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CNRS
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Le bonheur ; dictionnaire historique et critique
Michèle Gally, Collectif
- Cnrs
- 14 Novembre 2019
- 9782271088383
C'est que du bonheur ", s'exclame-t-on désormais communément à tout propos !
Mais qu'est-ce que le bonheur ? Un désir, une aspiration ? Une disposition d'esprit, une aptitude que chacun posséderait à des degrés différents, l'humanité se divisant entre optimistes et pessimistes ?
Notre époque, pourtant lourde d'angoisses en l'avenir, semble en effet obsédée par le bonheur. Elle paraît faire de la capacité à être heureux une injonction, un ordre politiquement correct : multiplication de guides et de manuels, créations de clubs et de think tank (" Fabrique Spinoza ", " ligue de l'optimisme "), mise en place de travaux de recherche sur le thème (chaire de sciences du bonheur, Nobel d'économie décerné à Angus Deaton pour ses travaux sur bonheur et croissance).
Ce dictionnaire est donc né d'un étonnement sur la place paradoxale prise par une notion fuyante dès que l'on tente de la fixer historiquement et psychologiquement. Il se veut donc critique. Croisant des points de vue multiples à travers 230 entrées et 92 auteurs, de la philosophie à la littérature, des arts à la sociologie, de l'économie à la psychologie et à la psychanalyse, des neurosciences à l'histoire, etc., il est à la fois instrument de connaissances et invitation à réfléchir sur le contemporain.
L'enjeu de ce dictionnaire réside surtout dans la volonté de questionner les nouveaux clichés sur le bonheur. -
à la croisée des temps : les avatars littéraire du Moyen Âge
Michèle Gally
- Cnrs
- 9 Juin 2022
- 9782271132079
De La chambre des dames à Game of Thrones, d'Umberto Eco à Carole Martinez ou Marc Graciano, mêlant réalisme et fantastique, histoire et légende, aventure et ésotérisme, le Moyen Âge nourrit des oeuvres en tous genres comme autant d'avatars que l'on regroupe désormais sous le terme de « médiévalisme ». C'est à ses diverses actualisations que l'on s'intéresse ici, sans distinguer « grande » et « petite » littérature.
Elaborant une représentation à partir de motifs récurrents, de lieux communs et de figures-types, l'inspiration médiévale nivelle en effet, partiellement, les niveaux d'écriture, et en un sens les unifie. C'est pourquoi, quoiqu'issue du roman historique, la littérature médiévaliste tend à sortir de l'Histoire, et à se fonder sur une a-chronie, recréant un passé qui n'exista jamais. Un passé ouvert à tous les fantasmes, disponible à toutes les projections, offert à tous les rêves. -
Pour les Médiévaux, l'amour est d'abord poésie, puis un code, la fin'amor. L'intelligence de l'amour, selon l'expression du poète dans la Vita Nova, est à la fois savoir d'amour et savoir poétique, qui ensemble conduiront Dante à son « Poème sacré ». Car l'amour, au Moyen Âge, demeure pris entre amour de Dieu et aventures dangereuses du désir. Il ne cesse d'être le thème d'un enjeu entre laïcs et religieux, clergie et chevalerie, poésie et théologie.
Au XIIIe siècle les discours sur l'amour se multiplient, en latin chez les théologiens, en français dans les traductions plus ou moins fidèles de l'Art d'aimer d'Ovide. Plus qu'une réponse inaboutie et toujours reprise à une définition de l'amour, ces dernières indiquent la tentative des clercs pour faire pièce à la fin'amor lyrique. Dans le sillage à la fois des trouvères et d'Ovide se construit alors en deux temps la somme poétique et savante du Roman de la Rose. « Art d'aimer » et « miroir aux amoureux », elle change la donne et propose une alliance : l'aventure amoureuse se fond dans le savoir encyclopédique.
À la fin du XIVe siècle, les Échecs amoureux confirment que la quête amoureuse n'a de sens que d'être quête de connaissance. L'ars amandi se mue en libido sciendi. Quant aux poètes, de Richard de Fournival à Guillaume de Machaut, si leur discours lyrique se fait plus savant, s'ils font désormais entrer le monde dans leurs vers, c'est pour séduire leur dame. L'intelligence de l'amour ne saurait se déprendre de l'intelligence de la poésie.