" Sur ce sentiment inconnu dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. " Ainsi commence Bonjour tristesse, le premier roman d'une jeune femme qui, en 1954, n'a pas encore atteint l'âge de la majorité et vient pourtant d'écrire un livre qui bouleversera des générations entières. " La gloire, je l'ai rencontrée à 18 ans en 188 pages, c'était comme un coup de grisou ", dira-t-elle plus tard, à ce sujet.
Cécile, adolescente insouciante, a passé son enfance en pension. Elle vit depuis deux ans avec son père, Raymond, veuf séduisant et homme à femmes. Cécile mène une existence aisée et oisive, tout en bénéficiant d'une grande liberté. Son père a de nombreuses maîtresses qui n'interfèrent pas dans son quotidien. L'été de ses 17 ans, Cécile, son père, et Elsa, sa compagne du moment, partent en villégiature sur la Côte d'Azur. Raymond a également invité Anne, une femme brillante et belle, amie de son épouse défunte. Très vite, Anne prend en main la vie de Cécile et décide notamment de lui faire travailler son baccalauréat. Anne voit aussi d'un mauvais oeil l'aventure que Cécile vit avec Cyril, un étudiant de passage. Peu à peu, Raymond, désireux de se réformer, délaisse Elsa et devient l'amant d'Anne. Décidé à changer de vie pour elle, il envisage même de l'épouser. Cécile craint alors de perdre sa précieuse liberté. La présence de cette femme intelligente et calme trouble sa délicieuse existence, agitée et futile. Jalouse, elle réussit à convaincre Cyril de simuler une aventure amoureuse avec Elsa. Raymond ne parvient pas à résister à cette provocation. Irrité de voir son ancienne maîtresse se tourner vers un adolescent à peine plus âgé que sa fille, il se retrouve bientôt dans ses bras. Anne les surprend par hasard. Désespérée, elle s'enfuit et se tue dans un accident de voiture. Cécile et son père reprennent alors leur mode de vie frivole, mais la jeune fille souffre à présent d'un sentiment nouveau : la tristesse.
Symbole d'une génération désinvolte et bourgeoise, Bonjour tristesse a non seulement fait scandale dès sa sortie, mais est surtout devenu instantanément un best-seller mondial. Interrogée quelques années plus tard sur ce sujet, Françoise Sagan déclarera : " En fait, j'ai été très surprise de la réaction que ce livre a suscitée. Pour les trois quarts des gens, le scandale de ce roman, c'était qu'une jeune femme puisse coucher avec un homme sans se retrouver enceinte, sans devoir se marier. Pour moi, le scandale dans cette histoire, c'était qu'un personnage puisse amener par inconscience, par égoïsme, quelqu'un à se tuer. "
Elle est belle et sage, on lui prête pourtant toutes les folies. Il est impulsif et fantasque, sa réputation est pourtant celle d'un homme calme et patient.
Sybil et François forment un couple en vue dans le milieu du théâtre parisien. Il y a dix ans, ils se sont juré fidélité. Lorsqu'ils croisent le chemin de Mona Vogel, riche propriétaire du théâtre de l'Opéra, les étoiles s'alignent. Mona, qui a hérité de la fortune de son défunt mari, pourrait financer la pièce traduite par Sybil et qu'ils rêvent de monter ensemble depuis des mois.
Et si, pour cela, François doit répondre à quelques avances de la veuve, pourquoi pas ? Les deux amants sont sûrs de leur amour.
La trahison anéantira pourtant tout sur son passage.
Dans Le Miroir égaré, Françoise Sagan, au sommet de son art, décortique avec minutie la destruction d'un couple et l'anéantissement du sentiment amoureux dans un roman sublime et cruel.
Comme bien des femmes de sa génération, Fanny voyait des protecteurs dans ses amants, idée disparue depuis belle lurette. Châteaux, cours, collines, ciel bleu pâle, fin d'été, la Touraine déroulait ses charmes. « Que la France est belle, pensait Fanny, et que mon amour est beau... » Ludovic était derrière elle, l'avion sentait la bruyère, et le seringa, survolé d'assez près pour qu'on le respire. À un moment, Fanny fut envahie d'un désir si vif, dû à un souvenir si précis de Ludovic, qu'elle se tourna vers lui, et se détourna aussitôt, sans l'avoir même touché du bout des doigts. Cet empêchement, cette impossibilité, serait un des souvenirs les plus sensuels de sa vie amoureuse.
Les Quatre Coins du coeur est le dernier roman de Françoise Sagan. Subtil, résolument libre, empreint de son immense maîtrise, irrigué par sa passion des sentiments et de leur altérité. L'intelligence, le cocasse, cette élégance qui lui permet de passer sur les drames de manière si vive et si concise, tout se rencontre et nous permet de revisiter une vie de Sagan à laquelle rien ne manque dans ce roman inachevé, brut et bouleversant.
Paula, la quarantaine, est la maîtresse de Roger. Mais ce dernier veut préserver sa liberté. Elle succombe alors aux avances d'un jeune Américain. Comment passer sans souffrance du rang de " jeune femme au rang de femme jeune " ?
Sébastien et Éléonore, frère et soeur, complices inséparables, la quarantaine proche, se retrouvent à Paris. Également beaux et blonds comme il se doit, les voici nonchalamment installés dans un meublé de hasard, parfaitement désargentés et parfaitement disponibles.
Presque aussitôt, se pressent autour d'eux Nora, une Américaine aussi riche que mûre, Bruno, jeune premier du cinéma français, Robert, un célèbre imprésario...
Pour une fois la petite musique prend des tonalités cinglantes, froides et personnelles. Sagan prend parti pour l'un ou l'autre de ses personnages et nous livre ses points de vue sur leur vie et la sienne. Elle nous offre ses sentiments sur les critiques de ses livres, sur ce qu'elle pense elle-même de sa « petite musique », elle nous parle de sa vie et se met en scène comme rarement. Elle utilise le « je » pour justifier ses choix et lui redonne, dans une pirouette finale, son statut romanesque.
Une très grande oeuvre.
Lucile est entrenue par son amant, Charles, plus âgé qu'elle et fortuné. Elle rencontre Antoine, un jeune homme désargenté dont elle s'éprend. Parviendra-t-elle à renoncer au confort d'une vie aisée pour connaître enfin le véritable amour
Selon la définition classique, un aphorisme est une sentence énoncée en peu de mots, résumant l'essentiel d'une théorie, d'un principe, d'un système de valeurs, ou d'une pensée. En littérature, c'est avant tout une figure de style. En parcourant l'oeuvre de Françoise Sagan, on est à la fois stupéfait et enchanté de découvrir combien ces petites phrases sont nombreuses, que ce soit dans ses romans, son théâtre et ses nouvelles, aphorismes dont l'éclosion, au détour d'un paragraphe, explique certainement le si grand bonheur de lecture que nous procure encore cette styliste hors pair. Françoise Sagan égrenait-elle sciemment dans ses ouvrages ces formules au ciselage impeccable ? Ou bien ces aphorismes cachés étaient-ils tout simplement la marque d'une tournure de pensée naturellement douée de furlgurances ? Sur le thème de l'amour, de l'argent, du jeu, de la gloire, du bonheur ou de la mort, Denis Westhoff a recensé plus de 230 citations provenant des ouvrages de sa mère, Françoise Sagan, qui sont autant de traits d'esprit, de perceptions justes, drôles, toujours à propos, montrant, au-delà de son talent de plume qu'elle était non seulement une tête penseuse, mais une femme d'une modernité et d'une liberté hors du commun.
« Chère Véronique, Ton coup de téléphone m'a enchantée. Figure-toi que je rentrais juste à 5h30 du matin, sur la pointe des pieds lorsque le téléphone a sonné. Comme il est dans ma chambre, j'ai pensé que mon père allait arriver et, me voyant tout habillée, m'engueuler. Aussi, me suis-je jetée tout habillée avec mon manteau sous les draps et les draps sur le nez ; j'ai parlé à mon père. Après je t'ai parlé et me suis relevée en riant aux éclats, déshabillée et recouchée. Quand rentres-tu ? Il s'est passé des choses notables ici, pas tellement sur le plan sentimental d'ailleurs mais sur le plan travail. J'en suis à la page 112 dactylographiée et n'aurai pas fini avant 50 pages, je crois. Claude Roy, l'éminent critique littéraire, l'a lu et m'en a dit fort grand bien. Bref, je suis enchantée, et ne fais que ça. Le seul ennui c'est que Guy Scheler ressemble à Luc (le héros). Et que tout se mélange agréablement, la vie dépassant la fiction, comme tu le sais. Dieu sait où tu es, ce que tu fais ? N'es-tu pas enceinte au moins ? Si tu reviens vite, je m'occuperai de toi, sinon reviens vite quand même. Je m'ennuie de toi, mon vieux, c'est fou. Tu me trouveras changée, beaucoup plus drôle sans doute. Enfin rentre et dépêche-toi, la plaisanterie a assez duré ! Vive la rue de Constantinople (je t'aiderai à passer les premiers pénibles jours de ton retour).
Kiki Françoise ».
Voici le ton de la correspondance de la jeune Françoise Sagan à son amie chère, Véronique Campion. Après la publication de Bonjour Tristesse en 1954, Sagan découvre à dix-neuf ans le succès, le milieu littéraire et l'Amérique lors de la tournée mondiale organisée autour de son livre. Elle écrit ses émois, ses voyages et ses rencontres à coup de lettres enflammées et de télégrammes espiègles adressés à son amie restée en France. Cette correspondance joyeuse, mutine, adorable, fait déjà résonner la « petite musique » de tous les livres à venir. Une publication inédite qui donne à voir une nouvelle facette de l'écrivaine.
Dominique, jeune étudiante, s'ennuie avec son petit ami Bertrand. Ce dernier lui présente son oncle Luc, marié à Françoise. La jeune fille se sent immédiatement attirée par cet homme, bien qu'elle éprouve aussi de l'amitié pour sa femme.
Françoise Sagan n'a voulu se souvenir que des moments heureux et que des gens qu'elle a aimés. C'est ce qui rend ce livre si sympathique et ce qui a fait son succès auprès du public et de la critique. Billie Holiday, Orson Welles, Jean-Paul Sartre, Carson McCullers, Marie Bell, Rudolf Noureev, Tennessee Williams... Autant de portraits et d'histoires inoubliables.
À bord du Narcissus, la croisière organisée en l'honneur de la diva Dorriaccie revêt des allures de drame amoureux. Des passions secrètes se tissent au sein de la cohorte de bourgeois réunis et rompent la tranquillité mondaine. Il y a Olga Lamouroux, starlette française, dernière protégée du cinéaste Simon Béjart ; la riche Edma Bautet-Lebrêche et son ennuyeux mari Armand ; Julien Peyrat, commissaire-priseur plein de charme ; le jeune Andréas Fayard, gigolo professionnel et enfin, Éric Lethuillier, à la tête d'un journal « de gauche », accompagné par sa timide épouse Clarisse. Sous l'emprise de son mari, cette dernière tente vainement de dissimuler sa fragilité sous un maquillage outrancier. Elle est « la femme fardée » qui intrigue autant qu'elle émeut. Alors qu'Éric s'affiche publiquement en compagnie d'Olga, Clarisse succombe à la passion adultère dans les bras de Julien. La tension monte et les poses mondaines, insuffisantes à dissimuler les sentiments abjects, deviennent aussi tristes que burlesques. Scandés par des airs d'opéra, les masques tombent les uns après les autres, faisant retentir une seule question : l'orgueil bourgeois laisse-t-il une chance à l'amour ?Dans La femme fardée, c'est le drame qui affleure à chacune des pages. Sans jamais éclater, la tension est palpable et ne connait pour unique catharsis que la musique, parfois lascive, souvent violente.
On y retrouve le ton enlevé et décapant de Françoise Sagan. Avec un regard amer sur les hautes sphères bourgeoises, elle offre une satire sociale au vitriol. C'est sous une lumière des plus incisives qu'on y lit les thématiques chères à l'auteur : celles de l'amour, du bonheur, et de la fragile désinvolture qui en ont fait sa gloire.
Durant la Seconde Guerre mondiale, quatre Parisiens, issus de la jeunesse dorée, fuient la capitale. À la suite d'un accident de voiture, ils doivent se réfugier chez des paysans. Le choc culturel entre les deux mondes est source de conflits impitoyables et irrésistibles.
« Je n'ai jamais voulu écrire l'histoire de ma vie. D'abord parce qu'elle concerne, heureusement, beaucoup de gens vivants, et ensuite parce que ma mémoire est devenue complètement défaillante : il me manque cinq ans par-ci, cinq ans par-là, qui feraient croire à des secrets ou des cachotteries également inexistants. À y penser, les seuls jalons de ma chronologie seraient les dates de mes roman les seules bornes vérifiables, ponctuelles, et enfin presque sensibles de ma vie.
De plus, que l'on me croie ou pas, je n'ai jamais relu mes livres, sauf Dans un mois, dans un an, unique lecture traînant dans un avion. Je le trouvais pas mal, d'ailleurs. Mais depuis, rien. On me parle d'un personnage on me jette à la tête des prénoms, des scènes, des moralités bien lointaines. Ce n'est pas la qualité de mes oeuvres qui m'amène à cet autodédain, mais la conscience que de nombreux livres m'attendent encore sur quelque étagère, des inconnus que je n'aurai sûrement pas le temps de lire avant ma mort. Alors relire un livre de moi (moi qui en connais la fin, en plus), quel temps perdu ! ».
Cette autobiographie sensible, drôle et désabusée de Françoise Sagan prend la forme d'une liste de ses romans. Le paysage de son oeuvre l'entraîne dans une flânerie mélancolique entre « profils perdus », « chagrins de passage », « lits défaits » et « bleus à l'âme ». À travers ce regard jette « derrière l'épaule », c'est toute la vie de l'écrivaine qui resurgit : les années Saint-Germain-des-Prés, ses amours, ses maisons, ses voyages. Un texte immanquable pour tous les amoureux de Sagan.
Gilles est un brillant journaliste parisien lorsqu'une dépression le surprend. Il décide de quitter le Paris cynique et rieur pour se reposer auprès de sa soeur dans le Limousin. C'est là-bas qu'il rencontre Nathalie Sylvener, une femme magnifique, entière, sincère qui tombe instantanément amoureuse de lui.
Elle quitte tout, emménage à Paris dans son petit appartement, se livre à lui sans retenue, sans cynisme et ne lui demande que d'en faire autant. Mais Gilles, qui croit lui aussi être amoureux, se rend compte que cette existence trop exclusive, trop passionnelle, l'ennuie. Nathalie l'avait pourtant prévenu, elle resterait avec lui jusqu'à ce qu'il lui demande de s'en aller.
Pour une fois dans un livre de Sagan, le personnage féminin est sans détours, sans mensonges, la femme d'une seule passion. Les dialogues sont purs, émouvants. Dans ce roman simple et complexe à la fois, on retrouve cette musique, ce phrasé, cette élégance des gens tristes, ce style enlevé, léger, joyeux et mélancolique si propres à Sagan.
Un roman sur l'amour absolu, l'amour unique, dont chacun rêve.
Un roman grave et lucide où Sagan explore les sentiments extrêmes et pousse ses personnages dans leurs plus secrets retranchements, avec l'acuité d'analyse d'une grande romancière.
Une vraie redécouverte, un vrai plaisir.
Un peu de soleil dans l'eau froide fut adapté au cinéma en 1971 par Jacques Deray et Françoise Sagan.
Voici ici rassemblées, pour la première fois, 99 chroniques (dont certaines jamais publiées depuis leur parution originale) que Françoise Sagan a écrites entre 1954, date de la sortie et du succès mondial de Bonjour tristesse, et 2003, un peu avant sa disparition.
Dès 1954, Hélène Gordon-Lazareff, qui dirige alors le journal Elle, lui propose d'écrire des récits de voyage. Puis, L'Express l'envoie à Cuba, dans les salles obscures pour Hiroshima, mon amour d'Alain Resnais ou encore au procès de l'Algérienne Djamila Boupacha... Elle collabore ainsi avec de nombreux autres journaux : Femme, Le Nouveau Fémina, Playboy, L'Humanité, Globe, Vogue, Égoïste...
Avec ces textes piquants, érudits, généreux et engagés, François Sagan nous dévoile ses coups de coeur, ses indignations, ses admirations et ses amitiés. Dans ces Chroniques, le lecteur retrouvera les mots, la justesse et cette légèreté apparente qui révèlent l'intense acuité d'un de nos plus grands écrivains.
Denis Westhoff
Il est des moments dans la vie où un rien suffit à faire basculer le destin, où pour moins que rien, un regard, un mot, un paysage, l'homme tranquille se dégoûte soudain de sa tranquillité, la femme fatale rencontre la fatalité, celui qui va tuer se détourne de sa vengeance, celle qui était décidée à quitter son amant l'épouse.
Il y a, dans ces dix-neuf récits de Françoise Sagan, une douceur amère qui prend au coeur. Douceur d'autant plus angoissante que les personnages mis en cause sont presque tous des gens comblés. Non pas de ces hommes et de ces femmes qui se prêtent à une pitié facile, mais de ceux qu'on envie pour leur apparent bonheur.D'un doigt léger, sans avoir l'air d'y toucher, Françoise Sagan gratte cette apparence, cette croûte, l'arrache, et voici devant nous, fragiles, inquiets, des gens comme les autres, et si seuls. Car c'est la solitude qui relie entre eux ces récits, pèse sur chacun d'eux. Une solitude que parfois, d'une pirouette, l'auteur attrape pour l'épingler au mur et nous la donner à contempler, dans un sourire. Et ce sourire, c'est la détente, la note de charme, une façon de laisser entendre que la vie et les hommes, au fond, ce n'est pas si sérieux... Des yeux de soie qui caressent et rassurent, mais quel désespoir cachent-ils ?
Charles Sambrat n'aimait pas la guerre. En mai 1942, il dirigeait tranquillement son usine dans le Dauphiné et meublait ses loisirs d'aventures faciles. Jérôme, son ami, son complice, son contraire, luttait contre les nazis, organisait des filières d'évasion. Son arrivée à l'improviste, en compagnie d'Alice, belle et dévorée d'angoisse, va jeter Charles dans une autre vie. Il lui faudra conquérir Alice qui a provoqué chez lui un amour total, la protéger lorsqu'elle devra prendre les plus grands risques dans le réseau que dirige Jérôme et l'arracher à la jalousie et à la fureur de son ami. C'est dans la tragédie de la guerre une comédie à trois personnages - trois portraits inoubliables - où Françoise Sagan met à l'amour un A majuscule tout en sachant que le petit «h» de l'histoire détermine tout.
L'accident se produit de nuit, sur une route côtière de Santa Monica. Sans raison apparente, un jeune homme se jette sous les roues de la Jaguar de Dorothy Seymour, scénariste hollywoodienne, que conduit Paul, son amant et ami. Dorothy, qui a dépassé la quarantaine, est une femme libre, gaiement amorale et sans illusions sur tous les plaisirs de la vie. Elle décide d'installer le jeune blessé chez elle. Cet étrange Lewis lui voue bientôt une adoration exclusive. Sous les yeux tolérants et étonnés de Paul, une relation amoureuse ambiguë naît entre ces deux êtres. Peu à peu, Dorothy laisse Lewis envahir agréablement sa vie. Mais la situation commence à se compliquer lorsque ce dernier, pris d'une sorte de folie protectrice, entend éliminer, par tous les moyens, tous ceux qui pourraient nuire à sa bienfaitrice
Peut-on s'approprier l'objet de son amour, l'emprisonner, le tenir à sa merci ?
Vincent étouffe depuis des années auprès de sa femme Laurence, grande bourgeoise fortunée, intelligente sans esprit, belle sans charme, passionnée sans tendresse. Lui est musicien sans ambition mais non sans talent. Seule sa faiblesse lui permet de supporter sa captivité. Mais un jour, sous ses doigts de pianiste, naît une mélodie qui le rend riche et célèbre dans le monde entier. Libre ? Pas pour longtemps, car la geôlière ne lâche pas sa proie
Josée a épousé Alan parce qu'il était beau, américain, riche, et qu'elle l'aimait. Mais aujourd'hui, dans le farniente et le désastre de leur séjour en Floride, elle découvre ses névroses, sa jalousie maladive, son alcoolisme, et le jeu pervers dans lequel il l'entraîne. Aime-t-elle cet homme trop fragile qui menace de se tuer si elle le quitte ? Comment lui échapper ? Comment poursuivre ce « cauchemar tendre », mettre fin à cette histoire épuisante ? Josée saisit alors le premier prétexte pour rentrer à Paris.
Les êtres s'entredévorent. Françoise Sagan montre une femme en lutte contre le vampirisme moral et physique d'un faible. Si elle n'y prend pas garde, il sera trop tard.
Les Maligrasse, éditeurs parisiens, reçoivent beaucoup à Saint-Germain des Prés. Alain, le maître de maison, aime en secret une comédienne en quête de gloire. Bernard, romancier velléitaire, tente en vain de séduire une fille insaisissable. Le jeune Édouard, conquérant provincial et désarmé, perd son amour aussitôt qu'entrevu. Et tous, dans l'ivresse des plaisirs mondains, de poursuivre des rêves illusoires tout en faisant le malheur de leurs proches.
L'oeuvre de Françoise Sagan est légère, nonchalante, cruelle. On joue, on ment, on s'ennuie, on souffre. Un jour, dans un mois ou dans un an, ses personnages auront cessé d'aimer. Et ils seront à nouveau seuls. Oubliées l'amertume et la tristesse, ils repartiront à la chasse au bonheur.
« J'étais jeune, un homme me plaisait, un autre m'aimait. J'avais à résoudre un de ces stupides petits conflits de jeune fille ; je prenais de l'importance. Il y avait même un homme marié, une autre femme, tout un petit jeu de quatuor qui s'engageait dans un printemps parisien. Je me faisais de tout cela une belle équation sèche, cynique à souhait. De plus, j'étais remarquablement bien dans ma peau. J'acceptais toutes ces tristesses, ces conflits, ces plaisirs à venir, j'acceptais tout d'avance avec dérision.
Je lus, le soir tomba. Je posai mon livre, appuyai ma tête sur mon bras, regardai le ciel passer du mauve au gris. Je me sentis soudainement faible et désarmée. Ma vie s'écoulait ; je ne faisais rien, je ricanais. Quelqu'un contre ma joue, que je garderais ; que je serrerais contre moi avec la déchirante violence de l'amour. Je n'étais pas assez cynique pour envier Bertrand, mais assez triste pour envier tout amour heureux, toute rencontre éperdue, tout esclavage. Je me levai et sortis. » Françoise Sagan, Un certain sourire.