxquels nous participons en le sachant aussi peu que la fleur qui pousse» (Marcel Proust). On aimera ainsi «la nouveauté des images venant d'une vue tendre et neuve des choses».
Ce grand roman politique oppose deux sortes de radicaux réclamant des changements politiques profonds, lors d'une campagne électorale dans l'Angleterre des années 1830 : Harold Transome, riche propriétaire terrien, candidat sous cette étiquette par opportunisme, et Felix Holt, homme du peuple qui n'a pas le droit de vote et dont le radicalisme est un engagement de l'être entier, désireux de changer l'organisation sociale, la répartition des richesses, de redonner à chaque individu une « part d'homme » dans la vie. Les deux hommes se disputent également l'amour d'Esther Lyon, la fille adoptive d'un pasteur.
Dans cette lutte entre ancien et nouveau monde, le mérite personnel l'emportera-t-il sur la naissance, pour signer l'entrée dans le monde démocratique ? La collision des destins personnels avec l'histoire collective est le vrai sujet de ce roman peu connu de l'auteure, traduit pour la première fois en français.
Daniel Deronda (1876) est le dernier roman de George Eliot, la plus grande romancière de l'époque victorienne, connue pour ses positions féministes et la profondeur de ses analyses psychologiques.
George Eliot ne s'y limite plus à l'exploration d'un microcosme géographique et social, mais présente des catégories sociales nouvelles, tout en s'ouvrant largement sur le monde. Située dans un passé proche du temps de la narration, l'histoire est traversée par les mouvements nationalistes de l'époque. Ce roman moderne et cosmopolite, qui entraîne le lecteur de Londres à Gênes en passant par les villes d'eaux allemandes, est aussi un roman expérimental, jouant parfois avec la chronologie, et présentant une synthèse inattendue entre deux intrigues, l'histoire anglaise et l'histoire juive, racontant le destin de deux héroïnes fort différentes, la blonde Gwendolen et la brune Mirah, entre lesquelles le coeur du héros balance.
Le jeune Daniel Deronda, qui a été élevé par son " oncle " en gentleman anglais, se voit attribuer des fonctions de passeur entre deux cultures, entre deux traditions religieuses : le hasard d'une rencontre l'amène à fréquenter la communauté juive de Londres. Son comportement généreux et chevaleresque le rapproche de la petite chanteuse Mirah et de son frère, véritable prophète des temps modernes rêvant d'un retour en Terre Sainte pour son peuple ; mais Daniel reste attaché à la belle Gwendolen, qu'il a vue se précipiter dans un mariage d'intérêt désastreux, tournant au tragique. Dans ce roman novateur, qui, un quart de siècle avant le freudisme, pressent l'existence de territoires non cartographiés de la conscience, le héros est écartelé entre le rôle de confident que Gwendolen veut lui imposer pour échapper à ses peurs et à l'enfer de sa vie conjugale, et la mission qui lui est réservée dans le monde juif.